Reportage "On n'a rien du tout, on n'a plus d'argent" : les salariés de Novasco, ex-Ascometal, craignent pour l'avenir de l'aciérie menacée de liquidation

À Hagondange, en Moselle, 450 postes sont menacés, alors qu'une conciliation est en cours pour Novasco, qui pourrait être placé en liquidation judiciaire.

Article rédigé par Louise Buyens
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des salariés se relaient depuis le 22 juillet pour bloquer l'accès au site de Novasco à Hagondange, en Moselle. (LOUISE BUYENS / FRANCEINFO)
Des salariés se relaient depuis le 22 juillet pour bloquer l'accès au site de Novasco à Hagondange, en Moselle. (LOUISE BUYENS / FRANCEINFO)

Les grévistes se relaient depuis 48 heures, jour et nuit, devant le site principal de Novasco, ex-Ascometal, à Hagondange, en Moselle. Ils ont commencé à bloquer l'entrée mardi 22 juillet pour alerter sur la menace de liquidation judiciaire qui plane sur le groupe, un an seulement après sa reprise et son sauvetage in extremis par le fonds britannique Greybull Capital.

Une procédure de conciliation se termine jeudi 24 juillet. Ensuite, le tribunal de commerce de Strasbourg peut décider de placer l'entreprise en redressement ou la placer tout de suite en liquidation judiciaire. En tout, 750 emplois sont menacés sur quatre sites : Hagondange en Moselle (450 emplois menacés), Leffrinckoucke dans le Nord, Custines en Meurthe-et-Moselle et Saint-Etienne dans la Loire. 

Comme Alexandre, vingt ans d'expérience sur le site de Hagondange, quelques dizaines de salariés sont installées près d'un barbecue encore fumant, se remémorent le passé : "J'ai commencé en tant qu'opérateur et j'ai fini assistant technique avec le chef de poste, on va dire. En 20 ans, c'est sûr, on a construit une partie de sa vie en fait. On a rencontré pas mal de collègues, on a eu pas mal d'affinités avec beaucoup..."

Un carnet de commandes rempli selon la CGT

Ils bloquent leur usine, déjà à l'arrêt, pour ne pas laisser sortir les matières premières et les stocks. Les dernières choses qui ont de la valeur ici, puisque les caisses de l'aciérie sont presque vides. Le fonds britannique qui a racheté Novasco l'an dernier, n'a investi qu'un million et demi d'euros sur les 90 promis.

Yann Amadoro, délégué CGT est d'autant plus en colère que le carnet de commandes est rempli. "On a un manque de financement, un manque d'investissement sur nos outils, qui fait qu'on n'est pas en capacité de répondre aux commandes", déplore le syndicaliste.

"Ça fait quatre fois qu'on change de main en douze ans. À chaque fois qu'on a eu un nouveau repreneur, il n'a pas rattrapé le retard d'investissement qu'il y avait."

Yann Amadoro, délégué CGT

à franceinfo

Greybull reconnaît qu'il n'avait pas mesuré l'ampleur des investissements réalisés. Pour la CGT, c'est tout un savoir-faire qui risque de disparaître. "Il n'y a aucune école qui vous apprend à fabriquer de l'acier. C'est un savoir-faire qui est transmis de génération en génération, déplore Yann Amadoro, délégué CGT. Il y a un discours au niveau du gouvernement de dire 'il faut préserver l'industrie et en particulier l'industrie de l'acier', et en même temps, on voit des boîtes comme la nôtre qui sont en train de couler."

L'État, qui a soutenu ce projet en prêtant 85 millions d'euros, n'a pas contrôlé Greybull, c'est tout le problème pour David, soudeur depuis sept ans chez Novasco. "L'État nous avait dit que Greybull serait sûr, qu'ils verraient dans la longévité. Mais on n'a rien du tout, on a plus d'argent pour pouvoir faire." Le ministère de l'Économie assure que la mobilisation est maximale pour trouver un repreneur. Il espère des offres d'ici à la fin du mois. Sinon, ce sont plus de 4 200 emplois directs et indirects qui sont menacés dans l'Est, le Nord et la Loire.

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