Reportage "C'est clair et net, on sait où va l'argent" : dans l'Aisne, cette commune affiche le coût réel des services publics

La mairie de Château-Thierry a décidé de sensibiliser les habitants en affichant sur des panneaux le prix de plusieurs services publics comparé à leur véritable coût pour la collectivité locale.

Article rédigé par Laurine Benjebria
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un montage photo de visuels sur la campagne d’information de la communauté d'agglomération de la région de Château-Thierry (Aisne) sur le coût réel des services publics. (COMMUNAUTE D'AGGLOMERATION DE LA REGION DE CHATEAU-THIERRY)
Un montage photo de visuels sur la campagne d’information de la communauté d'agglomération de la région de Château-Thierry (Aisne) sur le coût réel des services publics. (COMMUNAUTE D'AGGLOMERATION DE LA REGION DE CHATEAU-THIERRY)

Savez-vous réellement combien coûtent vos services publics, comme les transports en commun ou la crèche ? Le coût réel des services publics est souvent ignoré par les Français. Alors pour sensibiliser les habitants, la commune de Château-Thierry (Aisne) a lancé en avril dernier une campagne de transparence en affichant sur des panneaux le prix d'un ticket de bus, d'une heure de garde en crèche et leur véritable coût pour la collectivité locale. Un exercice pédagogique qui permet aux habitants de mieux comprendre à quoi servent leurs impôts.

Alors qu'elle déambule entre les étals du marché, Aurélie, 35 ans, découvre avec étonnement la campagne de communication. "Une heure de crèche, 1,50 euro en tarif famille en moyenne, et coût réel, 13,53 euros... Il y a un bel écart !, lance-t-elle. Passé la surprise, cette mère de quatre enfants réalise petit à petit ce que représente ce coût : "Il faut rémunérer tout le personnel, les prix des repas ne sont pas excessifs..."

Une prise de conscience que salue Didier, retraité de 77 ans. Cet ancien fonctionnaire est agacé d'entendre à tout bout de champ les critiques sur le service public. "Ça fait du bien des campagnes de sensibilisation, ça replace l'église au centre du village de temps en temps, estime-t-il. Ça informe les citoyens puis ça les responsabilise, [pour] ne pas abuser des services publics, de ne pas rouspéter."

La gratuité a en réalité un coût

Ces tensions, Manu en a subi régulièrement depuis que le prix d'un ticket de bus a augmenté de 30 centimes. Alors, face aux plaintes de ses passagers, ce conducteur fait lui aussi preuve de transparence. "Si on me dit que c'est trop cher, je préfère leur dire le coût de l'agglomération, qui est de 11,79 euros pour un billet de 1,5 euro, raconte-t-il. Là, ils comprennent. Je trouve que c'est très bien, c'est clair et net, on sait où va l'argent."

C'est tout l'objectif de cette campagne, assure le président de la communauté d'agglomération de Château-Thierry et maire de la ville. Sébastien Eugène rappelle que, même quand ils paraissent gratuits, les services publics ont un coût : "Lorsque vous avez un parc, vous avez de l'entretien, surtout en cette période printanière où l'herbe pousse vite. Avec cet impôt, on peut financer les campagnes de tonte."

"Quand il y a des augmentations des services fournis par le secteur privé, ça ne pose pas de difficulté. Mais dès que les collectivités osent un peu augmenter, ne serait-ce que du montant de l'inflation, leurs tarifs, il y a souvent une levée de boucliers."

Sésbastien Eugène, maire de Château-Thierry

à franceinfo

"Pour le transport public, l'essence a beaucoup augmenté, les salaires des chauffeurs ont légitimement augmenté, ce qui entraîne des coûts supplémentaires", ajoute l'édile.

Par ailleurs, l'impôt sur le revenu pour lequel les Français sont en train de faire leur déclaration "n'est pas perçu par les collectivités. Pour une communauté d'agglomération, l'impôt qui est reçu est principalement de la taxe foncière des particuliers et les taxes sur les entreprises, continue Sébastien Eugène. Ça permet de financer le transport collectif, les écoles de musique, le ramassage des déchets, l'entretien des bâtiments publics, etc. Pour une mairie, l'impôt vient financer tous les services liés aux écoles primaires (entretien des bâtiments, les repas, le périscolaire), ou encore le soutien aux associations culturelles et sportives."

"Se prémunir d'un discours populiste"

En tout cas, cet exercice pédagogique de transparence se révèle aussi efficace pour les élus, s'étonne le maire. "Lorsque vous êtes élu, vous raisonnez à une échelle globale, poursuit-il. Le budget transports représentait 3,5 millions d'euros, vous rapportez rarement cela au nombre de tickets réellement vendus, relève-t-il. Ce qui est intéressant, c'est de faire preuve de pédagogie, d'autant plus qu'il y a une campagne électorale dans un an pour les élections municipales. On va avoir une surenchère de propositions, donc il faut absolument se prémunir d'un discours populiste."

Et cette initiative séduit au-delà de Château-Thierry : plusieurs collectivités, dont l'agglomération de Cholet, ont contacté les services de l'agglomération pour s'en inspirer.

Dans l'Aisne, la commune de Chateau-Thierry affiche le coût réel des services publics. Reportage de Laurine Benjebria

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