Vous avez l'impression que votre taxe foncière augmente chaque année ? Franceinfo vous dévoile comment cet impôt local payé par 33 millions de propriétaires immobiliers (dont 31 millions de particuliers) a évolué dans votre commune depuis une dizaine d'années. Alors que la date butoir approche pour le paiement de la taxe foncière 2025, nous avons passé en revue les taux d'imposition que l'administration fiscale publie chaque année (lire notre méthodologie en bas de l'article), et qui ont permis, en 2024, de récolter 53,6 milliards d'euros.
Le résultat, visible sur la carte ci-dessous, montre une forte hausse dans la plupart des communes du pays entre 2014 et 2024, la dernière année renseignée. Sur cette période, l'augmentation est de 37,3% en moyenne sur l'ensemble de la France, et elle dépasse même les 45% dans une commune sur cinq.
Dans la majorité des cas, les hausses s'expliquent principalement par l'envolée du coût de la vie constatée ces dernières années. Car la taxe foncière est indirectement indexée sur l'inflation. La hausse des prix est répercutée chaque année sur les valeurs locatives, c'est-à-dire le loyer théorique attribué par l'Etat à chaque bien immobilier, et sur lequel sont ensuite appliqués les taux d'imposition décidés par les collectivités territoriales. Résultat : entre 2014 et 2024, l'ensemble des valeurs locatives ont été majorées de 23,47%.
Mais au-delà de l'inflation, la taxe foncière est aussi le produit des taux d'imposition votés par les élus locaux dans les communes et les intercommunalités. Ces taux sont répartis en plusieurs catégories, en fonction de leurs bénéficiaires : les communes, les intercommunalités, les syndicats intercommunaux, ainsi que des organismes spéciaux (comme la société du Grand Paris en Ile-de-France). Les départements ont également été destinataires d'une partie de la taxe foncière jusqu'en 2020. Mais depuis 2021, leur part a été récupérée par les communes en compensation de la suppression de la taxe d'habitation sur les résidences principales.
De fortes hausses en Ile-de-France
D'après les calculs de franceinfo, les hausses les plus importantes concernent des communes de Mayotte, où la taxe foncière a explosé en moyenne de 285% en dix ans. Le record revient à la commune de Pamandzi, avec une multiplication par huit en dix ans. Un phénomène qui s'explique par la situation particulière de ce territoire devenu le 101e département français en 2011 et où la fiscalité locale a été très difficilement mise en place à partir de 2014.
En cause, notamment, des cadastres incomplets qui ne permettent pas aux administrations locales de prélever l'impôt uniformément auprès de leurs habitants. "Il y a une anarchie au niveau cadastrale qui provoque un chaos foncier à Mayotte et qui rend la fiscalisation très bancale", confirme Estelle Youssoupha, députée de la première circonscription de Mayotte, à franceinfo.
Dans l'Hexagone, c'est en Ile-de-France que l'addition est la plus salée, notamment à Paris, où la taxe foncière a bondi de 88% entre 2014 et 2024. Cette évolution est principalement due à la décision prise en 2022 par la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, d'augmenter de plus de 50% le taux d'imposition dans la capitale.
La municipalité avait justifié ce choix en fustigeant un désengagement et un manque de soutien financier de l'Etat, alors que le budget de la Ville de Paris était plombé par l'envolée des prix de l'énergie et l'impact de la crise du Covid-19. Les oppositions avaient quant à elles vivement dénoncé un reniement de la part de la maire de la capitale, qui s'était engagée à ne pas augmenter les impôts locaux pendant la campagne des municipales de 2020.
Ces rares exceptions où l'impôt a baissé
Parmi les autres départements les plus lourdement imposés, figure également celui des Yvelines, où les taxes foncières ont augmenté en moyenne de plus de 76% en dix ans. Dans ce territoire de l'ouest francilien, certains propriétaires ont vu leur impôt plus que doubler, comme à Achères, où la taxe foncière a bondi de 139%.
Le résultat, entre autres, des difficultés financières de la commune et de l'intercommunalité, qui ont conduit à une hausse de 50% des taux d'imposition en 2022. "C'est la survie de la ville d'Achères qui est en cause", avait alors déclaré le maire divers droite de la ville, Marc Honoré, dans des propos rapportés par le site 78actu.fr.
En marge de toutes ces hausses, il reste tout de même une petite poignée de communes qui se distinguent par une taxe foncière qui a... baissé entre 2014 et 2024. Elles sont au nombre de 55, sur près de 35 000, soit seulement 0,02%. En tête de ces très rares exceptions, on trouve la commune de Montreuil-en-Auge, dans le Calvados. Dans ce petit village de 65 habitants, la taxe foncière a fondu de 84%, grâce notamment à de nouveaux revenus tirés de la location de biens détenus par la municipalité, comme le relatait le journal local Le Pays d'Auge , en 2023. "On sait que ce schéma n'est pas reproductible partout, c'est un cas très spécifique, on a eu une opportunité. On ne souhaite absolument pas faire la leçon aux autres maires", avait alors tempéré le maire divers droite, Xavier Charles.
Méthodologie
Pour réaliser ce travail, franceinfo s'est appuyé sur les fichiers de recensement des éléments d'imposition à la fiscalité directe locale (REI) mis en ligne par la Direction générale des finances publiques (DGFIP). Ces bases de données contiennent le détail des taux d'imposition appliqués dans les communes et les intercommunalités.
Nos calculs sont réalisés en prenant en compte l'évolution des valeurs locatives, qui sont majorées chaque année par l'Etat en fonction de l'inflation constatée l'année précédente, ainsi que l'ensemble des taux d'imposition qui composent la taxe foncière sur les propriétés bâties :
- taux communaux
- taux intercommunaux
- taux départementaux (intégrés aux taux communaux à partir de 2021)
- taux des syndicats de communes
- taux des taxes spéciales
- taux de la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi)
Nous n'avons en revanche pas pris en compte la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (Teom). Bien qu'elle soit payée avec la taxe foncière, la Teom est un impôt distinct de celle-ci.
Par ailleurs, les communes intégrées à de nouvelles communes entre 2014 et 2024 ne sont pas renseignées sur notre carte. De même pour les communes nouvellement créées qui n'existaient pas en 2014.
Rédaction : Mathieu Lehot-Couette
Développement : Valentin Pigeau
Illustration : Héloïse Krob
Relecture : Nicolas Buzdugan
Supervision éditoriale : Julie Rasplus, Benoît Zagdoun, Simon Gourmellet
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