Logements : la Cour des comptes pointe 70% d'anomalies dans les DPE et préconise une carte professionnelle pour les diagnostiqueurs

L'évolution de ce dispositif réglementaire rendu obligatoire en 2021, n'a pas été suffisamment anticipée, regrette la Cour. Si la fraude caractérisée semble marginale, de nombreuses anomalies ont été constatées parmi les entreprises qui effectuent les diagnostics.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le DPE (diagnostic de performance énergétique) permet d'estimer la consommation d'énergie d'un logement ou d'un bùtiment, et d'évaluer ainsi son impact écologique. (THIBAUT DURAND / MAXPPP)
Le DPE (diagnostic de performance énergétique) permet d'estimer la consommation d'énergie d'un logement ou d'un bùtiment, et d'évaluer ainsi son impact écologique. (THIBAUT DURAND / MAXPPP)

La Cour des comptes recommande mardi 3 juin, dans un rapport que franceinfo a pu consulter, d'amĂ©liorer la mise en Ɠuvre du diagnostic de performance Ă©nergĂ©tique (DPE) des logements de particuliers, obligatoire depuis 2021. L'autoritĂ© administrative pointe un "taux d'anomalie" de prĂšs de 70% des DPE en 2023 parmi les entreprises les effectuant et ayant Ă©tĂ© contrĂŽlĂ©es par la Direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes (DGCCRF). 

"Ce n'est pas surprenant, rĂ©agit mardi sur franceinfo David Rodrigues, juriste au sein de la CLCV, l’association de dĂ©fense des consommateurs. Ça fait des annĂ©es que les diffĂ©rentes associations pointent du doigt la problĂ©matique des formations" et Ă©galement le "sĂ©rieux des diffĂ©rents diagnostics qui peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s.

"Tous les ans, vous avez des Ă©tudes qui montrent qu'un mĂȘme logement fait l'objet de diffĂ©rentes classifications, selon le diagnostiqueur qui passe."

David Rodrigues, juriste au sein de la CLCV

Ă  franceinfo

L'évolution du DPE, dispositif réglementaire qui repose sur l'attribution de notes entre A et G, n'a pas été suffisamment anticipée, regrette la Cour. Les anomalies repérées par les Sages sont essentiellement des manquements au droit de la consommation, comme un défaut d'information sur les prix, le non-respect du délai légal de rétractation, ou encore la présence de clauses abusives dans les contrats. Ces anomalies sont jugées mineures et ont surtout donné lieu à des avertissements plutÎt qu'à des procÚs-verbaux d'infraction.

"Ce n’est pas spĂ©cifique Ă  la filiĂšre des diagnostiqueurs", prĂ©cise le juriste de la CLCV. "Ce n’est pas Ă©tonnant dans la mesure oĂč effectivement la filiĂšre a littĂ©ralement explosĂ©. Malheureusement, on a des personnes qui vont rĂ©aliser correctement leur travail, d'autres qui se mettent sur ce crĂ©neau en espĂ©rant amasser le maximum d'argent en un minimum de temps", a-t-il expliquĂ©. 
 
Mais pour David Rodrigues, le principal problÚme est le "diagnostic de performance énergétique de complaisance" et "les conséquences que cela induit en matiÚre locative" et "de vente également, parce que ça a une incidence sur la valeur vénale". 

Recourir à l'IA pour détecter des valeurs suspectes

La Cour des comptes préconise l'instauration d'une véritable "carte professionnelle" pour les diagnostiqueurs d'ici fin 2026, le renforcement de l'information du public sur les recours possibles et la mise en place des contrÎles statistiques approfondis sur la cohérence des diagnostics. La Cour suggÚre notamment le recours à l'intelligence artificielle (IA) pour détecter des valeurs suspectes par rapport à la typologie des bùtiments.

La Cour salue toutefois les efforts déjà réalisés en ce sens par l'Agence de l'environnement et de la maßtrise de l'énergie (Ademe) pour fiabiliser les diagnostics. Depuis 2018, le nombre de DPE a triplé, passant de 120 000 à  350 000 aujourd'hui. 7 000 entreprises effectuent des diagnostics en France. 

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