Grève des médecins : des généralistes expliquent pourquoi ils jugent "insuffisant" le tarif d'une consultation à 25 euros
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Alors qu'ils fermeront la porte de leur cabinet vendredi, les médecins demandent que le prix d'une consultation de base soit revalorisé à au moins 30 euros pour couvrir l'inflation.
Elles promettent un "vendredi noir". Treize organisations syndicales de médecins libéraux se mobilisent, vendredi 13 octobre, pour réclamer notamment une revalorisation du tarif des consultations. Même si une hausse de 25 à 26,50 euros pour les généralistes et de 30 à 31,50 euros pour les spécialistes est prévue à partir du 1er novembre, cette augmentation est jugée insuffisante par certains praticiens.
Début 2023, les négociations entre les syndicats de médecins et l'Assurance maladie s'étaient soldées par un échec. Une médiatrice désignée par l'Etat avait alors tranché pour une revalorisation de 1,50 euro du prix de la consultation, correspondant à une augmentation de 6%, soit le niveau général de la hausse des prix calculé par l'Insee pour l'année 2022. Malgré l'annonce de la réouverture des négociations "très rapidement" par le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, mercredi 11 octobre, la pilule a toujours du mal à passer dans les cabinets.
"C'est intolérable : 26,5 euros, c'est beaucoup moins que l'inflation de ces six dernières années", dénonce Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France, syndicat majoritaire chez les généralistes. Il réclame ainsi que la consultation pour un médecin généraliste soit revalorisée à "au moins 30 euros pour prendre en compte l'inflation depuis 2017", date de la dernière hausse négociée entre la Sécu et les médecins.
Compenser l'inflation
En demandant cette augmentation, les médecins assurent ne pas chercher à gonfler leurs revenus. "Nous voulons pouvoir investir dans nos cabinets", justifie Mélanie Rica-Henry, porte-parole du collectif Médecins pour demain, qui, avec 50 euros pour une consultation de base, réclame la plus forte revalorisation parmi les organisations mobilisées.
Avec une rémunération mensuelle moyenne de plus de 6 700 euros mensuels après paiement des charges, mais avant impôts sur le revenu, selon la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), "on ne va pas faire pleurer dans les chaumières", reconnaît Yvon Le Flohic, membre de l'Union syndicale pour une médecine française libre (UFML). "Mais la situation est surtout difficile pour les plus jeunes", appuie ce généraliste installé dans les Côtes-d'Armor.
Mathilde Chouquet, basée à Rennes (Ille-et-Vilaine) et vice-présidente du syndicat de jeunes médecins RéAGJIR, se sent concernée. En tant que remplaçante, elle doit verser une partie des 25 euros qu'elle perçoit à chaque consultation au médecin qu'elle supplée. "Je touche en réalité 17,5 euros par consultation, détaille-t-elle. Puis je dois ôter les différentes cotisations sociales, qui représentent 20% de mon chiffre d'affaires, soit 3,5 euros par consultation. A la fin, il me reste 14 euros."
A ce problème de pouvoir d'achat, s'ajoute celui des charges, qui, comme les prix, ont grimpé en flèche ces derniers mois. Ainsi, dans le cabinet qu'il partage avec trois autres médecins, la facture d'électricité d'Yvon Le Flohic a doublé entre 2022 et 2023, pour atteindre un total de 4 000 euros à l'année. Sans oublier une "augmentation des prix des logiciels médicaux", qui permettent aux patients de réserver des consultations en ligne.
Des charges variables d'un cabinet à l'autre
Ainsi, sur une consultation à 25 euros, Yvon Le Flohic assure ne percevoir en réalité qu'entre 10 et 17,50 euros, selon les mois. Le reste sert à payer les charges évoquées, mais aussi la secrétaire médicale de son cabinet, dont le salaire a, lui aussi, été rehaussé en raison de l'inflation. Restent ses cotisations sociales, dont l'Urssaf, la caisse de retraites, son assurance et sa prévoyance.
Ces charges varient d'une situation à l'autre. Selon le nombre de patients suivis, que le cabinet soit situé dans une grande ville ou qu'il compte ou non un ou plusieurs salariés, ces dépenses représentent entre 44 et 56% du montant d'une consultation, soit, en moyenne, "entre 11 et 14 euros", estime MG France.
Contrairement à Yvon Le Flohic, David Azerad, généraliste dans le 20e arrondissement de Paris, regrette de ne pouvoir payer un secrétariat médical. "Entre la localisation et une secrétaire, on a dû faire un choix". Même s'il partage des frais fixes avec une dizaine de soignants dans un cabinet de 150 mètres carrés, le loyer représente, à lui seul, 1 700 euros par mois pour ce praticien. "C'est le prix pour un grand cabinet et tous les équipements nécessaires pour accueillir les personnes à mobilité réduite", souligne-t-il.
Une évolution du métier à prendre en compte
Outre ces frais, les généralistes font face à une mutation profonde de leur profession. "Il y a 30 ans, quand je me suis installé, on pouvait voir trente patients par jour, car les problèmes étaient plus simples à gérer, se souvient Jean-Christophe Nogrette. Aujourd'hui, nous suivons des patients en affection longue durée, avec plusieurs pathologies en même temps, ce qui requiert plus de temps et d'expertise."
Un "manque à gagner" néanmoins compensé sous forme de "forfaits" par l'Assurance maladie. Une fois par an, elle verse une somme aux médecins libéraux en fonction de leur patientèle. Ainsi, un médecin perçoit 42 euros par patient en affection longue durée de moins de 80 ans qu'il accepte de suivre en tant que médecin traitant, contre 5 euros pour les patients en bonne santé âgés de 7 à 79 ans. "Ces forfaits représentent aujourd'hui environ 15% de la rémunération des médecins, évalue le représentant de MG France. Pour qu'ils soient vraiment attractifs, il faudrait qu'ils atteignent les 30%". Un moyen pour les médecins d'augmenter leurs revenus en consacrant du temps à leur patient, sans grever leur pouvoir d'achat.
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