Crise aux urgences : "Il faut redonner un peu d'attractivité" au métier d'urgentiste, alerte le porte-parole du Samu Urgences de France
Les services d'urgences sont confrontés à un manque criant de personnel. Selon le porte-parole du Samu Urgences, il faut absolument redonner de l'attractivité à cette profession.
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"Il faut redonner un peu d'attractivité à ce que l'on doit faire aux urgences, ce que doit être le métier d'urgentistes", a alerté mercredi sur franceinfo Louis Soulat, vice-président et porte-parole du Samu Urgences de France et chef de service du Samu-Smur Urgences de Rennes, alors que les hôpitaux doivent affronter, après la crise du Covid-19, la crise des urgences confrontés au manque de personnel cet été.
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Pour faire face, les CHU vont devoir faire revenir les soignants sur leurs congés. Rémi Salomon, le président de conférence des Commissions Médicales d’Etablissement (CME) de CHU, réclame au nouveau gouvernement des moyens pour passer ce cap difficile. Si l'argent "est un élément important", Louis Soulat souligne que c'est "la désaffection des services par les soignants et les médecins" qu'il faut résoudre.
franceinfo : Est-ce qu'à Rennes vous allez pouvoir affronter l'été dans de bonnes conditions ?
Louis Soulat : La situation est catastrophique, non seulement au niveau d'un établissement, d'une communauté d'agglomération, mais également au niveau d'un Groupement hospitalier de territoire (GHT). Nous avons déjà en ce moment des fermetures de structures d'urgence dans notre GHT qui impacte fortement les autres services du fait du d'activité.
Est-ce que l'argent que réclame le professeur Rémi Salomon va suffire ?
Non. C'est un élément important, bien sûr, pour donner un peu d'attractivité. Parce que le vrai problème, c'est la désaffection des services par les soignants et les médecins. C'est un problème qui s'est amplifié. On n'arrive pas complètement à expliquer pourquoi il y a des fermetures de services d'urgences que l'on connaît dès le mois de mai. Le problème est ancien. On a travaillé à moyens constants en termes de ressources humaines depuis des années. On est impacté par les difficultés de l'amont, c'est à dire la saturation de l'offre en médecine ambulatoire. Mais on est également très impacté par les difficultés d'aval. On a l'habitude de dire que les patients attendent sur les brancards. Mais c'est aussi parce qu'on manque de lits d'hospitalisation et d'aval. On se rend compte qu'elles seront très importantes cet été avec des lits, des services fermés beaucoup plus précocement dans les établissements de soins de suite. Et donc cela impacte doublement sur l'activité des urgences. Les personnels sont épuisés avec des ressources insuffisantes. Si je prends l'exemple de Rennes, notre problématique principale est une augmentation d'activité de 30% par rapport à la même période il y a deux ans.
Que faudrait-il faire pour tenter de limiter au maximum la casse cet été ?
On est en situation de tension très forte, qui est connue, qui a été annoncée à nos tutelles depuis des semaines et des mois. Aujourd'hui, il faut redonner un peu d'attractivité à ce que l'on doit faire aux urgences, ce que doit être le métier d'urgentistes. L'urgentiste n'est pas là pour compenser les insuffisances de la médecine ambulatoire, ni celle des difficultés d'aval. On a un cœur de métier. On veut redonner une attractivité aux plus jeunes parce que c'est notre principale inquiétude. Et pour cela, il faut colmater les brèches et commencer par réguler les admissions aux services d'urgence. C'est pour ça que le message national va être, 'appelez le 15 avant de vous déplacer dans les structures d'urgence'. Et c'est capital pour nous. Parce que cela nous permet, d'une part d'identifier les urgences vitales pour lesquelles on va déclencher un moyen mobile d'intervention, les SMUR. Ce sont des équipes médicales que l'on essaye de préserver au maximum pour traiter les urgences vitales. Dans un deuxième temps il faut réguler l'accès aux urgences pour que l'on n'ait dans nos urgences que des patients qui relèvent des plateaux techniques, aux heures de garde notamment. Et c'est quelque chose qui va être très impopulaire. On va avoir des services d'urgences fermés. Il va falloir communiquer sur ce sujet-là. C'est uniquement dans l'intérêt des patients que les services d'urgences sont fermés avec un filtre important. Il faut que cette régulation qui soit faite par les Samu et essayer d'orienter les patients vers des prises en charge ambulatoire quand c'est possible et réserver l'accès aux urgences aux patients qui en ont vraiment besoin. C'est ça notre cœur de métier.
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