Vols de défibrillateurs : des effractions qui peuvent coûter des vies

Publié le 01/06/2025 20:45 Mis à jour le 01/06/2025 23:31

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France 2 - P-L. Monnier, C. Cuello, A. Placier, A. Burla, C. Berbett-Justice. Édité par l'agence 6médias

France Télévisions

Obligatoires dans les lieux accueillant du public depuis 2018, les défibrillateurs ou leurs batteries sont la cible de vols, parfois commandités en vue de les revendre.

"Comment on peut voler un défibrillateur ?" A Marray, petit village de 500 habitants en Indre-et-Loire, la mairie a eu une mauvaise surprise, en avril. L'appareil installé près de la mairie, pour réanimer les victimes en cas d'arrêt cardiaque, a disparu. Un an plus tôt, celui installé près de la salle des fêtes avait subi le même sort. "C'est forcément de l'agacement parce que c'est un appareil de premier secours, qui sert à sauver des gens", commente le maire, Philippe Capon. D'autant que le remplacement de chaque appareil coûte à la commune près de 1 200 euros.

Ces vols ne sont pas des actes isolés, et leurs conséquences sont parfois dramatiques. En 2023, Dollon, dans la Sarthe, des travailleurs agricoles ont découvert que la disparition de la batterie d'un défibrillateur à un moment critique, alors qu'ils tentaient de réanimer un ouvrier.

"Des donneurs d'ordre qui font travailler des jeunes"

"On s'est aperçu qu'il n'y avait plus de piles", raconte Olivier Corbin. "On a repris le massage cardiaque, le temps qu'un deuxième appareil arrive d'une commune voisine". Sans succès, car la victime a succombé. L'agriculteur, également pompier, est toujours en "colère" deux ans plus tard : "C'est quand même des matériels qui sont mis à disposition pour la survie des gens", rappelle-t-il.

Une partie de ces vols semblent alimenter un marché noir de la revente de défibrillateurs. Sur internet, des annonces suspectes proposent des appareils cinq à dix fois moins cher que les prix du marché. Contacté par France 2, un des vendeurs livre une explication peu convaincante sur la provenance de son appareil : "Il était chez un mécano (...), mon frère faisait un stage et le mécano lui a donné".

Dans les gares, un autre lieu où ces équipements sont obligatoires, l'ampleur des vols témoigne de l'existence d'un trafic manifestement organisé. En Ile-de-France, depuis l'été 2024, 60 appareils ont été volés et 20 personnes interpellées, selon la préfecture de police de Paris, dont des lycéens. "Par la récurrence des faits, par le profil des auteurs, on peut penser qu'il y a des donneurs d'ordres qui font travailler des plus jeunes pour effectuer ces vols à leur place", commente un de ses responsables.

Regardez l'intégralité du reportage dans la vidéo ci-dessus