BAE-EADS : pourquoi les négociations sur la fusion ont échoué
Entre les craintes de l'Allemagne et les réticences de certains actionnaires, les discussions pour créer un géant mondial de l'aéronautique et de l'armement ont échoué. FTVi décrypte.
ENTREPRISES – La fusion EADS-BAE ne se fera pas. Dans un communiqué, l'entreprise britannique BAE a annoncé, mercredi 10 octobre, que les négociations entre les deux groupes avaient échoué à cause des désaccords entre les gouvernements britannique, allemand et français.
Les deux grands groupes européens de l'aéronautique renoncent ainsi à créer un géant mondial dont le chiffre d'affaires se serait élevé à 23 milliards d'euros, et qui aurait été capable de rivaliser avec l'Américain Boeing. L'Allemagne s'est opposée au schéma proposé, et certains fonctionnaires ont aussi freiné des quatre fers. Décryptage.
Les craintes de l'Allemagne
Paris, Londres et Berlin ne sont pas parvenus à s'entendre sur le dispositif exact des participations des Etats et sur les garanties associées en matière de gouvernance de la nouvelle entité. "Paris et Londres étaient favorables à la fusion, des solutions avaient été trouvées à toutes les questions soulevées par les gouvernements français et britannique", a déclaré un porte-parole d'EADS.
C'est donc l'Allemagne qui a bloqué, comme le confirment différentes sources citées par l'AFP et Reuters, dont l'une affirmait qu'Angela Merkel elle-même s'était opposée au schéma de fusion mardi 9 octobre au soir. L'Allemagne, qui entre en année électorale, a eu "peur d'être le laissé-pour-compte", explique Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg. Notamment que la fusion ait donné lieu a "un duopole Toulouse pour le civil et Londres pour le militaire."
Berlin, pour l'heure pas actionnaire direct d'EADS, mais seulement via les groupe Daimler et Dedalus voulait obtenir la même part que Paris dans le nouvel ensemble. Objectif défendre ses intérêts et protéger les usines et les dizaines de milliers d'emplois associés, avec notamment d'importants sites d'assemblage d'Airbus à Hambourg et Brême dans le Nord du pays, ainsi qu'un en Bavière.
Les réticences de certains actionnaires
"BAE Systems et EADS ont donc décidé qu'il était dans le meilleur intérêt de leurs entreprises et de leurs actionnaires d'abandonner les discussions et de continuer à se concentrer sur leurs stratégies respectives", ont-ils écrit dans un communiqué commun.
Il faut dire qu'au-delà des divergences constatées entre Etats, plusieurs grands actionnaires de deux géants avaient émis des doutes. Invesco Perpetual, qui dit détenir 13,3% des actions ordinaires de BAE, a dressé une longue liste d'objections à la fusion, citant notamment des craintes d'ingérence des Etats, l'absence de logique stratégique de l'opération et le manque de visibilité concernant les dividendes au-delà de 2013. Le groupe Lagardère, désireux de sortir au meilleur prix d'EADS, a également critiqué le projet de fusion.
"Nous sommes évidemment déçus de ne pas avoir été capables de parvenir à un accord acceptable avec nos différents gouvernements", a déclaré Ian King, le patron de BAE Systems. Son homologue côté EADS, Tom Enders, a estimé qu'il était "dommage" que les deux groupes aient échoué, mais s'est dit "content" d'avoir essayé. Les marchés ont immédiatement réagi à cette annonce. A la Bourse de Londres, l'action BAE Systems recule de 0,68%. A Paris, le titre EADS grimpe, lui, de 3,75%.
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