"Goodyear n'est pas représentatif du climat social"
Les fermetures d'usines se multiplient. Les contestations aussi. Faut-il craindre une explosion du climat social ? Les réponses de Jean-Pierre Basilien, directeur d'études pour le réseau associatif de DRH Entreprise et personnel.
Les salariés de Goodyear ont délaissé, mardi 12 février, leur site d’Amiens pour manifester devant le siège de l’entreprise à Paris. Ils ont été rejoints par les employés de Ford, Fralib, Fnac, PSA, Samsonite, Sanofi, Crédit agricole, Sony, Virgin, Coca-Cola, Haribo… Le climat social est-il explosif ? Jean-Pierre Basilien, directeur d'études pour le réseau associatif de DRH Entreprise et personnel et rédacteur d’une note sur la conjoncture sociale à l'automne dernier, répond aux questions de francetv info.
Les dossiers Goodyear ou PSA ne révèlent-ils pas une nouvelle phase de tensions dans le climat social ?
Jean-Pierre Basilien : L’actualité crée un effet loupe sur certains dossiers comme celui de Goodyear, qui ne résument pas le climat social actuel. Ils ne représentent même pas un baromètre digne de foi. Ils sont présentés dans les médias comme des dossiers représentatifs de l'ensemble de la situation nationale, mais c'est faux : chaque cas a ses spécificités. Je n’observe rien de nouveau sur ces sites menacés. Ce sont les registres d’action habituels. Je ne vois pas de risque de radicalisation.
Comment analysez-vous ce type de mobilisation ?
Il existe deux types d’actions. Le premier, c'est l'action politique. Certaines centrales syndicales choisissent une lecture politique des dossiers. C'est souvent le cas dans les dossiers très médiatisés, comme Goodyear. Le second correspond à des types d’actions un peu désespérés, souvent dans des entreprises de petite taille où les salariés se disent qu’ils n’ont plus rien à perdre. Il peut s’agir de méthodes spectaculaires pour attirer l’attention des médias. L’objectif final est le même : retrouver le fil de la négociation.
Le climat social est-il explosif ?
Non. Il faut d'abord rappeler que sur la période récente, les licenciements économiques représentent seulement 3% des inscriptions à Pôle emploi. La situation est la même que cet automne : un climat atone et figé, ce que nous avons appelé un "calme inquiet". L’absence de croissance et le fort taux de chômage ne poussent pas les salariés à se mobiliser pour réclamer des hausses de salaire ou une amélioration de leurs conditions de travail. La crainte diffuse de perdre son emploi et le manque de visibilité sur l’avenir sont aussi des facteurs dissuasifs. La crise a été intériorisée par une majorité de Français. Ils savent que les marges de manœuvre des entreprises sont étroites. Dans ce contexte, mener des actions de protestation apparaît difficile, à l’exception des sites vraiment menacés comme Goodyear à Amiens.
Comment le gouvernement peut-il gérer ce "calme inquiet" ?
Cela crée un climat de grande prudence dans sa manière d’aborder les dossiers. Le but, c'est de ne pas provoquer une radicalisation de la contestation et une montée des conflits. Pour l’instant, la CGT et Force ouvrière se contentent de hausser le ton pour essayer de peser sur les discussions concernant les accords sur le marché du travail. Ils ne peuvent pas aller trop loin sans risquer de rompre le dialogue et de s’isoler. N’oublions pas que la CGT a appelé à voter François Hollande.
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