: Reportage "Une très belle surprise" : les auberges de jeunesse ont à nouveau le vent en poupe

Les auberges de jeunesse regagnent du terrain en France. Ces établissements proposant des nuitées à petits prix ont connu une vague de fermetures pendant plusieurs décennies. Désormais, ils font leur grand retour, avec 26 nouvelles adresses depuis 2022, selon la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse. La Nouvelle-Aquitaine est la région qui en compte le plus avec 15 établissements, dont quatre au Pays basque. Tous ont été créés récemment et l'un d'eux, nommé "Demain c'est loin", a ouvert ses portes en avril dernier à Hendaye. Il s'agit d'une auberge de jeunesse nouvelle génération pour tenter de répondre aux nouvelles attentes de la clientèle.

Valise à la main, Clémence vient de passer trois nuits dans l'auberge pour un total de 141 euros. Une aubaine en pleine saison, selon la trentenaire : "J'avais regardé les Airbnb, j'avais regardé les chambres et on était plus sur du 100 euros la nuit, donc plus cher." Elle n'avait jamais dormi en auberge de jeunesse, alors forcément, elle appréhendait. "Vraiment, le côté dortoir, partagé, je ne pensais pas qu'on pouvait avoir le choix. Avoir une chambre double avec une salle de bains juste pour nous, une très belle surprise", sourit Clémence.

Attablée au petit déjeuner, Mathilde, elle, a choisi le dortoir précisément pour ne pas rester seule. "Le fait de pouvoir rencontrer des gens : hier soir, j'ai discuté avec une Belge, une Suisse, un Péruvien, explique-t-elle. C'est génial, ça fait un peu auberge espagnole." Et pourtant, elle l'avoue, à 48 ans, elle n'est pas le cœur de cible. Alors, pour attirer cette clientèle moins jeune qui avait déserté les auberges, le copropriétaire Alain Cazaux préfère l'appellation "hostel". "Quand on dit 'auberge de jeunesse', vraiment, il y a encore cette connotation de dire 'on ne peut pas y aller, nous, on a plus de 60 ans", déplore-t-il.

Et pour finir de dépoussiérer l'image des anciennes auberges, il mise sur le confort et les pratiques écoresponsables. "On a isolé, fait un doublage extérieur partout, on a des pompes à chaleur pour l'eau chaude, on a le récupérateur d'eau pour les toilettes, on a fait des jardins où les gens peuvent jouer au baby-foot et puis là, on a les terrasses d'où on voit l'Espagne", détaille Alain Cazaux.

"On est sur du slow tourisme"

Autant de services qu'adoptent de plus en plus d'auberges nouvelle génération, constate Olivia, grande habituée des voyages en dortoirs. "Il y a eu un changement de type dans les auberges de jeunesse, un standing un peu plus élevé. Peut-être que ça se boboïse un peu", sourit-elle. Il faut dire que les attentes des vacanciers ont changé, justifie Frédéric Tronchet, adjoint au maire d'Hendaye en charge du tourisme.

Sauf que dans cette ville, à deux pas de la frontière espagnole, jusqu'ici, les options manquaient. "Cette gamme de prix n'existait pas. Et donc, ça a ouvert un petit créneau. On connaît aujourd'hui un tourisme plus écologique, de passage, des marcheurs, des cyclistes et c'est une vraie tendance. On est sur du slow tourisme et ce mode d'hébergement, accessible à la nuitée, correspond bien à la demande et à la société", explique l'élu. Depuis quelques années, de grands groupes hôteliers surfent sur cette tendance, voulant des lieux branchés avec des bars et parfois des concerts de DJ.