: Reportage Un concours qui "permet de montrer l'excellence" : Worldskills, la compétition qui réhabilite les métiers manuels

C'est un équivalent des Jeux olympiques pour les métiers qui s'achève samedi 18 octobre à Marseille. Le Parc Chanot, à proximité du stade Vélodrome, accueille depuis jeudi les 48e finales nationales des Worldskills. De la maroquinerie au paysagisme, en passant par la peinture en bâtiment, pendant trois jours, 800 jeunes de moins de 23 ans représentant les meilleurs de chaque région, s'affrontent dans des épreuves techniques de près de 70 métiers. Cet événement constitue une véritable vitrine pour ces secteurs dont les savoir-faire ont longtemps été dénigrés et qui peinent à recruter. 

Devant une dizaine de jeunes compétiteurs, le juré annonce le thème de l'épreuve : poser le support mural d'une douche. "Vous allez devoir faire un test d'étanchéité", prévient-il. Rapidement, Bastien, 19 ans, enfile ses gants de sécurité. Cela fait un an qu'il s'entraîne pour défendre fièrement les couleurs de la Bourgogne Franche-Comté. Serein, concentré, il perce la paroi installée pour l'épreuve et mesure la structure sous le regard de jury qui scrute chaque geste.

"On sait ce que l'on vaut"

Le niveau d'exigence est élevé, alors ils sont accompagnés de coachs, des plombiers professionnels
comme Cyril Moreau. "Je suis là pour montrer des gestes techniques car il y a quand même des parties spécifiques qu'ils n'ont pas l'habitude d'apprendre, on leur dit de bien se mettre en condition, s'échauffer", explique-t-il. Bastien écoute attentivement chaque conseil, bien décidé à dépasser ses limites. "On arrive à prouver notre valeur à nous-même, on sait ce que l'on vaut", confie-t-il. 

Et comme ces épreuves sont publiques, il est fier de pouvoir montrer la réalité de son métier. "On peut souvent penser que les métiers du bâtiment c'est bête et méchant, que l'on fait ça parce que l'on a raté l'école. Ce genre de concours permet de montrer l'excellence et les gens nous regardent en ne pensant pas qu'il y avait ce niveau de technicité", se réjouit-il.

Améliorer l'attractivité de ces métiers

C'est d'ailleurs avec émerveillement que les visiteurs s'attardent sur le stand. Ils découvrent notamment les pommeaux de douche fabriqués par les candidats comme cette douchette en forme de voilier. De quoi impressionner Roshdi, un lycéen marseillais venu avec sa classe pour découvrir les métiers techniques.

Les finales des Worldskills sont en effet l'occasion idéale pour améliorer l'attractivité de ces métiers. "Permettre de mettre cette vitrine devant les yeux de ces jeunes, ça va permettre de faire perdurer ce métier et le hisser vers le haut", salue Jean-François Pieterwas, responsable chez Grohé, spécialiste de la robinetterie. En montrant leur savoir-faire, les artisans espèrent ainsi répondre aux difficultés de recrutements. Le gagnant de chaque épreuve remporte pour sa part un ticket pour les finales mondiales l'an prochain à Shangaï. Son dauphin se qualifie, lui, pour les finales européennes à Düsseldorf dans deux ans.