Festival de Cannes : comment le cinéma sud-coréen est devenu une machine à récompenses
Le cinéma en provenance de Séoul est aussi prisé que primé. Le résultat d'un soutien appuyé de l'état pour développer les industries culturelles il y a 20 ans. Cet élan porte ses fruits avec des cinéastes qui déploient toute leur créativité.
Cannes est-il la petite Séoul sur la Méditerrannée ? Car le Festival ne peut désormais plus se passer des films sud-coréens, prisés et primés sur la Croisette. Rien que cette année, quatre films tournés en Corée du Sud sont présentés dans le cadre du Festival et deux concourent en compétition, deux chances de Palme d'or dans une sélection qui compte 19 autres oeuvres sélectionnées.
Il y a tout d'abord Decision to leave de Park Chan-wook, réalisateur récompensé à Cannes en 2004 avec Old Boys, Grand Prix du jury, puis trois ans plus tard avec Thirst, ceci est mon sang, prix du jury. Puis il y a Broker, film du japonais Hirokazu Kore-Eda en langue sud-coréenne et avec Song Kang-ho, l’acteur du k-movie Parasite, film qui a reçu la Palme d’or en 2019 et un succès fou dans les salles françaises. Un parcours qui passe tout de même par un Oscar du meilleur film, une première pour un film en langue étrangère.
/2022/05/24/phpDIwLIf.jpg)
Hors compétition, Cannes a aussi déclaré son amour à Hunt en décidant de le projeter en séance de minuit. Un film d’action et d’espionnage haletant, qui n'offre aucun répit dans la Corée du Sud des années 1980. Son réalisateur n'est autre que Lee Jung-jae, la star de Squid Game, la série Netflix qui a cartonné en 2021.
Mais alors, pourquoi le cinéma sud-coréen est-il devenu si incontournable et reconnu à Hollywood comme dans les festivals les plus prestigieux comme Cannes, Venise ou Berlin ? "En Corée, depuis longtemps, nous sommes habitués à voir des films étrangers, ce qui a nourri notre cinéma qui est aujourd'hui capable de s’attaquer à tous les genres. Avec l’envie de le partager avec le reste du monde", explique Lee Jung-Jae, interrogé par franceinfo. C’est vrai que depuis peu, il y a une attention qui a explosé pour les films et séries sud-coréennes. Jusqu’ici les Coréens se sont efforcés de faire de très bons films et je pense qu’ils vont encore faire mieux à l'avenir pour satisfaire le public étranger. C’est aussi en ayant à coeur de partager ces oeuvres que les contenus coréens sont très dynamiques."
Une affaire d'État
L'exportation du cinéma et de la culture sud-coréenne sont aussi un enjeu d'influence pour le pays qui dès les années 1990 et particulièrement au sortir de la crise de 1997 a massivement investi dans les industries du divertissement pour relancer son économie, faire rayonner le pays à l’international et même profiter de retombées touristiques. C'est le cas pour les k-movies, comme les k-dramas et la k-pop dont BTS est le symbole en étant devenu le groupe musical en tête des ventes partout à travers la planète.
Les chercheurs Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre, rappellent dans leur livre K-pop, soft-power et culture globale que ce développement a été accompagné par des entreprises privées comme Samsung qui avaient besoin de contenus pour développer et diversifier leurs activités. Pour conquérir les marchés, asiatiques d'abord puis occidentaux, le pays a d'abord misé sur des oeuvres de qualité et particulièrement esthétiques. Un élan qui a créé une dynamique, permis l'émergence, de studios, de producteurs, d'acteurs.
/2022/05/28/phptfBJhE.jpg)
"C'est aujourd'hui un cadre propice qui donne de l'énergie à de jeunes gens de se lancer dans des projets qui peuvent avoir des débouchés à l'international", observe Kore-Eda, le réalisateur de Broker, interrogé par franceinfo. Et c'est vrai que nous, Japonais, qui sommes proches géographiquement de la Corée du Sud, sommes très envieux de cette nouvelle génération éblouissante pour tous ses efforts et son énergie qu'elle fournit."
Kore-eda n'est pas le seul à se laisser influencer par ce pays et ses talents. Davy Chou, admirateur entre autres de Hong Sang-soo, a tourné son dernier film sur place, Retour à Séoul, avec des acteurs de renom de la péninsule. Le film s’inspire de l’histoire vraie d’une jeune française adoptée en Corée. Son film présenté dans la sélection "Un certain regard" a d’ailleurs bénéficié de subventions publiques sud-coréennes, des fonds ayant pour vocation de promouvoir le pays et la création.
À regarder
-
Prostituée de force : le récit glaçant d'une adolescente
-
Le cinéaste iranien Jafar Panahi obtient la Palme d'or : "Arrivons à ce moment où personne n'ose nous dire ce qu'il faut porter, dire ou faire..."
-
"L'Hymne à l'amour" en anglais en clôture du 78e Festival de Cannes
-
Cannes : "Maman, j'espère que tu es très fière..." À 23 ans, Nadia Melliti décroche le Prix d'interprétation féminine
-
L'actrice Cate Blanchett sur le dernier tapis rouge de la 78e édition du Festival de Cannes
-
Pedro Pascal et Austin Butler racontent leurs souvenirs du Covid
-
Cédric Klapisch : "Je ressentais jusque-là une sorte d'amertume à ne pas être à Cannes"
-
Paul Mescal à Cannes : "La masculinité est une notion à géométrie variable et le cinéma est en train de la redéfinir..."
-
Cannes : l'acteur Paul Mescal sur le tapis rouge pour défendre le film "The History of sound"
-
🎬 Cannes : avec trois films à Cannes à seulement 23 ans, Paul Kircher est la star montante du cinéma français
-
Cannes : Scarlett Johansson sur le tapis rouge pour son premier film en tant que réalisatrice
-
Golshifteh Farahani sur le film "Alpha" : "Le sida était une maladie liée à l’amour"
-
Cannes : Isabelle Huppert dans un portrait libre de Liliane Bettencourt dans "La femme la plus riche du monde"
-
Festival de Cannes : Tahar Rahim a perdu "plus de 20 kilos" pour le film "Alpha"
-
SCH à Cannes : "Comme ceux de Marcel Pagnol, je serais heureux que mes textes soient étudiés à l'école"
-
Droits de douane : pour Wes Anderson, Donald Trump "veut prendre tout le pognon"
-
Tom Cruise : “Non, je ne défie pas la mort”
-
Lucky Love à Cannes : "La mode me permet de choisir mon identité et pourquoi on me regarde"
-
Laurent Laffite, voix de Marcel Pagnol : "Tant qu'un Parisien fait gagner l'OM, ça va"
-
Le rappeur SCH sur l'entrée du mot "gâté" dans le dictionnaire : "On y aura été pour quelque chose, ça fait plaisir !"
-
Hafsia Herzi : "Je savais qu'il y avait des gens homophobes mais pas à ce point"
-
Cannes : "Quand il n'y a plus de rires, il n'y a plus de vie..." Philippe Katerine nous révèle ses secrets du couple qui dure.
-
Cécile de France affronte une IA doublée par Mylène Farmer dans "Dalloway"
-
Pourquoi le Festival de Cannes a écarté un acteur du film "Dossier 137"
-
Festival de Cannes : le rugbyman Antoine Dupont tout sourire sur le tapis rouge
-
Cannes rend hommage à la photojournaliste palestinienne Fatma Hassona, tuée à Gaza.
-
"Mission : Impossible" : Pom Klementieff livre ses anecdotes de tournage avec Tom Cruise
-
Festival de Cannes : la musique de "Mission : Impossible" jouée sur le tapis rouge pour accueillir Tom Cruise
-
Juliette Armanet à Cannes : "J'ai 41 ans, je n'ai pas l'impression d'avoir réglé quoique ce soit dans ma vie."
-
Festival de Cannes : revivez l'hommage en chanson de Mylène Farmer à son ami David Lynch
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter