"Bleuets" : l'ode à la mélancolie de l'écrivaine américaine Maggie Nelson
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Un petit bijou d'écriture qui se lit d'une traite.
Elles sont numérotées, comme de froids paragraphes, tels des préludes, ou plutôt des fugues, ces deux-cent-quarante variations autour de la couleur bleue qui inspire magnifiquement Maggie Nelson à la suite d’un chagrin amoureux, dans ce dernier roman, Bleuets (Editions du sous-sol) en librairie le 14 août.
Beauté bleue
Bleu, comme la couleur du blues, de la dépression. Bleu, comme l’Azur de Mallarmé, ou comme la bâche bleu vif battant au-dessus de l’étal du poissonnier… Entre deux proses poétiques qui confinent parfois au sublime, l’auteur se laisse s’effondrer prosaïquement : "Il me faut admettre que j’ai aimé un homme mauvais. Toutes ces formules vident l’amour de son bleu pour ne laisser qu’un poisson laid et dépigmenté battre de la queue sur la planche à découper d’une cuisine". Et malgré la tristesse, elle continue de chercher la beauté, s’aidant de ces auteurs qu’elle appelle ses fournisseurs. Goethe et son Traité des couleurs, Platon pour qui "la couleur était un narcotique aussi dangereux que la poésie", en passant par l’œuvre d’un Warhol ou d’un Klein, la musique de Leonard Cohen, ou encore en convoquant un certain Horace Bénédict de Saussure qui inventa en 1789 un "cyanomètre", "avec lequel il espérait mesurer le bleu du ciel".
Une méditation intime et obsessionnelle
On suit Maggie Nelson dans ses bleus à l’âme, tandis qu’elle amasse dans une boîte les différents objets de couleur bleue qu’elle récupère en vue d’écrire son livre, on la suit dans sa tentative de renaissance à la vie : "Arrête d’aller contre le monde, me suis-je donné comme conseil. Aime celui dans lequel tu vis. Aime le vert." Peine perdue, à la variation 238 : "Si tu lis ceci un jour, sache qu’il fut un temps où j’aurais échangé la totalité de ces mots contre ta présence à mes côtés ; où j’aurais échangé tout le bleu du monde contre ta présence à mes côtés." Une méditation intime et obsessionnelle autour du deuil et de la mélancolie…
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Bleuets, de Maggie Nelson, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, 100 pages, Editions du sous-sol, 14,50€, paru le 14/08/2019.
Extrait :
"144. Mais peut-être qu'en effet la dépression ressemble à un feu - au noyau bleu de la flamme et non à l'orange théâtral du crépitement. J'ai passé beaucoup de temps à contempler ce noyau dans ma propre "chambre noire" et je peux affirmer qu'il offre un parfait exemple de la façon dont le bleu laisse place aux ténèbres - et dont les ténèbres, à l'improviste, font émerger un cône de lumière."
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