Deux anciens généraux radiés pour manquement au devoir de réserve
L'un de ces deux haut-gradés avaient signé, avec une vingtaine d'autres cadres de l'armée, une tribune dans "Valeurs actuelles" en avril 2021 sur le "délitement" de la France.
Rectificatif. Dans une première version de cet article publiée le 24 avril 2025, nous écrivions que Paul Pellizzari avait signé une tribune de généraux publiée en 2021 par Valeurs actuelles. Ce qui n'était pas le cas. L'article a depuis été modifié et intègre un droit de réponse à la demande de Paul Pellizzari.
Deux anciens généraux de deuxième section ("2S"), André Coustou et Paul Pellizzari, ont été radiés "pour manquement au devoir de réserve", selon des décrets de "radiation des cadres par mesure disciplinaire" dans le Journal officiel, en date de samedi 19 avril. L'un d'eux est signataire d'une tribune controversée publiée en 2021, qui dénonçait le "délitement" du pays, "la haine entre communautés" alimentées par "un certain antiracisme", ainsi que "l'islamisme et les hordes de banlieue".
Les généraux de deuxième section ("2S") sont retraités, mais toujours susceptibles d'être rappelés. Le général de brigade André Coustou figurait parmi la vingtaine de généraux signataires d'une tribune parue sur le blog "Place d'Armes", puis repris dans Valeurs actuelles le 21 avril 2021 - le jour même du 60e anniversaire d'une tentative de putsch de généraux hostiles à la politique du président Charles de Gaulle pendant la guerre d'Algérie. Ils se disaient également "disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation" et prévenaient que si "le laxisme continue à se répandre", cela rendrait nécessaire "l'intervention de nos camarades d'active".
"Ton accusatoire, outrancier et polémique"
À un an de la présidentielle de 2022, cette tribune avait déclenché une vive polémique : dénonçant une tribune "irresponsable", la ministre des Armées Florence Parly avait demandé des sanctions. Les signataires avaient alors été convoqués devant un "conseil supérieur" militaire, considérant que ce texte au "ton accusatoire, outrancier et polémique" engage "l'image des armées".
Selon L'Essor de la gendarmerie, le second général de brigade radié, Paul Pellizzari, s'était associé à une plainte du général Coustou devant la Cour de justice de la République (CJR) contre le Premier ministre Gabriel Attal, Sébastien Lecornu (Armées) et Stéphane Séjourné (Affaires étrangères). Ils entendaient dénoncer la cession à l'Ukraine d'équipements militaires prélevés sur les stocks de l'armée française.
Droit de réponse de M. Pellizzari
Le 16 avril 2025, aux côtés de 67 autres militaires, M. Pellizzari, général de brigade 2S, expert en logistique militaire, a fait signifier par huissier aux présidents des deux Assemblées une résolution citoyenne symbolique demandant le respect des articles 35 et 53 de la Constitution, s’agissant de l’engagement militaire et financier de la France en Ukraine. Relayée par plus de 20 000 personnes et diverses associations, cette résolution a été officiellement déposée le 24 avril 2025 par le sénateur Houpert et enregistrée par le Sénat sous le numéro 547. Le gouvernement est tenu de se prononcer rapidement sur son inscription à l’ordre du jour.
Le 23 avril 2025, M. Pellizzari a appris par la presse la publication au Journal officiel d’un décret présidentiel du 17 avril prononçant sa radiation des cadres pour mesure disciplinaire.
Cette procédure disciplinaire, engagée en décembre 2024, ne fait pas suite à une participation à "une tribune controversée en 2021" dont il n’est pas signataire, mais à la plainte pénale qu’il a déposé devant la Cour de justice de la République contre messieurs Attal, Séjourné et Lecornu pour livraison illégale d’armes à l’Ukraine depuis 2022. Cette plainte n’a pas été classée sans suite mais déclarée irrecevable au mois d’avril 2024, au motif que l’infraction dénoncée léserait l’intérêt général et non l’intérêt particulier de M. Pellizzari si bien qu’elle doit être poursuivie par le ministère public. C’est pourquoi en mai 2024, il a mis en demeure le procureur général d’engager des poursuites. Ce dernier n’a pas encore répondu mais la prescription des crimes est trentenaire.
Considérant sa radiation comme une mesure de représailles illégales liée à sa plainte, il entend la contester devant le Conseil d’Etat.
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