: Reportage "On a facilement trois semaines d'avance" : les récoltes de céréales et de colza ont débuté très précocement en raison de la chaleur

Les moissonneuses-batteuses sont de sortie, en ce moment, dans les champs et sur les routes de nos campagnes. Les récoltes de céréales et de colza ont commencé, voire sont déjà terminées, par endroits.

Les dates varient d'une plante à l'autre, d'une région à l'autre et même d'une parcelle à l'autre. Mais d'après les données de l'organisme public France Agrimer, toutes les céréales sont en avance, par rapport à la moyenne nationale depuis 2020. La chaleur des dernières semaines a fait mûrir les pieds plus vite que d'habitude, d'où ces moissons précoces. Cette semaine, tout s'est accéléré notamment dans les champs d'Île-de-France, comme dans les Yvelines, aux abords de la forêt de Rambouillet.

Dans ce champ, à Prunay-Le-Temple, la grosse moissonneuse-batteuse dévore les grands plants de colza, pour en extraire les toutes petites graines noires. Au volant de la machine, il y a Pierre : "C'est au centimètre près, ça demande beaucoup d'attention." Pierre moissonne depuis lundi 30 juin, avec deux semaines d'avance : "Nous, on a commencé par de l'orge d'hiver et depuis, on est dans le colza, et puis après les blés... Tout va se suivre. C'est mûr donc on avance tranquillement."

"S'il fait beau, au lieu de commencer le 14 juillet, on aura fini."

Pierre

à franceinfo

Pierre continue ses allers-retours, dans le ronron de sa machine. Son collègue Loïc Rivière est au bout de la parcelle : "Le fait que ça mûrisse, ça a été très accéléré par les grosses chaleurs et la canicule. Depuis mi-juin, ça mûrit très vite. Quand il fait 30 degrés, ça grille littéralement les plantes sur pied. On pensait avoir quelques jours devant nous mais au final, les trois jours de canicule ont bien fini de griller tout ce qui restait."

"Des blés début juillet, moi je n'avais jamais vu ça"

Le champ de blé voisin, tout doré, intrigue Loïc Rivière, salarié de la ferme de Moyencourt. Le voilà qui s'enfonce dans la parcelle, saisit un épi et goûte un grain : "Il croque. C'est que c'est mûr. Je ne pensais pas qu'il serait mûr aussi rapidement." Cette année, la récolte devrait être un peu meilleure, estime Loïc Rivière : "Les colzas sont beaucoup mieux, on va voir si le blé suit mais je suis un peu plus pessimiste."

Moins de dix km plus loin, chez Marc Winocour, à la Ferme de Moisan, à Grosrouvre, la moisson de blé s'achève déjà. Les grains sont tous récoltés et stockés sous les souffleries d'un hangar : "Des blés début juillet, moi je n'avais jamais vu ça. Le 1er juillet, jamais ! On a facilement trois semaines d'avance."

"On a eu de la chance, on a eu de la pluie au mois de juin"

Et cet agriculteur sait de quoi il parle. À 71 ans, le céréalier vient de céder à son fils cette exploitation, qu'il tenait de son grand-père : "Quand je me suis installé, je récoltais mes blés fin juillet, début août. D'une façon générale on récolte un peu plus tôt qu'avant, cette année c'est particulièrement de bonne heure."

"Mais a priori quand on regarde le grain il est pas mal. Il est plutôt bien rempli, tempère l'agriculteur. On a eu de la chance, on a eu de la pluie au mois de juin, à un moment ou le blé en avait besoin, donc les épis ont pu se remplir vraiment bien." Ça, il faut maintenant le vérifier, avec les analyses. Si les moissons sont en avance, il est encore trop tôt pour tirer un bilan, tant sur la qualité, que sur le rendement.