Pénurie d'œufs : pourquoi ce produit dont la consommation bat des records en France vient à manquer dans les rayons ?

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Guillaume Gousseau, producteur d'œufs bio Egg Royal, a commencé son élevage avec moins de 1 000 poules pondeuses. Mais depuis cinq ans, son exploitation a grandi à une vitesse fulgurante. "Six mois après, j'ai agrandi de mille. Et un an, un an et demi après, j'ai agrandi de mille. Donc on peut voir le premier poulailler, le deuxième qui est juste derrière et le troisième tout au fond, tout au fond là-bas", nous explique-t-il en nous montrant ses poulaillers.

L'éleveur ne compte pas s'arrêter là, il prévoit d'atteindre les 5 000 poules l'année prochaine. "J'ai la place pour le faire. On verra si la banque veut bien me prêter", ajoute-t-il.

La consommation d'œufs en hausse de 5,9 % en juillet

Les clients se bousculent. L'agriculteur ne fournit plus seulement les particuliers et les petits commerces de la région. Aujourd'hui, la grande distribution s'intéresse à sa production. Alors, il s'est adapté : "Les clients, j'en ai de plus en plus. Mais par contre, je n'arrive pas du tout à répondre à toute la demande. Du coup, j'ai acheté cette machine parce que, vu que j'ai plus de production d'œufs, je travaille maintenant avec les grandes et les moyennes surfaces. Et en fait, cette machine, elle me permet vraiment d'aller beaucoup plus vite pour faire ces boîtes-là plutôt que de le faire à la main comme je le faisais avant", commente-t-il.

Depuis plusieurs années, la consommation d'œufs est en hausse constante : plus 5,9 % en juillet 2025, par exemple. Un engouement pour cette protéine bon marché qui se confirme dans ce magasin, au point que, parfois, les œufs manquent dans les rayons. "Mon mari en consomme le matin, au petit déjeuner, il prend ça, donc quatre œufs, ça va vite", souligne une cliente. "On ne peut plus manger que des œufs, c'est trop cher la viande, je n'en mange plus", admet une autre.

Une production sous pression pour faire face à la concurrence

La demande est telle que la filière est sous pression. En Vendée se trouve l'un des leaders du marché. L'entreprise conditionne un million d'œufs chaque jour. Elle prévoit d'augmenter sa production de 20 % cette année. Car le risque, c'est que pour répondre à la demande, des œufs soient importés de l'étranger : 19 millions d'euros ont donc été investis ici pour moderniser les installations.

Et l'entreprise de conditionnement se dit prête à monter en cadence. Encore faut-il trouver assez de fournisseurs : "On va dire que le facteur limitant, c'est quand même déjà les producteurs en tant que tels. Donc on va aller chercher au moins une vingtaine de producteurs supplémentaires à nos côtés", explique Benoît Geslin, président de l'entreprise Les Oeufs Geslin.

Face à la demande, la filière doit produire 350 millions d'œufs supplémentaires chaque année pour éviter les importations.