Colère des agriculteurs : ce qu'il faut savoir sur la journée d'actions et de blocages à l'appel de la FNSEA, vendredi

Le premier syndicat agricole de France, à l'initiative de cette "grande journée d'action" aux côtés des Jeunes Agriculteurs, veut peser sur le prochain gouvernement et faire valoir ses revendications, notamment le rejet de l'accord UE-Mercosur.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des militants du syndicat agricole FNSEA devant l'Assemblée nationale à Paris, le 26 mai 2025. (DANIEL PERRON / HANS LUCAS / AFP)
Des militants du syndicat agricole FNSEA devant l'Assemblée nationale à Paris, le 26 mai 2025. (DANIEL PERRON / HANS LUCAS / AFP)

Cette fois, les agriculteurs sont à la manœuvre. Après une rentrée sociale mouvementée, la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, a appelé à son tour, avec les Jeunes Agriculteurs (JA), à "une grande journée d'action" à travers le pays, vendredi 26 septembre. Le syndicat avait déclaré ne pas vouloir participer au mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre pour éviter une "récupération politique", préférant une mobilisation "à l'automne" sur ses propres revendications. Franceinfo fait le point sur les raisons de cette mobilisation et le mode d'action privilégié.

Une manifestation contre l'accord UE-Mercosur

Cette mobilisation a d'abord pour but de s'opposer à l'accord de libre-échange entre les pays latino-américains du Mercosur et l'Union européenne (UE). La Commission européenne a en effet approuvé, début septembre, l'accord commercial avec les pays latino-américains (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie), dont les discussions ont débuté en 2000. Cet accord est censé permettre à l'Union européenne d'exporter davantage de voitures, de machines et de spiritueux vers l'Amérique du Sud. En retour, il facilitera l'entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes.

Un texte qualifié de "toxique" par les syndicats agricoles FNSEA et JA. "En validant l'accord en l'état, malgré la promesse de mesures de sauvegarde, la Commission européenne tourne clairement le dos à son agriculture", avaient alors déploré les deux organisations dans un communiqué commun.

"Depuis des années, nous répétons que nous ne voulons pas importer une alimentation que nous refusons pour nos propres assiettes. Je n'accable pas les agriculteurs brésiliens ou argentins, qui produisent selon les règles de leurs pays, je demande de la réciprocité", a notamment fait valoir Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, dans un entretien au JDD"Nous sommes hostiles à une forme de commerce dans lequel l'Europe n'exerce pas de réciprocité", a encore défendu, mardi, à l'occasion d'une table ronde organisée par la commission des affaires économiques, le président du syndicat, qui estime que l'accord est "défavorable à l'agriculture".

Une mobilisation pour "mettre la pression" sur le futur gouvernement

Toujours dans les colonnes du JDD, le président du syndicat justifiait également la journée de mobilisation par "les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres". "Le fait que Donald Trump impose des taxes sur nos viticulteurs, qui sont pour beaucoup dans une situation dramatique : ça non plus, on ne l'accepte pas", expliquait-il dès le 10 septembre au micro de franceinfo.

"Il n'est pas acceptable que l'agriculture se retrouve oubliée de la population et de nos décideurs politiques, qu'ils soient européens ou nationaux", fait aussi valoir Maxime Buizard-Blondeau, vice-président des Jeunes Agriculteurs, selon des propos rapportés par son syndicat sur X. Il demande à protéger "notre marché face aux importations déloyales" et à "soutenir notre agriculture avec une PAC forte et ambitieuse". "On appelle l'ensemble des agriculteurs à se mobiliser vendredi pour faire entendre notre colère et notre inquiétude", a-t-il ajouté.

Mais, avant tout, la journée est destinée à "mettre la pression sur le gouvernement qui arrive" afin de "réaffirmer l'ambition agricole de ce pays", affirme Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA, à franceinfo, alors que le gouvernement de François Bayrou a démissionné le 8 septembre à la suite d'un vote de confiance défavorable. Selon lui, ce mouvement vise ainsi à dénoncer "l'instabilité gouvernementale où la profession agricole a toutes les peines du monde à avoir des réponses."

Des rassemblements aux formes multiples et sur tout le territoire

Actions de blocage, manifestations… Pour se faire entendre, la FNSEA a opté pour des rassemblements protéiformes. "Les actions sont à l'appréciation des fédérations départementales, mais ça peut prendre la forme de visite de grandes surfaces pour aller chercher tous les produits non-conformes", a évoqué à l'AFP un porte-parole du premier syndicat agricole de France. C'est notamment le cas dans la Manche, où des contrôles dans les magasins devraient être réalisés afin de "vérifier les provenances des produits", selon le président de la FDSEA du département, cité par La Presse de la Manche.

Il peut également s'agir de "mobilisations dans tous les départements, que ce soit devant la restauration à domicile, devant des GMS [grandes et moyennes surfaces], devant les préfectures, devant les services de l'Etat pour qu'ils aillent contrôler la restauration à domicile…", énumère Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA.

Avant même que ne se tienne la mobilisation de vendredi, la Confédération paysanne a déjà lancé son propre appel à la manifestation : le rendez-vous est donné le 14 octobre à Paris, "tracteurs en tête", afin de "stopper l'accord de libre-échange UE-Mercosur", selon un communiqué publié mardi.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.