Procès des "vendanges de la honte" en Champagne : de la prison ferme pour avoir exploité des saisonniers

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Article rédigé par France 2 - A. Lay, C. Barbet, X. Claeys, E. Noël - Édité par l'agence 6médias
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Dans la Marne, trois personnes ont été condamnées à de la prison ferme pour avoir exploité près d'une cinquantaine de vendangeurs. Un contrôle de l'inspection du travail avait mis au jour les conditions de vie indignes de ces saisonniers, souvent sans papiers, exploités dans de grandes maisons de champagne.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Sur le banc des accusés, une femme de 44 ans, originaire du Kirghizistan, a écopé de quatre ans de prison dont deux fermes. Elle a été reconnue coupable de traite d'être humain, d'avoir employé dans des conditions indignes ses 57 travailleurs saisonniers. Ses bras droits, deux personnes accusées d'avoir recruté les vendangeurs, sont condamnés à un an de prison ferme. "C'est une décision qui a le mérite d'être historique dans la sévérité, dans l'exemplarité, la diffusion du message à tous. Le tribunal l'a dit lors de son délibéré : il fallait aussi que tout le monde prenne la mesure de la situation", a commenté maître Maxime Cessieux, l'avocat des victimes .

Il y a deux ans en Champagne, les victimes, la plupart sans papiers, venues du Mali, du Sénégal ou encore de Mauritanie, étaient logées dans une grange sans eau ni électricité. Les toilettes étaient inutilisables et la nourriture parfois avariée. Des riverains avaient donné l'alerte. Les condamnations représentent aujourd'hui pour ces travailleurs la fin d'un calvaire. "C'est une bonne nouvelle, vraiment, on est très contents, on est fiers aussi", dit l'un d'eux.

4 000 euros pour chaque victime

Les prévenus devront également verser 4 000 euros à chaque victime. Du côté des syndicats, le procès doit permettre de fixer un cadre strict sur les conditions de travail en Champagne. "Ce qu'il faut, concrètement, c'est ce que nous, on martèle depuis des années : inscrire dans l'AOC Champagne sur les conditions d'hébergement et de rémunération des travailleurs saisonniers, et bien sûr une seule convention collective pour tous les travailleurs de la Champagne", explique José Bianco, secrétaire général de l'Intersyndical CGT Champagne.

Prochaine étape pour les 57 victimes : le procès aux prud'hommes pour percevoir les salaires qui leur avaient été promis.

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