Dermatose nodulaire bovine en Savoie : près de 200 personnes de nouveau mobilisées à Cessens pour empêcher l'abattage d'un troupeau de vaches

Près de 200 personnes se sont de nouveau réunies lundi 14 juillet pour empêcher l'abattage d'un troupeau de vaches à Cessens (Savoie), dans lequel deux animaux sont morts de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) des bovins la semaine dernière, a constaté ICI Pays de Savoie (ex-France Bleu).

Comme jeudi dernier, agriculteurs et voisins sont venus en soutien sur l'exploitation de Pierre-Jean Duchêne, qui refuse l'abattage de ses 121 vaches menacées par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), après deux cas de contamination dans son troupeau. La maladie animale, sans danger pour l'homme, s'étend dans la région. Depuis la semaine dernière, l'éleveur refuse que les services sanitaires fassent un abattage préventif, pour éviter la propagation de la DNC. Il est soutenu par la Coordination rurale et la Confédération paysanne.

Une quinzaine de personnes est arrivée dans la nuit de dimanche à lundi, de peur d'être ensuite bloquée par les forces de l'ordre. "On est arrivé à minuit, on a dormi dans le bâtiment avec les vaches, avec le strict minimum", explique Michael Jacobi, gérant d'une entreprise de travaux forestiers, venu avec un ami. Même s'il ne connaît pas personnellement Pierre-Jean Duchêne, "dans le milieu, on se soutient", "on n'abat pas un troupeau entier, derrière une famille entière, pour un ou deux cas" positifs, affirme-t-il.

La mobilisation doit se poursuivre

Les manifestants venus en soutien sont des retraités de l'industrie, d'autres viennent de la ville ou des campagnes alentour, comme Isabelle Mathy, éleveuse de vaches laitières dans l'Ain. Elle a fait 50 km pour venir apporter son soutien à Pierre-Jean Duchêne. "Quand il n'y aura plus d'éleveurs, qu'il n'y aura plus de tome, ça va être triste (...) mon père, éleveur aussi, s'est tiré une balle dans le cœur quand j'avais 19 ans, il a capitulé face à la pression, le stress". Elle évoque "le traumatisme que c'est de perdre un troupeau". 

Vers 5 heures, 70 personnes se sont rassemblées devant les bâtiments de l'exploitation de vaches laitières. Des engins ont été installés pour bloquer l'entrée de l'exploitation. Quelques heures plus tard, ils étaient près de 200, arrivant au goutte-à-goutte, a dénombré ICI Pays de Savoie. Pierre-Jean Duchêne n'a pas encore eu de cas supplémentaires dans son élevage. La mobilisation le touche.

"Ça fait chaud au cœur, on a reçu énormément de messages de soutiens de la profession et de l'extérieur."

Pierre-Jean Duchêne, agriculteur

à ICI Pays de Savoie

La Coordination rurale s'insurge contre le gâchis de viande jetée, "des tonnes de viande", "alors qu'elle n'est pas contaminée, elle est consommable !", critique Jérémy Béchet-Barbat, coprésident de la Coordination rurale. Le syndicat demande la suspension de l'arrêté d'abattage, des tests sur les vaches, une étude vétérinaire jusqu'à la fin de la période d'incubation dans dix jours. Il souhaite que ce troupeau serve aussi à en apprendre davantage sur cette maladie mal connue en France.

En attendant, la mobilisation doit se poursuivre dans les prochains jours. À une dizaine de kilomètres de là, un peu moins de cent vaches vont être abattues lundi, à Marigny-Saint-Marcel (Haute-Savoie), après la découverte de deux cas positifs à la dermatose, rappelle ICI Pays de Savoie.