Le télétravail en France "ne va pas disparaître", mais "s'organiser", assure un représentant des DRH
Des entreprises, comme Amazon ou Ubisoft, appellent leurs salariés à revenir en présentiel et à moins voire à ne plus télétravailler.
Le télétravail en France "ne va pas disparaître", mais "s'organiser", assure vendredi 27 septembre Benoît Serre, vice-président de l'association nationale des DRH alors que la tendance aux États-Unis est un retour en présentiel pour les salariés. C'est le cas par exemple d'Amazon qui demande à ses salariés de revenir à temps plein dans ses bureaux. Ou d'Ubisoft qui doit faire face à une grève de trois jours en octobre pour protester contre la fin du télétravail.
"C'est un retour en arrière par rapport à un télétravail plein-temps", précise Benoît Serre. "Je ne crois pas qu'en France, on va revenir en arrière", même si le management français est très attaché "historiquement" à la présence des salariés au sein de l'entreprise. En revanche, les accords sur le télétravail "sont triennaux, précise-t-il, ils arrivent à échéance, ils sont en train d'être renégociés" avec les syndicats. Mais "c'est plus une affaire d'organisation qu'une affaire de restriction", rassure-t-il.
franceinfo : Est-ce que les entreprises françaises sont tentées par le retour du présentiel ?
Benoît Serre : Beaucoup moins. Tout simplement parce que très peu d'entreprises françaises sont parties en total télétravail. En France, 80% des entreprises qui utilisent le télétravail le font au maximum 2 à 3 jours par semaine. Il y a assez peu de télétravail plein-temps en France en réalité. Aux États-Unis, c'est un retour en arrière par rapport à un télétravail plein-temps.
Le télétravail passe forcément par un accord ?
En France, vous pouvez instaurer le télétravail de deux manières, soit avec un accord, et dans ce cas-là, pour le supprimer, il faut un nouvel accord et ce n’est pas la chose la plus évidente à obtenir. Ou alors par une charte. L'employeur décide, tout seul sans les syndicats, de mettre en place le télétravail parce que c'est un droit en France depuis 2016.
Qu'est-ce que le télétravail a changé dans les entreprises ?
On a identifié deux choses assez intéressantes. Une étude aux États-Unis montre que les gens sont moins augmentés ou moins promus quand ils sont tout le temps en télétravail. Par ailleurs, en France, il y avait moins d'arrêts maladie de courte durée quand les gens étaient en télétravail. Il y a des avantages et des inconvénients. En revanche, c'est vrai qu'il y a une demande assez forte, notamment dans les zones urbaines, puisque le télétravail, c'est d'abord un avantage de transport. Ensuite, ça donne le sentiment réel d'une plus grande autonomie dans le travail. C'est l'attente principale des gens. Si l'entreprise arrive à mettre en place des modèles de fonctionnement, de management moins hiérarchisé, moins contrôlé alors le télétravail perd un peu de son attractivité pour les gens.
Ce retour sur le télétravail, est-ce une volonté de certaines directions de reprendre le contrôle ?
Oui, il ne faut pas se mentir, vous avez un certain nombre de directions qui sont très réticentes au télétravail. Surtout, la France a, en Europe, un modèle historiquement très présentiel. Le management attachait plus d'importance au fait que les gens soient là, qu'au fait que les gens travaillent. Par conséquent, il y a une sorte de sentiment de perte d'autorité. Parmi les arguments qu'Ubisoft donne, c'est que le tout télétravail nuit quand même au fonctionnement collectif de l'organisation. Je ne crois pas qu'en France, on va revenir en arrière. Ça ne va pas disparaître, en revanche, ça va s'organiser pour une raison extrêmement simple, les accords sont triennaux et donc ils arrivent à échéance. Ils sont en train d'être renégociés. C'est plus une affaire d'organisation qu'une affaire de restriction. En revanche, le fait qu'on l'organise et qu'on arrête un peu le télétravail "open bar" tel qu'on le connaissait, donne aux gens le sentiment qu'on réduit leur droit. Non, on l'organise.
Est-ce qu'il n'y a pas un risque pour les entreprises d'avoir du mal à attirer les travailleurs de la nouvelle génération ?
C'est certain qu'une entreprise qui supprimerait totalement le télétravail lorsqu’elle l'avait installé deux ou trois jours par semaine pourrait avoir un problème de recrutement et de fidélisation surtout. Vous allez avoir quelqu'un qui va rentrer même s'il n’y a pas de télétravail, parce qu'il faut bien trouver un boulot, et puis il va trouver un autre travail avec du télétravail. À ce moment-là, il risque sûrement de partir. Ceux qui ont goûté au télétravail en quelque sorte ont du mal à revenir en arrière. Le vrai sujet important, c'est de repenser beaucoup les systèmes d'organisation des entreprises, du management, de réduire les échelons hiérarchiques et puis de donner un peu plus de liberté et d'autonomie aux gens quand c'est possible.
Que représente la part du télétravail en France ?
Pour la France, entre 25 et 30% des collaborateurs ont un métier qui leur permet le télétravail. Tous les autres n'en ont pas. Dans le cas d'Amazon, toute une partie des 300 000 salariés d'Amazon ne peut pas faire du télétravail. Quand vous avez un management qui est en télétravail partiel ou total, et puis des tas d'équipes qui ne le sont pas forcément, ça déséquilibre un peu le fonctionnement de l'entreprise. Ça doit aussi être pris en considération.
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