Baisse du chômage en mai : un effet "logique" du déconfinement mais le "choc" reste "énorme", explique l'économiste Mathieu Plane
"La phase 1, c'était vraiment des ajustements de court terme et ce sont les plus précaires qui ont payé la facture, c'est-à-dire les CDD et l'intérim. La phase 2 sera plus sur des emplois plus durables", prédit l'économiste de l'OFCE.
La baisse du chômage en mai (-3,3%, soit 150 000 inscrits en catégorie A en moins) est un effet "logique" du déconfinement, mais le "choc" de la crise liée au coronavirus reste "énorme", avec "900 000 chômeurs de plus qu'en février", explique Mathieu Plane jeudi 25 juin sur franceinfo. L'économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) s'inquiète par ailleurs des conséquences à plus long terme : "Des entreprises ont intégré les difficultés économiques à venir, à la fois avec la dette et les difficultés de reprise d'activité, les conditions sanitaires, et on risque d'avoir des plans de licenciements".
franceinfo : Peut-on parler d'un début de reprise économique ?
Mathieu Plane : Reprise, c'est un grand mot. On peut parler d'un rebond, cela me semble plus juste, c'est-à-dire que le confinement était le choc le plus violent qu'on ait jamais connu depuis l'après-guerre et cela s'est traduit très rapidement dans les chiffres du chômage. On a eu, à Pôle emploi, plus d'un million de chômeurs supplémentaires en l'espace de deux mois. Forcément, avec le déconfinement, il y a une forme de reprise d'activité ou de rebond d'activité qui est tout à fait logique. Typiquement, vous prenez le BTP, sur les chiffres du premier trimestre, on a eu 100 000 emplois détruits, dont 95 000 intérimaires. Quand les chantiers rouvrent, forcément, une partie des intérimaires reviennent. La bonne analyse, c'est de regarder par rapport à la situation d'avant-crise. Et là, on a quand même 900 000 chômeurs de plus qu'en février. Donc, on en récupère une partie et c'est normal, c'est le déconfinement.
Mais il reste quand même un énorme choc de 900 000 chômeurs supplémentaires. À titre de comparaison, par rapport à 2008, sur trois mois, on avait eu 200 000 chômeurs de plus.
Mathieu Plane, économiste à l'OFCEà franceinfo
Quand Bruno Le Maire affirme qu'il y aura 800 000 suppressions d'emplois dans les mois à venir, c'est une fourchette basse, selon vous ?
C'est difficile à dire parce que le gouvernement a quand même une prévision de croissance qui est assez basse, à -11% sur l'année. Et il y a des éléments qui ne sont pas si négatifs : on voit que dans certains commerces, certaines activités, finalement, ça repart assez bien. Par contre, ce qui est inquiétant, c'est plutôt la phase 2 de la crise, qui est la question plus structurelle, c'est-à-dire que des entreprises ont intégré les difficultés économiques à venir, à la fois avec la dette et les difficultés de reprise d'activité, les conditions sanitaires, et qu'on risque d'avoir des plans de licenciements. La phase 1, c'était vraiment des ajustements de court terme et ce sont les plus précaires qui ont payé la facture, c'est-à-dire les CDD et l'intérim. La phase 2 sera plus sur des emplois plus durables.
Les entreprises vont donc se montrer particulièrement frileuses ?
Oui, vous êtes face une incertitude radicale. On le voit bien, si on écoute le discours des épidémiologistes, la rentrée risque d'être compliquée. On ne sait pas bien où on va. On voit qu'on a des plans d'aide qui arrivent quand même, des dispositifs qui se mettent en place, la prolongation de l'activité partielle. Mais malgré tout, il va falloir s'habituer à vivre avec l'épidémie et on ne sait pas combien de temps. Et puis, on a aussi une variante qu'on connaît assez mal : quel va être le comportement des consommateurs dans les mois à venir ? Beaucoup d'entreprises ont très peu de visibilité, ont accumulé des dettes et ont des perspectives d'activité dégradées. Pour elles, c'est extrêmement difficile. Et malheureusement, c'est l'emploi qui fait aussi partie de la variable d'ajustement.
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