L'Europe doit-elle persévérer dans l'austérité ?
Le PIB du Portugal et de la Grèce ne cesse de plonger. Dans plusieurs pays européens, des manifestations ont été organisées contre l'austérité. La rigueur est-elle la bonne solution pour sortir de la crise ? Débat avec deux économistes.
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CRISE EUROPEENNE – Les mauvais chiffres semblent s'accumuler chaque jour un peu plus. En pleine journée européenne de mobilisation contre l'austérité, la Grèce et le Portugal, deux pays durement touchés par la crise, ont publié mercredi 14 novembre leur produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre 2012. Celui de la Grèce a chuté de 7,2% sur un an, quand celui du Portugal diminue de 3,4%. L'austérité mise en place dans ces pays est-elle vraiment la bonne solution ? Francetv info a confronté les points de vue de deux économistes : Henri Sterdyniak, directeur du département Economie de la mondialisation à l'OFCE, et Michel Didier, directeur du Centre d’observation économique et de recherche pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises (Coe-Rexecode).
Le Portugal et la Grèce peuvent-ils encore longtemps mener des politiques d'austérité ?
Henri Sterdyniak : Clairement non. Ces pays sont engagés dans un cercle mortifère. Ils ont été frappés par une crise financière, immobilière et, désormais, c'est une crise générale. Les licenciements se multiplient, la protection sociale s'effrite, les entreprises disparaissent et les services publics deviennent de plus en plus chers. Au lieu de dépenser pour relancer la croissance, les populations épargnent par crainte de ce qui peut arriver le lendemain. Ces pays sont mûrs pour des aventures extrémistes, et c'est leur système démocratique même qui risque d'être remis en cause. Alors que la zone euro a reçu le prix Nobel de la paix, cela ferait mauvais genre.
Michel Didier : Je pense que l'effort peut être poursuivi. Evidemment, il faut que la société tienne alors que la situation est très dure. Le problème, c'est que les populations qui ont qui ont bénéficié du creusement du déficit ne sont pas les mêmes que celles qui souffrent le plus actuellement. Les scénarios sociaux sont durs, mais les efforts consentis commencent à payer et doivent être poursuivis encore trois ou quatre ans selon les cas. La Nouvelle-Zélande au milieu des années 1980 ou encore les pays scandinaves au début des années 1990 ont vécu des situations proches de celle vécue par la Grèce. Ils ont fait un énorme effort sur les dépenses publiques avant de voir leur croissance repartir à la hausse.
Henri Sterdyniak : Mais la conjoncture était complètement différente. En plus des réductions des déficits, ils ont dévalué leur monnaie et gagné en compétitivité. Ils ont également bénéficié de la bonne forme des pays voisins de l'époque pour rebondir. Ce scénario n'est pas transposable aux pays de la zone euro.
La méthode actuelle de réduction des déficits est-elle la bonne ?
Henri Sterdyniak : Je ne sais pas pourquoi on s'obstine dans cette voie. Réduire les déficits pour relancer la croissance, c'est une idée fausse qui ne marche pas. Pour sortir de la crise, il faut consommer plus. Il faut pour cela rassurer les ménages en maintenant les dispositifs de protection sociale. Il faut que les Etats aident les entreprises qui veulent investir, et lancent de grands projets. C'est une obligation pour la Grèce, le Portugal ou encore l'Espagne, mais également pour la France. N'oublions pas que ces économies sont les clientes de nos entreprises !
Michel Didier : Les PIB de la Grèce, du Portugal ou de l'Espagne sont certes en repli, mais progressivement leurs déficits publics ont cessé de gonfler et ont commencé à se résorber rapidement. Le Portugal, par exemple, a regagné en outre en compétitivité. C'est un signe positif. Il faut continuer sur cette voie. Pour des pays seuls, une dévaluation est souvent envisagée pour redonner davantage de compétitivité aux entreprises et relancer la croissance. Mais ce scénario est impossible pour la zone euro, où les économies des Etats sont extrêmement contrastées. Dans ce contexte, il faut persévérer dans l'assainissement des comptes publics.
Selon la presse allemande, Berlin s'inquiète de la situation de la France. Peut-on vivre un scénario similaire à celui de la Grèce ?
Henri Sterdyniak : Nous n'en sommes pas là, mais attention de ne pas rajouter de l'austérité à l'austérité. Les 3% de déficit ne doivent pas forcément être atteints fin 2013. Augmenter la TVA et diminuer les dépenses publiques, c'est hors sujet. Le vrai sujet, c'est la relance de l'économie.
Michel Didier : Nous ne suivons en aucune façon le chemin de la Grèce, et notre situation ne lui est en rien comparable. Nous avons nos problèmes, mais ils sont identifiés et des mesures commencent à être prises pour relancer la compétitivité de nos entreprises, ou encore réduire nos déficits. Ce qui angoisse nos voisins allemands, c'est qu'en cas d'incapacité à financer notre endettement, personne dans la zone euro n'aura les capacités de nous venir en aide. Rappelons que la dette française est l'une des meilleures du monde.
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