"On n'a pas la même force de marketing" : face aux chaînes de boulangeries dans les zones périurbaines, les petits artisans s'accrochent

En périphérie des villes, les boulangeries artisanales ne sont plus seules. Des chaînes de boulangeries s'y sont aussi implantées et elles ne cessent de se développer, comme près d'Aix-en-Provence.

Article rédigé par Anne-Lyvia Tollinchi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cette boulangerie Ange, à Aix-en-Provence, vend des produits traditionnels, tout en multipliant les promotions, comme le fait la grande distribution. (ANNE-LYVIA TOLLINCHI / FRANCEINFO)
Cette boulangerie Ange, à Aix-en-Provence, vend des produits traditionnels, tout en multipliant les promotions, comme le fait la grande distribution. (ANNE-LYVIA TOLLINCHI / FRANCEINFO)

Elles s'appellent Marie Blachère, Ange, Feuillette, Louise... Ces chaînes de boulangeries se sont développées comme des petits pains ces dix dernières années. Elles se sont installées dans les zones périurbaines où étaient déjà implantées des boulangeries artisanales. Les artisans et les chaînes se partagent donc ces zones mais c'est un combat à armes inégales, comme dans cette zone industrielle de la périphérie d'Aix-en-Provence.

Il est impossible de manquer le bâtiment noir en forme de cube de la boulangerie Ange, avec un grand parking devant. Le nom est écrit en lettres majuscules sur la devanture. À l'intérieur, il y a beaucoup de monde devant les caisses ou autour des tables, et en arrière-plan, des boulangers sont en plein travail. "Ça, on l'a fait exprès pour bien montrer qu'on fabrique le pain sur place", précise François Bultel, fondateur des boulangeries Ange. 

Les chaînes de boulangeries multiplient les promotions

"On a été là où la France s'est développée, c'est la périphérie urbaine avec une population plutôt de jeunes actifs. On trouve des parkings plus facilement, on est sur des lieux de passage... Les clients ont aussi besoin de repères de marques, il y avait une demande de commerces qui n'existaient pas", explique-t-il. 

Dans les boulangeries Ange, les clients peuvent voir les boulangers en plein travail. "Ça, on l'a fait exprès pour bien montrer qu'on fabrique le pain sur place", précise François Bultel, fondateur de la marque. (ANNE-LYVIA TOLLINCHI / FRANCEINFO)
Dans les boulangeries Ange, les clients peuvent voir les boulangers en plein travail. "Ça, on l'a fait exprès pour bien montrer qu'on fabrique le pain sur place", précise François Bultel, fondateur de la marque. (ANNE-LYVIA TOLLINCHI / FRANCEINFO)

L'enseigne vend des produits traditionnels, du pain, des viennoiseries et des plats mais en multipliant les promotions, comme le fait la grande distribution. "Ici, c'est moins cher de manière assez significative", note par exemple Philippe, un client. 

"C'est bon ici, et on peut se garer facilement".

Rosie, une cliente

à franceinfo

"Il y a d'autres boulangeries mais bon, il y a moins de choix, c'est plus compliqué de se garer. Avec le temps, c'est devenu un réflexe", justifie aussi Joseph. 

"Je préfère l'artisan à une grande chaîne"

Les autres boulangeries qui se trouvent autour sont des indépendantes avec des plus petites salles, des plus petites terrasses, comme "Aux pains de César", une boutique installée dans la zone il y a 11 ans.

"La concurrence est très dure".

Corinne, responsable d'une boulangerie artisanale

à franceinfo

"Nous, les promotions, on ne peut pas se permettre. On est au juste prix", assure Corinne, la responsable. Elle mise donc sur le "100% fait maison" pour fidéliser les clients. "On joue sur la qualité. Ils ont leurs propositions, on a les nôtres. Le soleil se lève pour tout le monde", estime-t-elle. Et cela fonctionne avec Matthieu : "Je préfère l'artisan à une grande chaîne. C'est plus frais, c'est meilleur". 

Si certains artisans s'accrochent, d'autres, comme Alicia, appréhendent une montée en puissance de ces chaînes. Marie Blachère compte près de 800 magasins en France, Ange en a presque 300. "C'est vraiment le pot de terre contre le pot de fer, explique-t-elle. On n'a pas la même force de négociations sur les matières premières, on n'a pas le même volume. On n'a pas la même force de marketing. Donc si l'écart se creuse, si l'industrie prend le dessus, c'est notre patrimoine français qui va se perdre. On ne peut pas lutter contre ça". Les syndicats des boulangers-patissiers remarquent déjà une baisse du nombre d'installation d'artisans indépendants dans les zones périurbaines du département.

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