Surtaxe d'impôt sur les sociétés : Bernard Arnault répond à Michel-Edouard Leclerc et lui conseille de "vendre davantage de produits français"

Le président du comité stratégique des centres E.Leclerc a commenté vendredi les déclarations du PDG de LVMH sur la "taxation du made in France". Des propos qui ont fait réagir l'homme le plus riche de France, qui assure qu'il n'est pas question de délocaliser son groupe de luxe.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Michel-Edouard Leclerc lors son bureau à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 22 octobre 2018. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Michel-Edouard Leclerc lors son bureau à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 22 octobre 2018. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a critiqué, vendredi 31 janvier sur LCI, la menace de quitter le pays émise par le PDG de LVMH, Bernard Arnault. Il a assuré qu'aucun patron des magasins E.Leclerc ne ferait un tel "chantage". "Ce n'est pas forcément positivement impactant d'avoir un des hommes les plus riches de France qui dit : "Si ça ne le fait pas, je quitte le pays'", a déclaré Michel-Edouard Leclerc sur la chaîne info.

Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, avait estimé mardi que le gouvernement mettait en place une "taxe sur le made in France" qui "pousse à la délocalisation". Interrogé pour savoir s'il faisait bien allusion à lui, Michel-Edouard Leclerc a répondu par l'affirmative. Il a ensuite poursuivi : "Vous ne m'entendrez jamais dire ça". "Tous les chefs d'entreprise des Leclerc, Intermarché, U, Intersport [sont des] gens de terroir", a-t-il ajouté, et "aucun d'entre nous [ne ferait] un chantage comme ça".

"Je n'ai jamais dit que nous allions délocaliser LVMH"

En marge de la présentation des résultats 2024 de LVMH, Bernard Arnault avait comparé la situation en France avec celle aux Etats-Unis, avec une allusion à la surtaxe d'impôt sur les sociétés prévue, pour les plus grosses, dans le budget actuellement en préparation en France pour l'année 2025. Cette surtaxe devrait rapporter quelque 8 milliards d'euros à l'Etat cette année. "Quand on revient en France et qu'on voit qu'on s'apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c'est incroyable. Pour pousser à la délocalisation, c'est idéal !", avait-t-il dénoncé. "C'est la taxation du made in France."

Les enseignes organisées en coopératives comme E.Leclerc, regroupant plusieurs centaines de sociétés indépendantes (magasins ou producteurs agroalimentaires), ne devraient globalement pas être concernées par la surtaxe, chaque entité prise séparément n'atteignant pas le seuil de chiffre d'affaires retenu. Sur LCI, Michel-Edouard Leclerc a dit "penser" que l'enseigne, comme toutes les entités organisées en coopératives ou mutuelles d'entreprises, "ne verse pas de dividende au niveau national" et n'est "pas concernée par cette mesure". Un avantage qui fait grincer les dents d'autres enseignes du commerce, fiscalement intégrées.

"Je n'ai bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser le groupe LVMH", a répondu Bernard Arnault dans un message posté par son groupe sur X. "C'est précisément parce que j'aime la France et que je souhaite que notre pays continue à rester compétitif que j'ai tenu à alerter sur des mesures qui me paraissent en tous points contre-productives" Il a également conseillé "à Monsieur [Michel-Edouard] Leclerc, puisqu'il semble vouloir défendre les PME françaises", de "vendre dans ses supermarchés davantage de produits français, et d'arrêter de pressurer les fournisseurs français, au risque de les mettre en difficulté, en cherchant à obtenir d'eux des prix toujours plus bas."

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