Retraite des femmes, impôt sur le revenu, prime Macron... Quelles sont les premières pistes de Sébastien Lecornu pour le budget ?

Le Premier ministre, qui a fait peu d'annonces depuis sa nomination, a en revanche écarté l'instauration de la taxe Zucman ou le rétablissement de l'ISF.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre Sébastien Lecornu lors d'une allocution sur le parvis de Matignon, le 3 octobre 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu lors d'une allocution sur le parvis de Matignon, le 3 octobre 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)

Il a tranché la méthode avant le fond. Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas recourir à l'article 49.3 de la Constitution, y compris pour faire adopter le prochain budget, dans une allocution vendredi 3 octobre, avant de recevoir les représentants de plusieurs partis de l'opposition. Le Premier ministre est donc d'autant plus attendu sur le contenu de ses textes budgétaires, qui devra convaincre une majorité des députés. Depuis sa nomination, il distille ses propositions au compte-gouttes.

Il avait déjà annoncé l'abandon de la suppression des deux jours fériés envisagés par son prédécesseur, François Bayrou. Jeudi, son entourage a fait savoir qu'il étudiait aussi une baisse de l'impôt sur le revenu pour les couples payés "légèrement" au-dessus du smic, tout comme un rétablissement de la prime Macron. En revanche, il s'oppose à la taxe Zucman ou à un retour de l'impôt sur la fortune (ISF). Franceinfo vous résume ces premiers éléments.

Il veut améliorer la retraite des femmes

Il l'a annoncé lundi dans un courrier adressé aux syndicats. Le Premier ministre veut inscrire l'"amélioration de la retraite des femmes" dans le projet de budget de la Sécurité sociale, qui sera débattu cet automne, en reprenant certaines mesures proposées dans le cadre du "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'était achevé par une impasse en juin.

Son ultime projet d'accord avorté proposait de prendre en compte, dans le calcul de la pension de retraite, les 24 meilleures années de carrière pour les femmes ayant eu un enfant, et les 23 meilleures années pour les femmes ayant eu deux enfants et plus, plutôt que les 25 meilleures années comme aujourd'hui. Le texte prévoyait également que les femmes bénéficiant de trimestres supplémentaires pour avoir eu des enfants puissent en comptabiliser deux dans le dispositif "carrière longue", qui permet un départ à la retraite anticipé. Le Premier ministre n'a pas précisé s'il comptait reprendre ces propositions à l'identique.

Sébastien Lecornu dit aussi vouloir "poursuivre les échanges (...) autour des enjeux de pénibilité et d'usure professionnelle", des sujets sur lesquels le patronat et les syndicats se sont opposés pendant le "conclave". En revanche, le Premier ministre s'est fermement opposé à une abrogation de la réforme de retraites de 2023, réclamée par l'ensemble des syndicats et la gauche.

Il promet de réduire le train de vie de l'Etat

Sébastien Lecornu a dit, dans une interview au Parisien le 26 septembre, qu'il souhaitait "proposer une diminution de 6 milliards d'euros sur l'Etat et son train de vie". Il a déjà annoncé des mesures très symboliques. Des avantages accordés "à vie" aux anciens Premiers ministres et à certains ex-ministres seront ainsi limités dans le temps à partir du 1er janvier 2026, et les nouvelles dépenses de communication de l'État sont suspendues jusqu'à la fin de l'année, à l'exception des campagnes de santé publique et de recrutement. Lundi, il a aussi promis que Matignon ne demanderait pas de hausse de sa dotation de fonctionnement en 2026, au lendemain d'une annonce similaire de l'Elysée.

Il étudie une baisse de l'impôt sur le revenu pour les couples proches du smic

Le Premier ministre étudie, selon son entourage, la possibilité d'une réduction de l'impôt sur le revenu pour les couples payés chacun "légèrement" au-dessus du smic. L'objectif de cette mesure est "d'alléger leur montant d'impôt", voire de "l'annuler pour tous ceux en entrée de barème".

Cette source explique que le projet consiste en une "conjugalisation de la décote", un mécanisme de réduction de l'impôt sur le revenu des ménages aux ressources modestes. L'objectif est que les couples soient "traités" fiscalement comme les célibataires, aujourd'hui avantagés par le mode de calcul de cette décote.

Auprès de France Télévisions, Matignon a précisé que "l'effet serait concentré sur les personnes déclarant entre 17 000 euros et 27 000 euros par personne du couple". Il concernerait cinq millions de foyers, pour un gain moyen de 300 euros par an.

Il réfléchit à défiscaliser les heures supplémentaires et rétablir la prime Macron

"Une défiscalisation et un allègement des charges sociales" sur les heures supplémentaires figurent aussi parmi les pistes de Sébastien Lecornu, selon son entourage. Il examine aussi le rétablissement des avantages fiscaux associés à la prime Macron dans sa formule originelle. Facultative et versée par les entreprises, cette prime avait connu un franc succès jusqu'en 2023, quand elle était notamment exonérée d'impôt sur le revenu pour les salariés gagnant moins de trois fois le smic. Mais elle était moins sollicitée depuis 2024 et sa transformation en prime de partage de la valeur, à nouveau fiscalisée.

Il a dit non à la taxe Zucman et au rétablissement de l'ISF

Lors de son allocution, vendredi, Sébastien Lecornu a redit son opposition à l'instauration de la taxe Zucman, qui propose de créer un impôt plancher de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros. Mais ce débat "pose la question de la justice fiscale", a reconnu le Premier ministre, qui a annoncé que certains impôts augmenteront, sans préciser lesquels.

Le retour de l'impôt sur la fortune, remplacé en 2018 par un impôt sur la fortune immobilière, a aussi été écarté. Enfin, Sébastien Lecornu a annoncé l'abandon de la suppression des deux jours fériés, mesure la plus contestée du projet de budget de François Bayrou.

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