"L'important, c'est qu'il y ait un vrai dialogue et d'essayer de trouver des compromis", raisonne Charles de Courson, qui refuse le "procès d'intention" aux macronistes

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Article rédigé par franceinfo
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Charles de Courson, député Liot de la Marne, est l'invité politique de franceinfo, dimanche 19 octobre. Il partage son expertise notamment sur le projet de loi de finances pour 2026. Un compromis est-il possible ?

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Charles de Courson est l'invité politique de franceinfo, dimanche 19 octobre. Le député Liot de la Marne siège à l'Assemblée nationale en commission des finances depuis une trentaine d'années.

Franceinfo : Vous en avez connu, des débats budgétaires difficiles. Celui-ci s'annonce extrêmement compliqué, du fait de cette assemblée sans majorité, des déficits et des efforts demandés aux Français, avec en plus l'abandon du 49.3. Que pensez-vous à ce stade ? Pensez-vous de cette assemblée-là, que vous connaissez bien, est capable d'arriver dans les délais à voter un budget ?

Charles de Courson : Il ne faut jamais désespérer. L'année dernière, en commission des finances, on a eu 4 911 amendements. Là, à ce jour, on est à 1 759, division par trois. Pourquoi ? Parce qu'au bureau de la commission des finances, on a dit : "écoutez, soyons raisonnables". Et on a essayé de donner des quotas indicatifs à chaque groupe. Après, vous ne pouvez pas maîtriser des individus. C'est un droit constitutionnel, le droit d'amendement. Donc ça va dans la bonne direction.

D'ailleurs, ce sont les macronistes qui ont le plus amendé. C'est étonnant, non ?

Non, ça ne m'étonne pas.

Alors que c'est le budget du gouvernement, normalement c'est l'opposition qui met le plus d'amendements.

Autrefois, oui. Mais vous savez, il n'y a plus de majorité, il n'y a plus d'opposition. Donc c'est une situation originale, qu'on n'a jamais connue depuis 58.

Mais ça correspond à une tactique des macronistes, qui voudraient faire traîner les débats ?

Je ne vais pas leur faire ce procès d'intention pour le moment. L'important, c'est qu'il y ait un vrai dialogue et d'essayer de trouver des compromis. Les ministres, Mme. de Montchalin et M. Amiel, ont auditionné les représentants de chaque groupe pour un peu tâter le terrain, voir quelles sont les dispositions qui posaient problème, est-ce qu'on avait des contre-propositions ou des sujets non traités dans cette première partie, donc la partie recette ?

Donc il y a eu un petit travail en amont. Mais qu'est-ce que vous pensez de la décision de Sébastien Lecornu de renoncer au 49.3 ? Est-ce que vous nous dites ce soir, vous qui connaissez si bien la vie parlementaire : "enfin, la démocratie parlementaire va être respectée", ou au contraire, "le débat peut virer à la foire fiscale" ?

Le 49.3, je vous le rappelle, c'est le fait d'engager sa responsabilité sur un texte, et seuls ceux qui réagissent par une motion de censure vont voter pour la motion de censure. C'est ça. Mais il n'y a pas que le 49.3. Le Premier ministre n'a pas renoncé au 49.2, c'est-à-dire le vote bloqué. C'est-à-dire qu'à la fin des examens d'un texte, on fait tomber ceux qui ne plaisent pas au gouvernement et on dit "vote bloqué" sur un texte où éventuellement on a pris certains des amendements, mais pas d'autres. Et après, c'est à prendre ou à laisser.

Mais vous lui faites confiance ce soir. Vous avez Roland Lescure aux Échos, le ministre de l'Économie et des Finances, qui dit : "Nous tiendrons parole", que l'engagement notamment sur la réforme des retraites, la suspendre jusqu'à la présidentielle, sera tenu.

Le Premier ministre l'a annoncé, donc on attend un amendement dans la loi de financement de la sécurité sociale sur cette affaire. Nous, qui avons combattu cette réforme, non pas sur l'idée de la prolongation de l'âge de départ à la retraite. Nous, ce que nous avions préconisé, ce sont les cinq mesures pour inciter nos concitoyens à travailler plus longtemps et récompenser ceux qui le souhaitent.

Ce qui est assez étonnant, c'est qu'on avait soulevé le problème des seniors. Nous étions pour une négociation, qui a eu lieu après le vote, hélas, de ce texte qui a mis le feu à ce pays. Nous avions proposé de réformer le contrat de retraite progressive qui permet tout à la fois, par exemple, de se mettre à mi-temps et de toucher 50% si vous êtes à mi-temps de votre retraite. Les partenaires sociaux ont repris, et ont trouvé un accord. Donc, on voit bien : il reste la suppression de toutes les règles de cumul en points retraite. Vous savez, il paraît qu'on veut inciter les gens à travailler. Dans les 42 régimes avec des dispositions et des différences de régime à régime, on pénalise ceux qui sont retraités, et qui reprennent un travail.

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