"Est-ce qu'il ne faut pas, dans nos écoles primaires et maternelles, avoir des personnes qui s'occupent de la surveillance et de la sécurité ?", interroge Anne Genetet, députée Renaissance et ex-ministre de l'Éducation nationale

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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Sur le plateau des "4 Vérités" jeudi 25 septembre, Anne Genetet, ancienne ministre de l'Éducation nationale du gouvernement Barnier, et députée Renaissance des Français établis hors de France, revient les points principaux de crispation du débat budgétaire entre les oppositions et l'exécutif.

Retraites, contribution des plus riches, travail... Autant de sujets desquels doivent débattre les partenaires sociaux et parlementaires avec le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, pour s'accorder sur une ligne commune et un budget pour 2026. Pour en parler, Gilles Bornstein reçoit Anne Genetet, l'ancienne ministre de l'Éducation nationale du gouvernement de Michel Barnier, à présent députée Renaissance des Français établis hors de France, dans les "4V" du 25 septembre. L'élue annonce notamment présenter "fin octobre" un "projet sur comment refondre l'école", un sujet qui lui tient à cœur.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Gilles Bornstein : Sébastien Lecornu, le Premier ministre, consulte et essaie de trouver un budget acceptable pour les uns et les autres. Votre groupe, celui du parti du président de la République, acceptera-t-il une taxation accrue des plus favorisés ?

Anne Genetet : Depuis 2017, nous avons toujours été pour une politique de l'offre, une politique qui commence par distribuer l'argent qu'elle a et pas l'argent qu'elle n'a pas. Maintenant, ça ne veut pas dire que nous ne sommes pas favorables à ce que cet effort national qui doit être porté aujourd'hui soit justement réparti. Donc la réflexion, les débats, seront là lorsque nous aurons notre copie budgétaire.

Mais, "l'effort doit être réparti", cela veut dire que oui, vous accepterez, d'une manière ou d'une autre, une taxation supplémentaire des plus favorisés ?

Voyons la copie, voyons ce qu'elle propose.

On n'avance pas beaucoup...

Non, mais on ne peut pas, pour le moment. Et justement, on n'arrête pas de débattre de choses qu'on ne connaît pas. Et c'est ça la difficulté. Les Français, ce n'est pas ce qu'ils attendent. Ils ont besoin de savoir quelle sera la copie.

Les Français attendent tous massivement une taxation accrue.

Ils veulent un effort, justement. Ils veulent un effort partagé, c'est ce que je vous dis. Il faut que l'effort soit justement partagé et que chacun puisse contribuer à l'effort national qui est indispensable.

Dans la copie, on parle de plus en plus d'un retour de l'ISF, de l'impôt de solidarité sur la fortune que vous aviez supprimé en 2017. Est-ce qu'un tel retour de l'ISF, vous pourriez vous y résoudre ?

Je ne vais pas m'engager, nous n'avons pas encore discuté de ce sujet parce qu'il n'a pas été mis sur la table, on ne l'a pas soumis. En tout cas, il faut se poser la question. Nous sommes lucides, nous savons qu'il y a des rapports qui ont été soumis et qui disent que finalement l'effet attendu de la suppression de l'ISF n'est pas là. Mais pour le moment, le sujet n'est pas là. On n'a pas la copie et la parlementaire que je suis a besoin d'avoir la copie budgétaire pour savoir sur quoi précisément nous devons nous engager. Mais au bout du compte, ce sur quoi vous pouvez compter, c'est que le groupe Ensemble pour la République sera toujours là pour tendre la main, pour trouver un compromis. Est-ce que nous devons aller vers un compromis, vers une solution que nous ne voulons pas, que nous ne partageons pas depuis le début ? C'est ce que j'ai toujours dit, le compromis, c'est accepter des petits renoncements. Donc quels seront ces petits renoncements ? Je ne peux pas vous les dire pour aujourd'hui, nous ne les connaissons pas, mais il y en aura forcément, et j'appelle chacun à ses responsabilités dans tous les groupes politiques à considérer les petits renoncements qu'il devra concéder.

"Nous ne voulons pas mettre de lignes rouges"

Je ne sais pas si c'est un petit, ou un gros, ou un moyen renoncement. On parle d'une suspension de la réforme des retraites. Ce que exigerait le Parti socialiste, ce qu'ont exigé les syndicats hier, ça vous y êtes prêts ?

Il faut être lucide, là aussi. Nous avons un problème de démographie. Comment peut-on continuer à mentir aux Français et leur faire croire qu'en travaillant moins, on va pouvoir continuer à avoir une retraite conséquente ?

Ce n'est pas travailler moins, c'est arrêter de travailler plus.

Ce que la gauche demande, c'est de travailler moins longtemps. Donc, nous, ce que nous disons, c'est que c'est mentir quelque part aux Français, ça ne marche pas. Dans l'économie que nous avons aujourd'hui, ça ne marchera pas.

Pardon, mais suspendre la réforme des retraites, ce n'est pas travailler moins longtemps, c'est arrêter le mouvement qui voudrait qu'on travaille plus, ce qui n'est pas tout à fait pareil.

Là aussi, ça fait partie de la loi de financement de la Sécurité sociale. On verra ce qu'elle nous propose, comment nous pouvons avancer. Mais en tout cas, il ne faut pas mentir aux Français, il faut leur dire la vérité. S'ils veulent continuer à avoir une retraite par répartition, il va tous falloir qu'on travaille plus.

Je n'entends pas de veto de votre part. La suspension, et non l'abrogation, de la réforme des retraites n'est pas une ligne rouge ?

Absolument, j'ai bien entendu. D'une manière générale, nous sommes très clairs, nous ne voulons pas mettre de lignes rouges. D'ailleurs, moi je l'avais dit il y a quelque temps, nous devons au contraire tracer des lignes vertes et voir ce vers quoi nous voulons aller. Ayons cette copie budgétaire, et après, le député entre en jeu et c'est là que nous commençons à débattre et à voir comment avancer, avec un objectif qui est très clair pour nous, le compromis avant tout, débloquer le pays avant tout, et permettre d'avancer. Nous ne serons pas ceux à l'origine du blocage du pays.

Les syndicats exigent l'abandon de tout ce qui était dans le budget Bayrou, et en particulier, ils exigent l'abandon de la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires. Et en même temps, votre collègue, député des Hauts-de-Seine, Philippe Juvin, dans un papier du Monde, dit qu'il y a trop de fonctionnaires en France en comparaison à nos voisins, et quand on fait une comparaison dans le temps, il demande une diminution du nombre de fonctionnaires, il dit qu'on ne pourra pas réduire durablement le déficit budgétaire, sans réduire le nombre de fonctionnaires. Vous en pensez quoi ?

Les fonctionnaires, ce ne sont pas des pions, ce ne sont pas des chiffres. Donc, dire qu'il faut plus 3 000, moins 3 000, moi, la question, et la question que nous posent tous les jours les Français, c'est : l'État est-il efficace ? Soyons capables d'interroger et de voir dans telle structure, dans tel service, est-ce que dans telle collectivité territoriale, le nombre de fonctionnaires est adapté aux services que l'on attend ? Si je prends l'école, un sujet que je connais bien, vous avez par exemple un rapport de l'Institut des politiques publiques de juillet dernier qui dit clairement que, moins d'élèves jusqu'à présent, l'Éducation nationale aurait dit, on va supprimer tant de postes d'enseignants. Justement, l'IPP nous dit : peut-être pas, il faut peut-être au contraire se poser la question de les mettre ailleurs, autrement, pour qu'ils soient plus efficaces au service d'une école plus performante. Voilà les bonnes questions qu'on doit se poser.

Mais si on va faire des économies, il va bien falloir les trouver quelque part ?

Bien sûr, et c'est là qu'il faut, là encore, interroger plutôt que de faire des coupes sèches en disant moins 5 % par-ci, moins 10 % par-là. Interrogeons-nous, comme le ferait d'ailleurs toute structure. On doit s'interroger, questionner les processus.

Vous voulez vous interroger sur tout ce matin, enfin, j'entends bien les questions, mais j'entends moins les réponses...

Je vais proposer un projet fin octobre, à peu près, sur comment refondre l'école. On voit bien que dans l'organisation de l'école, il y a des structures que nous devons questionner. Est-ce qu'elles sont utiles ? Par exemple, moi, je vois la manière dont les programmes scolaires sont conçus. Est-ce qu'on a besoin d'autant de personnes pour concevoir des programmes ? Est-ce qu'on peut pas en avoir un peu moins, réparties autrement ? Est-ce qu'on ne peut pas laisser une partie des programmes à la main des chefs d'établissement avec leur conseil d'établissement pour une petite partie du programme ? En revanche, il faut se poser la question, si on parle encore des êtres humains qui sont derrière tous ces fonctionnaires, est-ce qu'il ne faut pas dans nos écoles primaires et maternelles avoir des personnes qui s'occupent là aussi de la surveillance et de la sécurité de nos écoles ?

Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

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