Budget 2026 : "Le compromis du Premier ministre vers la gauche est dans la reconnaissance d'une injustice fiscale", juge Juliette Méadel

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Article rédigé par France 2 - Édité par l’agence 6médias
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Invitée des "4V" lundi 29 septembre, Juliette Méadel, ministre démissionnaire déléguée chargée de la Ville, défend la position de Sébastien Lecornu face aux propositions budgétaires des Socialistes. Pour elle, le Premier ministre leur tend toujours la main.

Dans une interview donnée au Parisien le 26 septembre 2025, Sébastien Lecornu repousse la majorité des volontés budgétaires du Parti socialiste. Gilles Bornstein accueille dans les "4V", lundi 29 septembre, Juliette Méadel, ancienne porte-parole du Parti socialiste de 2014 à 2016 et désormais ministre démissionnaire du gouvernement de François Bayrou, chargée de la Ville. Elle réagit à l'interview donnée par le Premier ministre au Parisien affirmant que, selon elle, Sébastien Lecornu tente tout de même de trouver un compromis avec les Socialistes.

Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.


Gilles Bornstein : Sébastien Lecornu a dit : "Pour y arriver, il faut de la rupture, y compris sur le fond". Alors, pas de taxe Zuckman, pas de retour de l'ISF, pas de suspension de la réforme des retraites. Voyez-vous des signes de rupture dans les propositions du Premier ministre ?

Juliette Méadel : On est dans un moment où on a besoin de compromis. Je sais que le compromis est un gros mot en France, mais en réalité, on a besoin de ça, parce que s'il n'y a pas de compromis, ce sera le chaos. Je vous le dis avec beaucoup de tristesse et d'inquiétude, mais aussi de gravité. Dans le chaos, ce seront les plus fragiles qui paieront les pots cassés tout de suite. On est dans un moment de crise économique, de crise sociale, de crise politique, et je ne parle même pas de ce qui se passe aux frontières de l'Europe. Les survols de la Pologne par des drones russes, ce n'est pas moi qui les ai inventés. Donc là, c'est un moment où le compromis doit être le seul objectif.

Justement, où avez-vous vu du compromis dans l'interview du Premier ministre ?

Des ouvertures ont été faites très nettement. Moi, j'y ai vu d'abord les mots d'injustice fiscale, j'y ai vu les mots de pénibilité, j'y ai vu les mots de dialogue social et même la proposition qui est faite de ne pas se saisir du 49.3, qui est une façon aussi de reconnaître la situation.

Il n'est pas question d'une proposition formelle, c'est l'idée de l'éviter au maximum.

Elle est parfaitement cohérente avec la situation parlementaire. Aujourd'hui, personne ne peut avoir raison tout seul à l'Assemblée nationale. Donc il faut du compromis, tout au moins pour atteindre notre objectif qui est que le pays se remette à tourner et qu'il se renforce sur les plans économique et social.

Le compromis, c'est bien, mais les preuves de compromis, c'est mieux. Donc quand on dit pas de taxe Zuckman, pas de retour de l'ISF, où voyez-vous du compromis là-dedans ?

Le compromis, il est dans la reconnaissance de l'injustice fiscale.

Mais ça, c'était acquis. Maintenant, il faut du fond.

Il y a un constat fondamental. Moi, femme de gauche, je considère, comme aujourd'hui la majorité des Français, mais en réalité depuis toujours, que le problème, ce n'est pas la richesse. Le problème, c'est l'injustice. Aujourd'hui, quand 0,00002 % de la population, ceux qui ont quelques centaines de millions d'euros de patrimoine, paient moins d'impôts que tous les autres, c'est un sujet. L'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui, comme vous le savez, a valeur constitutionnelle, dit que chacun doit contribuer à raison de ses facultés.

Comment les fait-on payer, puisque ce ne sera ni la taxe Zuckman, ni un rétablissement de l'ISF ? Cette idée de justice fiscale que vous appelez de vos vœux, quel contenu le Premier ministre doit-il lui donner ?

Le Premier ministre aujourd'hui n'a pas encore précisé le contenu, mais le constat même qui vous dit qu'il faut de la justice fiscale est un constat qui amène à quoi ? Je ne sais pas si ça sera une taxe ou pas et je vais vous dire mieux, à titre personnel, je ne crois pas que le mot de taxe soit requis. Ce qu'il faut, en revanche, c'est une législation fiscale plus juste. Aujourd'hui, il y a des ultrariches qui bénéficient d'une sorte de trappe fiscale qui leur permet d'escamoter une partie de la législation fiscale. Ce n'est pas de la fraude, c'est légal, mais c'est une façon de moins payer que tous les autres Français contribuables.

Le constat, on le connaît tous depuis longtemps. Maintenant, vous n'êtes pas journaliste politique, vous êtes actrice de la vie politique. Ce qu'on demande, ce sont des actes. Cette nouvelle législation, est-ce qu'elle doit rapporter ? On sait que les socialistes ne veulent pas se contenter de chiffres d'une taxe ou d'une législation symbolique. Ils veulent que ça rapporte plusieurs milliards d'euros. Vous êtes d'accord avec ça ?

Je suis d'accord avec le compromis qui a été proposé par le Premier ministre dans son interview au Parisien et qui va s'affiner. Je n'en ai pas discuté personnellement avec lui, donc je ne sais pas quel sera le contenu final. Mais ce que je constate, c'est qu'on a un Premier ministre qui met sur la table la question de l'injustice fiscale. C'est un diagnostic qui ouvre évidemment la voie à une modification de la législation. Maintenant, encore une fois, personne ne peut arriver aujourd'hui en disant : « je veux avoir raison à moi tout seul ». Et donc moi, est-ce que le compromis, je vais le trouver idéal et formidable ? Bien sûr que non. Même moi, je considère que le compromis, il faut toujours accepter d'en rabattre un peu. Mais il n'y a pas d'autre solution aujourd'hui. Donc moi, je dis à mes anciens camarades socialistes : soyons raisonnables ensemble. Essayons de construire une solution où on va pouvoir faire avancer les choses tout de suite.

Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

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