Hausse des carburants : "Il faut faire attention à la fracture" entre les villes et le monde rural
L'ancien député socialiste Gilles Savary milite pour que le monde rural ait un meilleur accès aux véhicules propres.
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Avec la hausse des prix des carburants, "le monde rural a l'impression d'être mis en coupe réglée par les bobos des villes qui peuvent se rendre à vélo à peu près partout", a estimé le consultant spécialiste des transports et ancien député socialiste Gilles Savary, invité de franceinfo lundi 5 novembre.
franceinfo : Vous avez été l’auteur d’une tribune intitulée “Les damnés de la mobilité” au moment du passage au 80 km/h sur les routes secondaires. Quel est le point commun avec ce mouvement contre la hausse des prix des carburants ?
Gilles Savary : Le point commun, c’est qu’il y a des populations qui habitent loin des villes contre leur gré, parce que les villes sont devenues trop chères. Elles habitent à 40, 50 ou 60 kilomètres mais leurs emplois ne se sont pas déplacés avec elles et elles sont obligées de faire tous les jours de très pénibles déplacements domicile-travail, souvent avec des bouchons à la clé, avec des trains qui ne fonctionnent pas suffisamment bien. Et surtout, avec une très grande incapacité à massifier ces transports parce que ces personnes habitent dans des villages où il n’y a pas que le déplacement domicile-travail qui les contraint, il y a aussi le trajet domicile-médecin qui est à un autre endroit, le domicile-regroupement pédagogique pour le petit, domicile-collège... Tout est éclaté. Le village ancien n’est plus un village complet et donc, pour eux, il est impossible de se départir du véhicule et même pire que ça : ils en achètent un deuxième.
Est-ce que ça donne un sentiment de double peine, voire de triple ou quadruple peine ?
Il y a un sentiment surtout, et il faut que le président de la République fasse attention, de trahison de ses engagements. Il était là pour revaloriser le travail et le ménage qui est touché est un ménage qui travaille. Il était là pour augmenter le pouvoir d’achat et ces ménages, souvent de classes moyennes inférieures, se voient amputés de leur pouvoir d’achat. Il risque donc d’y avoir un mouvement de grogne considérable. Ce n’est pas simplement dû à la politique d’Emmanuel Macron, c’est dû à une nécessité écologique qui n’est pas contestable et qui a été engagée par Ségolène Royal puisque la taxation du carbone, qui est cette taxe dans la taxe qui fait augmenter le prix de l’essence en même temps que le cours du pétrole, elle est prévue en augmentation jusqu’en 2030. Ce que souhaitent les politiques écologistes - et qui est probablement souhaitable sur le papier - c’est de dissuader, donc ce n’est pas de baisser la facture mais de l’augmenter toujours plus.
Le débat se porte maintenant sur des villes opposées aux campagnes et à la banlieue ?
Il ne faudrait pas que ce soit ainsi mais c’est ainsi que c’est vécu par le monde rural, qui a l’impression d'être mis en coupe réglée par les bobos des villes qui peuvent se rendre à vélo à peu près partout dans un rayon d’1 kilomètre ou d’1,5 kilomètre. Il faut faire attention à cette fracture-là. Et le deuxième sujet que l’on touche du doigt - parce qu’Emmanuel Macron et Nicolas Hulot ont accéléré le processus de conversion et de transition énergétique dans les transports, qui sont parmi les plus polluants - c’est le choc du social et de l'écologique. Pour moi, la seule solution qui est compatible avec les deux objectifs, c’est d’aider encore plus les ruraux à acheter des véhicules propres. C’est ce que j'appelle l’accompagnement social du choc écologique. Si l'on ne propose pas d'alternative, d'accompagnement, il faut décider qu’il y a massivement des sacrifiés de la transition écologique, il faut décider qu’elle fait des victimes sociales, lourdes, qui peuvent aller jusqu’à alimenter les populismes. Il faut faire attention à l’intransigeance. Quand on est intransigeant, on finit par être impuissant.
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