Reportage "L'essentiel, c'est de pérenniser le travail ici" : mis au chômage partiel, les salariés de l'usine Stellantis de Poissy inquiets pour leur avenir

Cette usine située en Île-de-France a stoppé lundi sa production de voitures jusqu'à la fin du mois. La direction évoque des travaux et une adaptation nécessaire au marché de l'automobile. Mais les salariés ne comprennent pas que l'arrêt soit si long et réclament des garanties sur l'emploi.

Article rédigé par franceinfo - Etienne Cholez
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Temps de lecture : 2min
Des salariés de l'usine Stellantis de Poissy manifestent contre sa fermeture, le 2 octobre 2025 à Paris. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)
Des salariés de l'usine Stellantis de Poissy manifestent contre sa fermeture, le 2 octobre 2025 à Paris. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Est-ce bientôt la fin d'une usine historique de l'industrie automobile française ? À partir du lundi 13 jusqu'au 31 octobre, le site de Stellantis à Poissy, en Île-de-France, va arrêter de produire des voitures. Sur les 2 500 salariés du site, environ 2 000 sont mis en chômage partiel et en congés. Entre réelle inquiétude et message de la direction, les employés ne savent plus trop quoi penser.

Les équipes du matin passent le relais aux équipes du soir. Derrière les blagues habituelles, toutes les conversations tournent autour du même sujet. "Des rumeurs disent qu'il y a peut-être une fermeture", lance Stéphane, 39 ans, et la moitié de sa vie à travailler à l'usine de Poissy. Il se dit chamboulé. "On est un peu dans le négatif parce qu'on a peur pour l'avenir, poursuit-il. On est des petites brebis là-dedans."

"On est assis là, mais on ne voit pas ce qu'il se passe là-haut. On est en bas, on fait notre boulot, nos heures et on rentre chez nous..."

Stéphane, salarié

à franceinfo

Et en bas, l'autre inquiétude, c'est la fin du mois. À cause du chômage partiel, Mimoune a calculé : il va perdre 300 euros. "Il n'y a personne ici qui n'a pas peur, affirme-t-il. Par contre, il faut toujours avoir de l'espoir. Ce n'est pas facile pour tout le monde parce qu'il y a quand même une perte de salaire. Mais après, si on n'a pas le choix, on n'a pas le choix. L'essentiel, c'est de pérenniser le travail ici."

"On va se battre"

Un enjeu sur lequel Jean-Pierre Mercier est pessimiste. Le délégué du syndicat Sud et porte-parole du parti Lutte ouvrière en est persuadé : la production d'Opel Mokka et de Citroën DS3 sur ce site est bientôt terminée. "Je suis convaincu qu'ils veulent fermer cette usine, regrette-t-il. On va se battre. Ça fait 18 mois qu'on tire le signal d'alarme. Il faut sortir du déni, arrêter les illusions, se réunir et prendre notre sort en main."

"Il faut réfléchir à comment on peut imposer des garanties à la direction pour continuer à faire vivre nos familles une fois que la dernière Mokka sera sortie des chaînes de production."

Jean-Pierre Mercier, délégué du syndicat Sud

à franceinfo

Message bien plus optimiste pour Brahim Aït Athmane, responsable Force ouvrière dans cette usine de Poissy, malgré l'incompréhension d'un chômage partiel si long. "Il n'y a pas de fermeture programmée, on en est sûrs et certains, au contraire, il y a une transformation qui est en train de s'organiser, lance-t-il. La troisième semaine est inexplicable et inexpliquée, c'est quelque chose sur laquelle on ne démord pas. Mais il n'est pas question de fermer le site."

De son côté, Stellantis explique ces trois semaines d'arrêt par des travaux à réaliser sur le site de Poissy et une adaptation nécessaire face au marché difficile de l'automobile en Europe. D'autres usines du groupe Stellantis sont concernées par cet arrêt de la production, comme celle de Sochaux (Doubs) ou de Mulhouse (Haut-Rhin).

Mis au chômage partiel, les salariés de l'usine Stellantis de Poissy inquiets pour leur avenir. Le reportage d'Etienne Cholez

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