Atos : quelles sont les activités "souveraines" du groupe informatique que l'État veut à tout prix conserver ?
En grande difficulté financière, le groupe d'informatique voit l'État voler à son secours pour éviter de voir l'ancien fleuron français "passer dans les mains d'acteurs étrangers".
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Y a-t-il des mousquetaires français pour sauver Atos ? Le groupe d'informatique français en difficulté a revu sensiblement en hausse ses besoins de financement, dans un nouveau plan d'affaires dévoilé lundi 29 avril, après un début d'année décevant au niveau de son activité. En pleine tourmente financière, l'ex-fleuron de la French Tech - qui doit être cet été un des piliers technologiques des Jeux olympiques de Paris - a précisé avoir désormais besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités pour financer son activité en 2024-2025 (contre 600 millions d'euros estimés précédemment).
Face à ces difficultés, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé, dès dimanche, avoir envoyé au géant informatique français en difficulté Atos une lettre d'intention en vue d'acquérir toutes les activités "souveraines" du groupe, afin d'éviter que des activités stratégiques pour la France ne "passent dans les mains d'acteurs étrangers", a-t-il déclaré sur LCI.
En clair, l'Etat tient avant tout à éviter toute fuite de ces activités stratégiques de la société française, car elles touchent à la défense, au nucléaire et la cybersécurité. Atos possède notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l'armée française. La Défense française a également des contrats avec Atos pour ses systèmes informatiques et systèmes de communications.
Enfin, la lettre d’intention de Bruno Le Maire, accueillie avec "satisfaction" par le groupe qui assure qu'un tel engagement "protégerait les impératifs stratégiques de souveraineté de l'Etat", cible des serveurs utilisés pour l’intelligence artificielle, de l'informatique quantique et d’autres produits de cybersécurité. Ces activités "doivent rester sous le contrôle exclusif de la France", martèle le ministre de l’Économie, sur LCI. D'où ce projet d’acquisition par l'État, à l’heure où Atos est dans la tourmente.
À la tête du groupe pendant une dizaine d'années, jusqu'en 2019, le Commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, a insisté sur France Inter sur le fait que l'entreprise disposait d'actifs "stratégiques pour l'Europe" : "Je ne voulais pas que certains de ces actifs partent dans des mains qui n'étaient pas européennes, c'est pour ça aussi que je les avais acquis. Donc je crois que c'est très important que ça reste en Europe", a-t-il expliqué.
Un consortium d'actionnaires français
Toutefois, Bercy ne communique pas le montant envisagé pour ce rachat. Mais le cabinet de Bruno Le Maire donne quelques ordres de grandeur : le périmètre ciblé génère environ 900 millions d’euros par an, soit moins de 10% du chiffre d’affaires du groupe Atos dans le monde. Selon Bercy, près de 4000 salariés d’Atos travaillent pour ces activités. Ils sont très majoritairement installés en France.
Reste que l’État ne veut pas se lancer seul dans ce projet : il veut convaincre des industriels de s’y associer. Bruno Le Maire explique ainsi "être à l’initiative, car c’est le rôle de l’État d’éviter que les technologies sensibles puissent dépendre d’intérêts étrangers". Mais le ministre de l’Economie n’entend pas nationaliser ces activités. Il veut les détacher d’Atos pour les gérer dans une nouvelle entreprise, avec des grands industriels. Ce serait finalement comme ce qui existe déjà, pour les sociétés Naval Group et TechnicAtome, dans les industries navale et nucléaire.
L’objectif est de s’associer à des géants, "car l’État n’a pas vocation à diriger seul ce type d’activité", selon Bercy. Le gouvernement multiplie donc les discussions ces dernières semaines, avec des groupes de la défense ou de l’aéronautique entre autres. Un critère majeur : les actionnaires devront tous être Français. Le gouvernement franchit là une nouvelle étape dans son engagement : pour sauver Atos, il s’était engagé jusqu'à présent à prêter 50 millions d’euros au groupe.
Le gouvernement va maintenant échanger avec la direction de l'entreprise et compte déposer son offre de rachat d'ici le début du mois juin 2024. Selon Atos, si un accord est conclu, le produit de la transaction ne "devrait pas être perçu avant le 2e semestre 2025".
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