J'ai survécu à la foule des grands magasins pendant les fêtes de Noël
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Partout en France, l'affluence grimpe dans les boutiques. Rendez-vous boulevard Haussmann, à Paris, pour quelques heures en milieu hostile.
"C'est la guerre pour avancer de 2 millimètres !", s'écrie un jeune passant. Comme lui, j'entame une longue séance d'apnée, boulevard Haussmann à Paris. A douze jours de Noël, voici peut-être l'un des endroits les plus inhospitaliers de la capitale. Plus de 8 millions de personnes foulent le trottoir du Printemps et des galeries Lafayette pendant la période des fêtes de fin d'année, dans l'espoir d'admirer les vitrines décorées. "Non mais laisse tomber, on fait demi-tour", lance un père de famille très agacé, sous une pluie froide. J'ai très envie de l'imiter, mais je piétine jusqu'à l'entrée.
Plus de 150 000 visiteurs par jour aux galeries Lafayette
Bonjour les oreilles. Toute la journée, les policiers vident leurs poumons dans leur sifflet, sous les klaxons enthousiastes des conducteurs et la clochette agitée en continu par l'Armée du salut. A l'intérieur des boutiques, le niveau sonore, testé avec mon smartphone, atteint 75 décibels. Le brouhaha est incessant. "Je finis presque sourd le soir", reconnaît un vendeur, dans un rayon consacré aux enceintes audio. Bon courage, alors. "Quoi ?", répond-il, avec un clin d'œil. A l'abri de la cohue, les passerelles aériennes constituent d'excellentes escales auditives.
Pendant les fêtes, les galeries Lafayette voisines accueillent 150 000 visiteurs par jour (pdf), davantage les week-ends. "Pardon", "désolé", "excusez-moi", "allez-y, allez-y..." Vers le pic de 16 heures, je suis devenu le Chevalier Limace, habile à jouer des coudes mais bloqué à 2 km/h au milieu des flacons de parfum. "Les clients sont assez dissipés, par rapport à samedi dernier", sourit un vendeur. "Ils n'arrivent pas à se concentrer ou à savoir ce qu'ils cherchent." A l'entrée, des hôtesses disposent d'une tablette numérique pour aiguiller les aventuriers. Mais il faut être précis. Si vous demandez quelque chose de chouette pour Tata Julie, elles ne sont d'aucun secours.
Un car de la police pour recueillir les plaintes
Au total, plus de 2500 marques haut de gamme et de luxe sont représentées dans trois bâtiments. Je m'enrhume devant le prix d'un chouette bonnet, vendu 80 euros. C'est l'heure d'un repli stratégique dans la cafétéria située sur le toit... où le jus de fruit est vendu 4,50 euros.
"Oh, ce n'est pas pire qu'un autre samedi, vous savez", assure un employé, pendant qu'une cliente fait subir à mon dos les assauts répétés d'un sac. L'heure tourne. J'envisage de tester les canapés du cinquième, sans aucune intention d'achat, avant de trépigner devant un fauteuil-œuf poilu, malheureusement occupé. Maigre consolation, parfois, les clients aisés aussi doivent patienter. Une file d'attente est d'ailleurs organisée devant le comptoir Chanel.
Chinois, Russes, Américains, Italiens... De nombreux touristes étrangers visitent les grands magasins... Les fêtes sont cruciales pour les enseignes, qui réalisent un quart de leur chiffre d'affaires annuel à cette occasion. Face à cet afflux de visiteurs, la préfecture de police a stationné un car sur le boulevard, qui fait office de commissariat mobile. Deux autres ont été déployés dans la capitale, sur les Champs-Elysées et à la tour Eiffel. "En ce moment, nous enregistrons une dizaine de plaintes par jour", assure un policier, la plupart du temps pour des vols. Au Printemps, l'équipe de sécurité est également renforcée, bien qu'un agent précise que le nombre de larcins "ne dépend pas forcément de l'affluence".
Peu avant 18 heures, dehors, les vitrines éclairent la nuit de leurs jolies lumières. Il paraît qu'elles racontent le voyage d'un petit garçon depuis Londres, mais j'ai du mal à m'approcher des automates. "On n'aurait pas dû passer par là, j'ai jamais vu ça", soupire un homme, tandis qu'un autre, en fauteuil roulant, doit rebrousser chemin.
Le pic d'affluence est encore à venir
"Gabriel, Gabrieeeeeeel." Une femme paniquée recherche son fils, qui vient d'être englouti par la foule. Un homme lui prête renfort, en hurlant à son tour : "Un enfant de cinq ans, avec un manteau marron ?" Cinq longues minutes plus tard, une rumeur rapporte que la sécurité a trouvé un gamin. La mère fait demi-tour avec son caniche en baudruche vert à la main. Elle aperçoit son fils en pleurs et le récupère, avant de fondre en larmes : "Plus jamais ça, hein !" Le public applaudit ; c'est aussi ça, la magie de Noël.
Les achats sont frénétiques et la moindre erreur d'inattention se paie cash. Dix minutes plus tard, un sexagénaire est soigné à l'entrée par trois pompiers, après une chute sur la bordure du trottoir. Finalement, la victime prend le bras de son fils et disparaît dans les allées, avec un pansement sur le front et un énorme cocard. Un peu plus tard, une vendeuse laisse échapper un bâillement, dans l'un des trois bâtiments et 60 000 m2 du Printemps. C'est contagieux mais je reprends espoir. En soirée, les rayons sont plus clairsemés.
Avant de m'engouffrer dans la première bouche de métro, je me replie finalement sur un livre aux pages blanches et un indispensable tigre en puzzle 3D. Et dire que le week-end prochain, ce sera pire.
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