Hautes-Alpes : à l'assaut du Mont Chenaillet, un ancien fonds marin préhistorique qui culmine à plus de 2 600 mètres d'altitude

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Article rédigé par France 2 - O. Poncelet, S. Giaume, C. Vignal, H. Horok. Édité par l'agence 6Médias
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Le "13 Heures" poursuit son tour des plus beaux sentiers de randonnée de France. Ce vendredi, cap sur le Chenaillet, dans les Hautes-Alpes, qui culmine à 2 650 mètres d'altitude, vestige d'un volcan sous-marin qui existait il y a environ 160 millions d'années.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


C'est un sommet à nul autre pareil dans la chaîne des Alpes et en Europe. Ce n'est pas son altitude ni sa forme qui en font un objet de curiosité, mais son histoire et la composition de ses rochers. En six heures de marche, un sentier géologique de 14 km mène à son sommet. Gravir le Mont Chenaillet (Hautes-Alpes), c'est plus qu'une randonnée.

Un voyage dans le temps qui commence à la frontière italienne, dans la station du Montgenèvre (Hautes-Alpes), à 1 860 mètres d'altitude. "On va sur une montagne qui s'appelle le Chenaillet. On a ici la possibilité, en géologie, de raconter 360 millions d'années d'histoire géologique", explique Jean-Michel Neveu, accompagnateur en montagne. C'est le point de rendez-vous d'une petite troupe de sportifs en vacances qui ne se connaissent pas, mais ont choisi de grimper avec ce guide géologue.

Un fonds marin préhistorique

Le parcours débute sous les télésièges et prend rapidement de la hauteur avec une vue sur les cimes alentours. "On est près de la barre des Écrins, dans le plus haut du massif de L'Oisans", indique Jean-Michel Neveu lors d'un arrêt. Mais ces montagnes n'ont pas toujours été là, explique le guide : "Il y a 500 000 ans, il n'y avait pas de vallées ; Genève, Lyon, Nice, tout cela était sous la glace. Et donc, tous ces glaciers ont modelé nos reliefs".

Le Chenaillet apparaît enfin, droit devant. Puis, c'est l'heure de la pause pique-nique, dans une ambiance tectonique des plaques, schéma à l'appui. Il y a 160 millions d'années, ici, à la place des Alpes, se trouvait un immense océan. Le Mont Chenaillet est constitué de ses anciens fonds marins."Il y a trois sites comme ça dans le monde : ici, dans le Sultanat d'Oman, au Moyen-Orient et en Himalaya", pointe Jean-Michel Neveu.

Pour un étudiant, cela rappelle des souvenirs de classes de sciences en terminale. "Oui, ça rappelle bien les petits cours", reconnaît-il. Son père est conquis : "On gagne en connaissance, on nous explique au fil de la marche et c'est enrichissant", se réjouit-il.

Des traces de minéraux "qu'on trouve au niveau des dorsales océaniques"

Après plus de quatre heures de grimpe, la végétation se fait de plus en plus rare. Le Chenaillet se montre sous son aspect le plus minéral, le plus intéressant aussi. Car ici, l'océan a laissé une trace : des basaltes."Ce n'est pas simplement du basalte, c'est du basalte en coussin. On retrouve les mêmes roches, vous voyez cette boule-là qui est ici, que des roches qu'on trouve au niveau des dorsales océaniques de nos océans actuels. D'où la preuve évidemment d'un ancien océan qui était là présent avant les Alpes", souligne Jean-Michel Neveu en désignant la roche.

Les voilà qui marchent donc au fond des océans à plus de 2 500 m d'altitude. "C'est sportif et culturel, parce qu'il y a quand même une dernière montée de 14 km pour 900 m de dénivelé, et culturel, parce que retrouver de la roche océanique à 2 600 m d'altitude, c'est incroyable. Et là, au niveau des explications, c'est vraiment très technique, très pointu, c'est au top", commente Benoît, un randonneur venu de Normandie.

La météo se gâte et ils doivent faire vite. À peine le temps de profiter du sommet et de sa vue à 360 degrés, l'orage arrive déjà. Il faut sortir les imperméables et descendre sans plus traîner, par le même chemin qu'à la montée, pour gagner du temps. Marcher au fond d'un océan sans être mouillé, il ne fallait pas rêver.

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