Manifestations du 1er-Mai : "Des débordements étaient attendus mais les 'blacks blocs' avaient bien prévu leur coup"
Du jamais-vu. Environ 1 200 manifestants cagoulés et masqués se sont placés en amont du cortège parisien, mardi midi. Avant de prendre pour cible un fast-food et une concession automobile.
Cagoulés, vêtus de noir et prêts à en découdre avec la police. Plus d'un millier d'individus ont infiltré le cortège parisien du 1er-Mai. Jets de pierres, cocktails Molotov... Ils s'en sont notamment pris à un restaurant McDonald's près de la gare d'Austerlitz et à une concession automobile. Franceinfo a interrogé Eddy Fougier, politologue spécialiste des mouvements protestataires. Il explique ce que cherchent ces membres de l'extrême gauche radicale.
>> Suivez les dernières informations sur la manifestation du 1er-Mai à Paris
Franceinfo : Qui sont ces "black blocs" à l'origine de ces débordements ?
Eddy Fougier : Ce sont des militants, souvent jeunes, souvent sans travail, qui vivent dans des squats. Ils appartiennent à des groupuscules radicaux de l’ultra gauche, à des mouvements anarchistes, à des mouvements anarcho-autonomes… Ils profitent du désordre qui peut exister dans une manifestation pour commettre des dégradations de biens qu’ils considèrent comme symboliques. Le restaurant McDonald's d'Austerlitz était une cible parfaite pour dire tout le mal qu'ils pensent du capitalisme. Mais cela peut aussi être des distributeurs de billets, des agences immobilières...
L'action violente est-elle une de leurs spécificités ?
Pour eux, la violence est la seule réponse possible face à ce qu'ils considèrent comme de la violence d'Etat. En clair, puisque l'Etat est violent, nous n'avons pas d'autre choix que d'être violent. Et pour eux, l'incarnation même de l'Etat, ce sont les forces de l'ordre qu'ils prennent donc pour cible.
Il faut bien comprendre qu'ils ne cherchent surtout pas à se rendre sympathiques ou à avoir l'opinion publique avec eux. Ce qu'ils veulent, c'est créer de la tension, du chaos.
Eddy Fougierà franceinfo
Ce qui est arrivé à Paris était donc prévisible ?
Je dirais même que les débordements étaient attendus. Les "black blocs" avaient bien prévu leur coup. D'abord parce que le 1er-Mai est une date symbolique. Ensuite parce que le contexte social particulièrement tendu s'y prêtait. Les mouvements dans les universités, l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes...
Ces derniers jours, j'ai vu sur les réseaux sociaux beaucoup d'appels à des actions à l'occasion de ce 1er-Mai. Ce qui me surprend, en revanche, c'est le nombre.
Eddy Fougierà franceinfo
C'est-à-dire ?
Lors des manifestations contre la loi Travail en 2016, on parlait de 200 ou 300 individus, pas plus. Cette fois, la préfecture de police de Paris évoque 1 200 personnes. Pour le coup, c'est du jamais-vu chez nous. C'est difficile de les dénombrer puisqu'ils avancent masqués, qu'ils agissent dans la clandestinité... Mais il y a quelques années, nous nous accordions entre spécialistes sur un chiffre de 300. Vu ce qu'il s'est passé aujourd'hui, il était sous-évalué.
Comment s'organisent-ils ?
Ils préparent leurs actions sur internet, communiquent entre eux par messages codés, disposent de planques pour agir par surprise.
Je dirais qu'ils se "professionnalisent" d'année en année. Par exemple, tous disposent de numéros d’avocats à contacter en cas de placement en garde à vue.
Eddy Fougierà franceinfo
Il y a encore quelque temps, ce n'était pas le cas. Leurs rangs sont aussi grossis par des militants étrangers. Des Allemands, des Hollandais, des Britanniques notamment...
À regarder
-
un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Vol d’or au Muséum : une femme mise en examen
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter