"Un être profond" qui avait le "goût de la transgression" : plusieurs personnalités rendent hommage à Thierry Ardisson, "l'homme en noir"

"On pouvait s'engueuler avec lui mais ça ne durait pas, c'était pas important, c'était ça aussi sa force", a réagi le journaliste et éditorialiste, lundi sur franceinfo. L'animateur et producteur est mort à 76 ans, a annoncé lundi matin sa famille.

Article rédigé par franceinfo, Avec ICI Gard Lozère
Radio France
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Temps de lecture : 7min
L'animateur Thierry Ardisson, pendant son émission "Salut les Terriens !", le 2 septembre 2010 à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)
L'animateur Thierry Ardisson, pendant son émission "Salut les Terriens !", le 2 septembre 2010 à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Thierry Ardisson était quelqu'un d'"angoissé, mélancolique, qui passait pour quelqu'un d'arrogant mais qui ne l'était pas du tout", déclare lundi 14 juillet sur franceinfo le journaliste et éditorialiste Franz-Olivier Giesbert, après l'annonce du décès à l'âge de 76 ans de l'animateur et producteur. 

"C'était un être profond qui ne correspondait pas du tout à ce que l'on pensait", souligne le journaliste, qui rappelle que Thierry Ardisson a "commencé dans la pub, dans des émissions pour oiseaux de nuit : c'était un oiseau de nuit". Le journaliste, qui, "avec le temps", a fini par "apprécier et aimer Thierry Ardisson", affirme que "c'est quelqu'un qu'on ne pouvait pas ne pas aimer profondément parce qu'il avait des valeurs, qu'il était torturé, tourmenté : c'était une belle personne, très attachante". "On pouvait s'engueuler avec lui mais ça ne durait pas, c'était pas important, c'était ça aussi sa force", ajoute-t-il.

L'animateur "n'avait pas de limites"

Au-delà des qualités humaines de l'animateur, Franz-Olivier Giesbert salue ses capacités professionnelles. Thierry Ardisson était "capable de tout, il n'avait pas de limites", alors même, souligne l'éditorialiste, que c'était "quelqu'un qui avait beaucoup le trac", même s'"il faisait de la télévision depuis longtemps".

En interview, Franz-Olivier Giesbert reconnaît que l'animateur de Tout le monde en parle ou encore de Salut les Terriens ! était "profondément déstabilisant, mais pas forcément le plus 'dangereux'". Une interview avec Thierry Ardisson n'était pas "plus compliquée qu'une interview avec [le journaliste de France Inter et Antenne 2] Jacques Chancel, qui était gentil, mielleux, et c'est comme ça qu'il vous faisait dire des conneries. Avec Thierry, on s'attendait à tout et les défenses étaient prêtes, on ne se laissait pas aller", conclut Franz-Olivier Giesbert.

Rachida Dati salue "son esprit libre"

"Ce ne fut pas un long fleuve tranquille. Mais 10 ans de collaboration cela ne s'oublie pas. L'homme en noir tire sa révérence. Salut mon ami. Salut mon terrien. Tristesse", réagit lundi Stéphane Guillon sur son compte Instagram, après le décès de l'animateur et producteur. L'humoriste a été l'un des chroniqueurs emblématiques de l'émission Salut les Terriens ! sur Canal+.

"Je pense à Audrey, à Manon, Ninon et Gaston, et surtout je pense à toi", a écrit Laurent Baffie sur une photo de lui au côté de l'animateur, publiée sur son compte Instagram. L'humoriste, un ami de Thierry Ardisson, a longtemps fait office de "sniper" dans l'émission Tout le monde en parle.

"Il restera pour toujours l'une des plus grandes figures du paysage audiovisuel français", affirme lundi sur le réseau social X la ministre de la Culture Rachida Dati. "L'homme en noir n'est plus. D'émissions cultes en émissions cultes, Thierry Ardisson savait capter l'époque, la décrypter avec irrévérence et la décrire avec intelligence. Avec son style inimitable, son esprit libre et son goût de la transgression, il avait façonné la télévision d'aujourd'hui", salue la ministre qui adresse ses "condoléances à sa famille, à ses proches et tous les téléspectateurs qu'il a amusés et qu'il a émus".

"Il parlait à toute la France, les jeunes, les plus âgés, les intellos, les pas intellos, les branchés, les pas branchés. Il rassemblait toutes les France le samedi soir."

Léa Salamé, journaliste

sur son compte Instagram

"Merci pour tout", écrit lundi sur Instagram la journaliste Léa Salamé, après le décès de l'animateur. "Inventeur génial, concepteur insensé, il laisse une œuvre télé monumentale", écrit-elle avant de confier avoir "découvert les dernières années, l'homme ultrasensible derrière les lunettes noires". Elle garde en mémoire un homme "flamboyant, érudit, excessif, provocateur évidemment". Car, poursuit-elle dans son hommage, il "savait que 'Dieu n'aime pas les tièdes' et il n'était pas tiède". Thierry Ardisson a mis en scène sa mort dans son dernier livre, L'homme en noir. "Quand j'ai lu le livre, je ne savais pas qu'il était malade. Aujourd'hui, je vais le relire, mais sans me marrer. Dans ce livre, il disait rêver que son nom soit dans le dictionnaire. Il le sera", conclut Léa Salamé. La journaliste salue sur France Inter son "œuvre télé immense, qu'on aime ou pas ses émissions. Moi, j'ai aimé ses émissions, j'ai grandi avec ses émissions, j'ai 45 ans et je fais partie de cette génération, on était très nombreux, où on ne sortait pas le samedi soir parce que ce qui se passait à la télé était plus intéressant que nos soirées".

"Une voix, une présence, une gueule"

"Thierry Ardisson, c'était plus qu'un animateur. C'était une voix, une présence, une gueule. L'homme en noir. Il a inventé un ton, un style, une manière de recevoir sans jamais se soumettre [...] L'insolence , les excès, la liberté d'expression comme on ne la retrouvera plus jamais en télé", salue l'animateur et producteur Arthur. Il estime que lundi "une page de la télé se tourne. Une de celles qu'on relit avec le sourire et un brin de nostalgie".

L'animateur Jean-Luc Reichman fait part aussi de son "immense tristesse". "Tu as été un exemple de professionnalisme, d'exigence, d'innovation pour moi et pour beaucoup Thierry. Ta voix restera gravée à tout jamais de bons conseils dans mon oreille". "Thierry Ardisson a créé un métier unique à la télévision qui s'appelle 'Ardisson', marqueur d'une époque successful", salue de son côté, sur le réseau social X, l'animateur, réalisateur et producteur Michel Denisot.

"C'est une partie de ma vie qui s'en va"

"C'est une partie de ma vie s'en va. Mourir un 14 juillet, c'est plutôt pas mal ; ça finira en feu d'artifice, comme sa vie", a réagi lundi sur ICI Gard Lozère (ex-France Bleu) le DJ Philippe Corti. En 1986, ce dernier rejoint l'animateur dans l'émission Bains de minuit sur La Cinq, puis collabore avec Thierry Ardisson dans Lunettes noires pour nuits blanches et Tout le monde en parle sur France 2. "Je suis en relation avec Audrey [Crespo-Mara, la femme de l'animateur] et Thierry régulièrement. Audrey me contactait tous les jours pour me donner des nouvelles. Je savais que c'étaient les derniers moments."

"En plus pour un royaliste, mourir un 14 juillet, c'est son dernier tour de passe-passe."

Philippe Corti, DJ

sur ICI Gard Lozère

Très ému, il confie : "C'est une partie de ma vie qui s'en va. Elle est là, personne ne pourra me la prendre. C'est une amitié… J'ai beaucoup de reconnaissance pour cet homme. Il a fait un peu de moi ce que je suis aujourd'hui, sans jamais varier, sans jamais changer. Je suis assez fier de l'avoir rencontré", même si leur relation n'a pas toujours un long fleuve tranquille. "C'est quarante ans d'une vie. Quarante ans de complicité, d'engueulades. On se fâchait, on se rabibochait. Je l'ai marié, avec Audrey. Dans les importants de ma vie, et dans les siens, j'ai toujours été là. C'est une preuve de confiance. C'est une partie de mon cœur qui s'en va."

Sur l'héritage de Thierry Ardisson à la télévision française, Philippe Corti salue le "novateur" qu'il était : "C'est quelqu'un qui a fait évoluer les choses. Il y a des bémols, des trucs où je n'étais pas d'accord avec lui. Mais au bout du bout…"

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