Le projet d'Eric Ruf : inscrire la Comédie-Française dans le présent
Le nouveau directeur de la Comédie-Française, Eric Ruf, issu de la troupe, veut propulser la maison de Molière "dans le présent", attirer de grands metteurs en scène étrangers, revenir au Festival d'Avignon et trouver enfin la "salle modulable" dont rêvaient ses prédécesseurs.
Arrivé le 4 août dans le fauteuil de Muriel Mayette après une âpre guerre de succession à la tête de la Comédie-Française, il a présenté mercredi son projet.
Ce "candidat de l'intérieur" a pour lui sa connaissance intime de la maison : "J'ai vu à quel point quand les gens ont des envies de réformes à coup d'épaule, ça ne passe pas."
Faire venir des metteurs en scène étrangers
Il sait aussi qu'il arrive en période de disette budgétaire : "Il n'y a plus d'argent pour débaucher de grands metteurs en scène étrangers en leur promettant monts et merveille", a-t-il convenu, comptant sur son "opiniâtreté" pour les faire venir.
D'aucuns ajouteront son charme : à 45 ans, dont 20 ans dans la maison, Eric Ruf a eu le temps de s'imposer comme un acteur d'une grande élégance, un scénographe et un metteur en scène de talent. L'acteur va disparaître de la scène pour au moins cinq ans, la durée de son mandat, et ne reprendra pas à la Comédie-Française mais ailleurs, dans l'"inconnu", annonce-t-il.
Il faudra attendre 2015-16 pour voir son empreinte : la saison qui débute a été concoctée par Muriel Mayette, dont le bilan artistique a été sévèrement critiqué.
Une nouvelle salle modulable, enfin ?
"Il faut des metteurs en scène qui soient capables d'une lecture du présent (...) d'une vision, et qui n'aient pas peur du spectacle", a souligné Eric Ruf, sans citer de noms. "Cette maison est aimantée vers son passé, vers sa mission patrimoniale, c'est normal parce que ses outils sont tellement beaux, mais il faut incessamment travailler pour l'inscrire dans le présent", souligne-t-il.
Comme ses prédécesseurs, Eric Ruf milite pour une nouvelle salle, modulable, permettant de placer les gradins autour de la scène (en "bi-frontal" ou "quadri-frontal"), de jouer un répertoire moderne ou des pièces marathon comme "Le soulier de satin" de Claudel.
"Je reprends le flambeau brandi par tous les administrateurs", a-t-il reconnu, rappelant que c'était déjà un projet de Pierre Dux (administrateur en 1944-45, puis de 1970 à 1979).
Renouer avec Avignon
Cette salle, Muriel Mayette avait tenté de l'installer aux forceps en région parisienne à Bobigny en 2008, contre l'avis du directeur du théâtre local MC 93 Patrick Sommier, et sa propre troupe, outrée de n'avoir pas été consultée. Un projet de construction sur une friche adossée à l'Opéra Bastille n'a pas non plus abouti, en raison de la rigueur budgétaire.
Conscient de la difficulté, Eric Ruf parie sur un lieu de théâtre inutilisé ou un bâtiment ancien, "halle ou ancienne usine de type Eiffel, construite très solidement au début du siècle", plutôt que sur la construction d'un nouveau théâtre.
Le ministère de la Culture est "convaincu de cette nécessité", non sans une "pluie de bémols", dit-il. Pour lui, "tous les grands sujets qui se posent à la Comédie-Française passent par une gare de triage qui est cette salle modulable". Grâce à elle, la maison pourrait faire venir des troupes étrangères pour une sorte de "festival des troupes de théâtre" et pourrait inviter des acteurs extérieurs à la troupe, ce que les statuts de Richelieu interdisent, ou produire ou coproduire des spectacles à grande échelle, comme ce "Peer Gynt" que lui-même avait mis en scène au Grand Palais en 2012.
Eric Ruf rêve aujourd'hui de monter "Peer Gynt" dans la carrière de Boulbon du festival d'Avignon, avec lequel il veut renouer après 20 ans d'une "absence criante, dérangeante".
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