Le Festival Off Avignon ouvre ses portes samedi : toujours plus de spectacles, mais une filière en souffrance
Plus grand marché du spectacle vivant en France, ce festival qui côtoie le "In" jusqu'au 26 juillet, bat tous les records.
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Compagnies et spectacles sont pléthores cette année au Festival Off Avignon, mais cette édition record masque une filière qui souffre des coupes budgétaires et de la crise de diffusion des spectacles, affirment organisateurs et acteurs du secteur.
Plus grand marché du spectacle vivant en France, ce festival qui côtoie le "In" à partir de samedi 5 et jusqu'au 26 juillet, bat tous les records : 1 724 spectacles, proposés par 1 347 compagnies, pour un total de 27 400 levers de rideaux (2,6 millions de billets) dans les 139 théâtres de la ville, selon les chiffres d'Avignon Festival & Compagnies (AF&C), qui organise le Off.
"Il n'y en a jamais eu autant", témoigne Harold David, l'un des co-présidents d'AF&C, qui rappelle qu'il y avait quelque 600 spectacles en 1999. Cela montre combien Avignon représente, pour les artistes, une vitrine et un "lieu de professionnalisation et de rencontre avec les publics" (300 000 festivaliers), dit-il.
Paradoxalement, cette forte participation n'est "pas signe de bonne santé de la filière", dit-il. Car le spectacle vivant est "frappé de plein fouet par la crise de la diffusion" : "Les moyens des programmateurs" de salles et de collectivités territoriales (mairies, etc.) "pour acheter des spectacles ont considérablement baissé et continuent de baisser".
Désengagement financier
En cause, le désengagement financier dans la culture à plusieurs niveaux (collectivités locales, État, etc.), relève Ghislain Gauthier, responsable de la CGT Spectacle, qui s'inquiète pour une profession qui "galère", déjà éprouvée par la crise sanitaire et l'inflation. L'AF&C a mené un sondage auprès des 1 300 compagnies inscrites en 2024. Sur les 400 qui avaient joué le même spectacle l'année précédente, seules 20% ont indiqué avoir réussi à le vendre sur plus de cinq dates dans la saison qui a suivi. Ce, alors que pour "amortir le coût d'un Festival d'Avignon, il faut au moins en vendre 15", selon Harold David.
Antoine Séguin, artiste associé à la troupe L'accompagnie, habitué au festival, a proposé l'an dernier un Feydeau (On purge bébé), avec huit personnes au plateau. Il a été joué 17 fois, avec un taux de remplissage de 50% de la salle – le taux moyen sur l'ensemble de l'événement. "On ne l'a pas rentabilisé sur place" et seules "quatre dates ultérieures ont alors été conclues", indique-t-il. Heureusement, d'autres achats suivront, mais via d'autres réseaux.
Pour les compagnies, l'investissement est lourd. La location de la salle de théâtre coûte "environ 100 euros le fauteuil", indique Harold David. Quant au logement à Avignon et alentours, il a connu une flambée des prix, sans aucune régulation. Ce qui pousse certaines à partager les créneaux, en ne jouant que "les jours pairs ou impairs en alternance" ou bien en début ou en fin de festival, observe Antoine Séguin.
Grande visibilité
Dans ce contexte, les spectacles avec peu d'artistes sur scène sont majoritaires : en 2024, toujours selon l'enquête de l'AF&C, 35% étaient des seuls-en-scène, 60% comptaient un ou deux artistes au plateau, seuls 8% quatre personnes.
Des aides existent, qui peuvent être octroyées par l'État (fonds de soutien Fonpeps), par des organismes professionnels (SACD, société des auteurs) ou auprès du Fonds émergence et création de l'AF&C, mais les troupes ne sont pas toutes éligibles. Pour ce dernier fonds, doté de 250 000 euros, 80 compagnies, repérées comme émergentes, en bénéficieront cette année. En 2024, 52% des compagnies interrogées indiquaient n'avoir aucune subvention, selon l'étude AF&C.
Malgré la concurrence, Avignon reste incontournable. "C'est le seul endroit où on peut espérer donner de la visibilité à notre spectacle, à l'échelle de toute la francophonie", affirment Marie Moriette et Emmanuel Hérault, présents pour la troisième année avec leur pièce Emma Picard, d'après le roman de Mathieu Belezi.
D'autres solutions sont explorées côté organisateurs : la recherche d'un public plus nombreux et diversifié, ce qui passe par des actions de médiation dans les quartiers situés au-delà des remparts de la ville, un accueil renforcé des familles ou encore des rotations plus importantes du transport ferroviaire alentour, détaille Harold David.
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