"Alex Vizorek est une œuvre d’art" et fait son Avignon
Humoriste qui surfe de succès en succès, présent sur France Inter au côté de Charline Vanhoenacker, et sur C8 avec Thierry Ardisson, faisant salles combles avec son one-man show "Alex Vizorek est une œuvre d’art", pour la septième fois dans le Off d’Avignon, l’artiste nous a accordé un entretien pour faire le point et nous livrer ses impressions sur le festival. Confidences d’un homme comblé.
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Avec "Alex Vizorek est une œuvre d’art", l’humoriste brocarde la grande musique, l’art contemporain et le cinéma. Un sujet parfois abordé par d’autre dans un sketch, mais jamais sur l’ensemble d’un spectacle. Une approche iconoclaste, souvent hilarante, sur un ton qui lui est unique et qu’il a su imposer. Généreux sur scène, comme dans cet entretien, Alex Vizorek se révèle passionné par son art de faire rire, ouvert aux autres et enthousiaste sur le festival Avignon et plus encore.
Alex Vizorek : J’ai fait quatre dates sur toute la durée du festival et d’autres sur une plus courte période. En fait, j’ai commencé il y a six-sept ans dans une salle de 55 places, alors que je n’étais personne, et c’est comme cela qu’il faut faire Avignon. Avant de remplir des salles, j’allais dans la rue, je tractais, j’allais à la sortie des spectacles des mecs que j’aimais bien… Et quand j’étais complet, c’était la fête le soir. J’ai fait deux années comme ça. Et l’an dernier je suis revenu au Chapeau d’Ebène (un des théâtres du Off, NDLR), avec 130 places, et là c’était rempli tout de suite. Là, j’ai découvert que c’était un plaisir d’être à Avignon quand on n’a pas à courir après les gens pour les faire venir. Aujourd’hui, on m’arrête dans la rue tous les dix mètres. C’est grâce à la radio et aussi à mes apparitions chez Ardisson ("Bonsoir les Terriens" sur C8, NDLR). Aujourd’hui, mon problème est de gérer les invit’, donc c’est devenu du grand luxe.
C. : Votre impression générale du festival ?
A. V. : J’aime. J’en ai parler avec d’autres humoristes, il y en a qui n’aiment pas et qui ne restent que 2-3 jours, quand ils viennent. Mais d’autre adorent, et j’en fait partie. Car tout le monde baigne dans cette atmosphère, dans cette ville extraordinaire dédiée au théâtre. Qu’il y ait un million et demi de personnes pendant un mois à Avignon, et qui prennent des vacances pour venir voir du théâtre, ça me rassure sur l’humanité. Donc, d’en être et de pouvoir moi aussi aller voir des pièces, c’est un plaisir immense. L’an dernier, je suis allé voir "Antigone" en japonais surtitré en français dans la Cour d’honneur et le lendemain j’allais voir "Duel à David et Jonatown" de mon ami Artus, et il n’y a qu’à Avignon qu’on peut faire ça.
C. : Votre spectacle a été créé en 2010, comment a-t-il évolué jusqu’à aujourd’hui ?
A. V. : Son interprète est devenu meilleur, parce que je suis plus détendu sur scène et je connais les forces du spectacle, je sais où ça rit, pour moi c’est plus facile. J’avais besoin de ce texte pour monter sur scène. Dans ce métier, si l’on ne se confronte pas au public, c’est impossible. Et puis, cela a évolué avec le public. Les "brèves" que j’ai ajoutées en fin de spectacle sont venues après les avoir créées à la radio et vu que les auditeurs aimaient cela. C’est un peu une respiration dans le spectacle, qui permet de le terminer sur une impression très sympa, comme la cerise sur le gâteau.
Quand, je joue le spectacle en totalité, il fait presque deux heures. Pour Avignon, j'ai du faire une version écourtée d’une heure – une heure vingt. Au début, il faisait 1h35, puis à force d’en rajouter, de se rendre compte de ce qui marche, et de ce qui ne marche pas, le spectacle a changé. Et puis, avant de venir, le public se fout de ce que ce que je vais faire. Ils se disent, "tiens, on aime bien Vizorek à la radio, ou à la télé, et bien on va voir ce qu’il donne sur scène". Mais, bon maintenant cela va faire dix ans que je tourne avec le même spectacle, il va falloir que je passe à autre chose. C’est prévu pour mars 2020. Et donc en 2020 à Avignon, avec ce nouveau spectacle, sur une nouvelle thématique.
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A. V. : Oui, c’est sûr. Mais en même temps, on me demande d’écrire au quotidien pour la radio. Donc, je n’arrive plus à écrire pour du long terme. J’ai une idée de pièce, j’aimerais monter un spectacle, mais je ne peux pas m’arrêter quinze jours, c’est impossible, ou alors je perds mon emploi à Radio France, ou chez Ardisson. C’est pour ça que je vais faire encore un an de radio et tourner avec mon spectacle pendant un an, puis je vais dire à Charline qu’on va lever le pied d’une manière ou d’une autre, pour que je m’arrête 10 jour par mois, afin de passer à autre chose.
C : Comment vous situez-vous par rapport à des Stéphane Guillon, Daniel Morin, Didier Porte, Anne Roumanov, Charline, Muriel Robin... ?
A. V. : J’adore les humoristes, quoi qu’ils fassent, je les regarde beaucoup. Maintenant, je me suis abonné à Netflix pour regarder les Américains. Je les regardais tous avant de faire ce métier. Stéphane Guillon, j’écoutais sa chronique quand j’étais dans ma chambre de bonne quand j’étais étudiant. Donc, cela fait tout bizarre de reprendre sa chronique.
Je me suis dit qu’il fallait être très différent de tous les autres. Et en fait, c’est en prenant ce qu’on aime le plus chez chacun qu’on arrive à son propre style. J’ai beaucoup de respect pour tous ces gens, et je vais les voir quand ils m’invitent et parfois je paye ma place ! Pour mes chroniques, je me prépare en écoutant tout ce qui passe à la radio, à la télé, parce que ça m’inspire et aussi pour savoir ce qu’il se dit, qu’est-ce qui parle aux gens. Certains me donnent plus envie d’écrire que d’autres, mais c’est une source d’inspiration.
Il y a deux voies dans ce métier. Soit, vous êtes reclus et vous n’écoutez rien d’autre que vous-même, soit vous apprenez aussi en étudiant l’histoire de votre discipline. Je pense qu’il faut savoir ce qui s’est fait avant, pour essayer d’être performant. En même temps si vous écoutez tout le temps Desproges et que vous vous arrêtez là, vous ne pourrez faire que du sous-Desproges.
C. : Que pensez-vous de la thématique de ce 72e festival choisie par Olivier Py : "le genre" ?
A. V. : C’est absolument dans l’époque. Je trouve la question du genre assez intéressante. Je ne me suis en même temps pas trop interrogé sur moi-même, mais je ne me ferme la porte à rien. On n’est jamais à l’abri d’une pulsion, d’une sexualité… je me suis toujours dit que je serai bien con d’être dogmatique. Ce qui se passe en ce moment, permet de s’interroger sur son dogmatisme. La personne qui estime ne pas être dans le bon corps et à qui cela pose problème d’en changer, je trouve ça plutôt positif qu’elle puisse partager, prendre conscience de la diversité des expériences et sorir de son isolement. Que le théâtre soit précurseur de cela, je pense que c’est absolument normal et dans l’ordre des choses. En même temps, je pense que c’est une vraie question de société et que cela manque d’engagement politique. On passe généralement un peu à côté de se demander qui l’on est. Est-ce qu’on est Français ou Algérien… Est-ce qu’on est homme ou est-ce qu’on est femme, Avignon met la question sur la table.
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A. V. : La retraite, le plus vite la retraite… Plus sérieusement, j’ai envie de raconter des histoires. Présentateur, non, animateur ce n’est pas mon métier. Je le fais un peu parce qu’en même temps ça me permet de raconter des histoires et j’aime mettre en valeur les personnes qui ont du talent. Mais ce n’est pas vraiment ma voie. En ce moment j’écris un scénario de BD qui est bientôt bouclé. En même temps, je ne sais pas faire plus long que 5 minutes, le temps d’une chronique. En ce moment, j’essaie de me faire violence et d’écrire une pièce de théâtre, cela fera 1h10, parce que je ne sais pas écrire plus.
Mon spectacle, je l’ai écrit comme cela. C’était des petits trucs de 5 minutes que j’ai mis bout à bout. Mais j’ai envie de raconter plus large. Quelqu’un comme Woody Allen a commencé à raconter des blagues en une ligne, puis il est passé à des films sketches et puis il a raconté des histoires plus développées, avec quelque chose de philosophique. Ses idoles, sont Bergmann et Tchekhov. En toute humilité, je me reconnais là-dedans.
C. : Vous sortez d’une pièce jouée au Théâtre du Roi René, qu’est-ce que vous êtes allé voir ?
A. V. : C’était "Adieu Monsieur Hoffmann" que je n’avais pas vu. En fait, j’ai le défaut de n’aller voir que les pièces auxquelles je suis invité. Ce qui fait déjà pas mal de pièces durant l’année. Et les bonnes pièces dont on me dit du bien, je les récupère à Avignon. C’est mon plaisir aussi de venir ici pour ça.
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