"Ad Vitam" d'Alex Vizorek : un spectacle à mourir... de rire, au Théâtre de l'Œuvre
L’humoriste belge Alex Vizorek présente son nouveau one-man-show, "Ad Vitam", au Théâtre de l’Œuvre (jusqu’au 8 janvier 2022). Après avoir abordé l'art dans un premier spectacle, il réussit un second tour de force : faire rire en parlant cette fois de la mort.
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A l’origine, le one-man-show devait être à l'affiche en mars 2020. "Le pif !", s’exclame Alex Vizorek qui n'a jamais eu d'odorat. Reprogrammé en octobre 2021 au Théâtre de l'Œuvre, Ad Vitam parle de la mort, thème plutôt incongru au moment où le monde sort tout juste d’une pandémie. L’humoriste - qui décidément ne flaire rien de rien - confie avoir hésité avant de se lancer. Et pourtant, ça fonctionne. Quoi de mieux en cette période que d’aborder la mort avec "des mots plutôt que des chiffres" ? Dédramatiser et rire de ce qui nous horrifie.
Des Baudelaire à la reproduction des poissons abyssaux
Sur un écran noir déplié au milieu de la scène, les mots de Stendhal, Sacha Guitry, Siné ou encore Cynthia Fleury accueillent les spectateurs. Tous évoquent la mort avec insolence. De temps à autres, des citations d’Alex Vizorek se glissent parmi celles des ces auteurs. "Ceux qui ont ri plus fort ont voulu prouver qu’ils étaient polyglottes" apparait à la suite d’une phrase en anglais de Ricky Gervais. L’humoriste n’est pas encore sur scène qu’il amuse déjà son public.
Des spots bleutés découpent la silhouette Alex Vizorek. Ainsi transformé en statue il déclame, solennel, les vers de Baudelaire : Le Mort Joyeux. De quoi plonger d'emblée les spectateurs dans l’ambiance. Qu’ils se rassurent, le quota de références intellos est atteint, promet sans en penser un mot l’humoriste. L'artiste alternera tout au long du spectacle entre érudition et esprit canaille, passant sans transition de Baudelaire à la reproduction animale, dont celle assez étonnante des poissons abyssaux.
Spiritualités
Comment évoquer la mort sans parler de (l’espérance de) vie ? Alex Vizorek convoque de grands panneaux explicatifs qui tombent des cintres grâce à l'élégante mise en scène de Stéphanie Bataille. On y lit qu’en 1740 les gens mourraient entre 20 et 30 ans. "Qui serait encore vivant si nous étions à cette époque-là ?" interpelle l'humoriste. Rare sont les mains levées, un indice de l’âge moyen du public. "Des auditeurs de France Inter, voire France Musique", analyse sourire en coin le comédien, avant de lancer un auto-débat, plein de sarcasme, sur les avantages et inconvénients d’avoir des enfants.
Alex Vizorek fait ensuite un détour par la petite mort ou orgasme. Assis en tailleur comme au coin du feu, lumière tamisée, il susurre à l’oreille des spectateurs quelques-uns de ses fantasmes. Sujet récurrent des one-man-shows, comme celui des religions qu’il ne manque pas non plus de titiller. Mais là où il nous régale vraiment, c'est lorsqu'il creuse d'autres types de spritualités : celles exposées sur des sites Internet plus farfelus les uns que les autres.
Eloge funèbre
Mais c'est probalement dans la philosophie qu'il trouve le plus de satisfaction. En vieux sage (pas si vieux et pas si sage), il retrace les réflexions sur la vie et la mort d'Heidegger, Epicure, et Avicenne. Un simili-cours - on aurait aimé l'avoir comme prof de philo ! - dont le spectateur ressort moins bête. Plus optimiste aussi, avec en tête cette citation éclairante "une vie ne se mesure pas à sa longueur mais à sa largeur."
Alex Vizorek termine par son propre éloge funèbre. Dans un grand gloubi-boulga, il recolle habilement tous les passages de son spectacle les uns aux autres, reliant tout ce qui fait le sel de la vie, la philosophie, les sciences et les arts. Les 1h40 du show - très rythmées - passent sans même que l’on sent rende compte. Si ce n'est nos zygomatiques douleureux à force d'avoir ri d'un sujet pourtant si angoissant. Comme quoi finalement, Alex Vizorek a un sacré nez !
"Ad Vitam", d'Alex Vizorek, mis en scène par Stéphanie Bataille
Théâtre de l'Œuvre
55 Rue de Clichy, 75009 Paris
01 44 53 88 88
Du 13 octobre 2021 au 8 janvier 2022
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