"Red Carpet" d'Hofesh Shechter à Garnier : le chorégraphe israélien star offre à l'Opéra de Paris une explosion de violence et de tendresse
Son actualité est riche en ce mois de juin 2025. Outre "Red Carpet", il a présenté aux Nuits de Fourvière "Political Mother : The Choreographer’s Cut ", et il vient d’être nommé codirecteur de l’Agora et du festival Montpellier Danse.
/2021/12/14/61b8b98a721f3_christophe-airaud.png)
/2025/06/12/27713-julien-benhamou-opera-national-de-paris-red-carpet-hofesh-shechter-c-julien-benhamou-onp-2739-684a7bf0f1cbf391672859.jpg)
Hofesh Shechter a pour habitude de travailler avec sa propre compagnie, mais c'est une histoire forte et une grande complicité qui le lie avec le ballet de l'Opéra de Paris. Jusqu'au 14 Juillet au Palais Garnier, il présente Red Carpet, une création pour treize danseurs et danseuses de l'Opéra qu’il connaît bien pour avoir travaillé avec eux à l’occasion des entrées au répertoire de The Art of Not Looking Back en 2018 puis d’Uprising et In your Rooms en 2022. Le chorégraphe israélien qui vit actuellement à Londres est entré donc trois fois au répertoire de l'Opéra de Paris. Enfin, le grand public l'a découvert dans le film de Cédric Klapisch En corps quand Marion Barbeau, première danseuse du ballet interprétait le rôle d'une danseuse blessée qui doit sa résilience à la danse de Shechter.
Pour résumer, il est l'un des plus populaires chorégraphes contemporains, un exploit pour un artiste qui ne fait aucune concession au public.
Un cabaret déglingué
Ne demandez pas au chorégraphe le sens de ce titre Red Carpet, il esquiverait avec le sourire qui ne le quitte que rarement. "C'est toujours difficile d'expliquer un titre. La seule chose que je peux dire est que Red Carpet, ce n'est pas un thème, c’est un objet, c'est un titre avant tout. C’est l'espace du Palais Garnier et ses rideaux rouges qui m'ont amené à ce choix, c'est un indice de glamour (...) je voulais faire un clin d’œil à l'Opéra", raconte-t-il dans un entretien sur le site de l'Opéra.
Et effectivement, le ballet commence par une lente ouverture de grands rideaux rouges en velours, aux plissés pesants, symboles de la tradition de Garnier. Mais au fond de l'immense plateau, le public découvre un orchestre de quatre musiciens qui vont faire résonner de furieuses mélodies entre mélopées de la Méditerranée et free jazz endiablé. Hofesh Shechter est l'un des rares chorégraphes à composer lui même la musique de ses créations. Un violoncelle, un cuivre, une contrebasse et une batterie et c'est parti pour 65 minutes de frénésie, de douceurs et de violence mêlées. Une heure de danse puissante et sensuelle pour une nuit dans un cabaret déglingué, à la fois baroque, glamour et punk.
Comme à chaque création, la musique originale tient une place très importante. Elle est le déclencheur de la chorégraphie. Celui qui explique le mieux la relation entre musique et danse chez Shechter est Yaron Engler, batteur et complice du chorégraphe : "Les boucles sonores d'Hofesh sont des vagues, je les approche comme un surfeur. Avec beaucoup de liberté". Liberté n'est pas un mot galvaudé dans les créations de Shechter.
Signe que Shechter est un véritable compositeur, ses compositions s'écoutent sans image. Elles sont disponibles sur En Corps, la BO du film de Cédric Klapisch chez Because Music.
/2025/06/04/rgu91pnfism5tlg7vqep-684055d875db3867263430.webp)
On pourrait regarder Red Carpet comme une série de citations de son propre parcours de vie et d'artiste. Shechter commence le piano à 6 ans, puis étudie la batterie et il dit souvent : "j'aurais déjà du mal à travailler avec un autre compositeur".
L’autre caractéristique de ce ballet qui renvoie aux jeunes années du chorégraphe sont les teintes folkloriques de la musique et de la gestuelle. "J’ai débuté dans la danse à l'école à Jerusalem, j'avais 7 ou 8 ans et des cours de danse folklorique. J’étais très timide, mes amis se moquaient de moi", affirme-t-il dans le même entretien sur le site de l'Opéra.
Mais à 15 ans, surprise : le jeune ado israélien dévore Fame, le film d'Alan Parker et la série télé des années 80 sur une école de danse new-yorkaise. On y danse, on y chante, l'ambiance est endiablée, soul et funky. Il en reste ce sens de la fête, du clubbing qui parfois envahit le plateau dans Red Carpet.
Les danseurs de l'Opéra de Paris comme un même corps
Dans le cabaret glam d'Hofesh, hommes et femmes s'entrelacent, s'élancent, se culbutent mais toujours la troupe reste unie et finit par se retrouver comme après une nuit de fête. Un peu ivre de l'expérience. Ils et elles sont treize sur le plateau. Des sujets, quadrilles, coryphées ou premier danseur, selon la dénomination de l’Opéra. Pas d'étoile, cette fois, mais aucune importance, tant la danse de Shechter est égalitaire. Les danseurs et danseuses forment pratiquement un même corps. Il y a de la transe, des spasmes, des pas de derviches, des souvenirs de folklore.
La technique remarquable du ballet permet l'expression de cette chorégraphie. Quand le groupe se disloque, explose, la précision des retrouvailles est une des marques de fabrique de Shechter. La technique du ballet et la force de travail emballent le chorégraphe qui déclare : "J'avais cette idée de créer un groupe, une famille, un groupe intime restreint pour avoir une énergie ressentie et resserrée"
La complicité qui lie Shechter à José Martinez, directeur de la danse à Garnier comme celle qui le liait à Aurélie Dupont, permet sans risque de dire qu'il reviendra probablement à l'Opéra de Paris dans les années qui viennent.
"Red Carpet" d'Hofesh Shechter avec le Ballet de L'Opéra de Paris. Au Palais Garnier jusqu'au 14 juillet 2025. 1h05 sans entracte, de 90€ à 140€
À regarder
-
Guerre Israël-Hamas : "Ces deux peuples ne pourront plus jamais vivre ensemble !"
-
Pourquoi on doit garder du cash chez soi ?
-
Ingérences russes en Moldavie
-
À 12 ans, il porte plainte contre Roblox
-
Gaza : la route de l'exode
-
Pourquoi ce bébé girafe est une bonne nouvelle
-
Marie-Céline Bernard, pionnière du rugby féminin en France
-
Une centaine d'agriculteurs manifestent devant le château de Versailles
-
"Faites des parents" : une campagne pour le don de gamètes
-
Cette alerte a sauvé une ado
-
Un Polonais devient le premier alpiniste à descendre l'Everest à ski sans oxygène
-
L'Oktoberfest à Munich comme si vous y étiez
-
Condamnation de Nicolas Sarkozy : "C'est le pays tout entier qui va être éclaboussé !"
-
Opérations ratées : un ophtalmo visé par plusieurs plaintes
-
Ingérence russe : les élections moldaves sous surveillance
-
Pourquoi faut-il avoir de l'argent liquide chez soi ?
-
Etat palestinien : Benyamin Nétanyahou prépare sa riposte à l'ONU
-
Nicolas Sarkozy : comment va-t-il purger sa peine ?
-
Décès au KFC : un corps découvert aux toilettes au bout de 30h
-
N. Sarkozy condamné : l'ancien président ira en prison
-
Braquage impressionnant dans une bijouterie en Californie
-
L’ancien président Nicolas Sarkozy ira en prison
-
Malfaçons : 38 degrés toute l'année chez eux
-
Cookies, gaufres : le succès des fast-foods sucrés
-
Y'a des pesticides dans les nuages
-
Marylise Léon réagit à la colère des patrons
-
Une nouvelle photo officielle pour Joe Biden à la Maison Blanche ?
-
Carla Bruni arrache la bonnette du micro de Mediapart
-
"Je dormirai en prison mais la tête haute"
-
Contraception forcée : le scandale qui empoisonne le Danemark
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.