"DeSacre !" de Christine Gaigg délocalisé dans une église désacralisée par l'évêché de Bayeux
Un compromis plutôt qu’une polémique. Voilà le choix pour lequel a opté le diocèse de Bayeux-Lisieux en délocalisant le spectacle "DeSacre !" prévu en mai prochain en l'église Notre-Dame-de-la-Gloriette à Caen. Cette création de la chorégraphe Christine Gaigg n’est pas du goût des milieux intégristes catholiques qui sont montés au créneau. Le spectacle sera donné dans une église désacralisée.
Les 16 et 17 mai prochain, l’église Notre-Dame-de-la-Gloriette devait accueillir "DeSacre !", un spectacle de la chorégraphe autrichienne Christine Gaigg. Avec 7 danseurs et 2 conférenciers, elle devait prendre possession de cet édifice construit à la fin du XVIIe siècle par les Jésuites et qui accueille aujourd’hui les auditions de la Maîtrise de Caen mais également plusieurs rendez-vous de la programmation du Théâtre de Caen. Un théâtre où la chorégraphe est désormais "artiste compagnon".
Le scandale, à 100 ans d'écart
"DeSacre !" est né d’une commande passée en 2310 par le Tanzquartier de Vienne (le premier centre de danse et de performance contemporaines d'Autriche) à Christine Gaigg, lui demandant d’investir une église. Elle a imaginé ce spectacle dansé mais à caractère politique où elle interroge le spectateur sur deux spectacles qui, à 100 ans d’écart, ont suscité la polémique : le Sacre du Printemps de Vaslav Nijinski sur la musique d’Igor Stravinsky (l’œuvre, dont la première le 29 mai 1913 donna lieu à un scandale, était qualifiée par le compositeur de "grand rite sacral païen") et la danse punk rituelle du groupe féministe Pussy Riot du 12 février 2012, le tout accompagné de conférence sur l’art et la modernité.Car comme le rappelle Alban Richard, le directeur Centre chorégraphique de Caen, "DeSacre !" n’est pas un spectacle "blasphématoire ni christianophobe. Il pose des questions et tente de trouver des réponses sur qu’est ce qui fait la modernité aujourd’hui".
Reportage : France 3 Normandie - S. Potay / J. Hamard / T. Paillet / X. Gerard
Les réseaux intégristes montent au créneau
La polémique a commencé début janvier avec un article paru sur le site Riposte-catholique - connu pour véhiculer les thèses des catholiques intégristes – sous le titre "Un ballet païen dans une église à Caen" (le site se trompe d’ailleurs en déclarant que l’église accueillera un spectacle intitulé "Le Sacre du Printemps : un ballet païen" ce qui est en fait le titre d’un débat qui a eu lieu en décembre dernier avec les chorégraphes Emanuel Gat et Enora Rivière).Suite à cet article, Daniel Hamiche, directeur du site L’observatoire de la christianophobie a fait part de ses "inquiétudes" à Mgr Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux. Selon lui, "le titre même de ce spectacle et la réputation de la chorégraphe ne laissent pas d’inquiéter. Certes, on ne célèbre que fort rarement la messe dans cette église mais, que je sache, elle n’est pas désacralisée". Il demande de vérifier que ce spectacle "ne sera en aucun cas attentatoire à la dignité du lieu et à la morale catholique".
Sans doute avait-il visionné les images du précédent spectacle de la chorégraphe intitulé "Maybe the way you made love twenty years ago is the answer?", dont le caractère sexuel était totalement explicite...
Le compromis
D'après nos confrères de Normandie Actu, une réunion s'est tenue le 11 janvier dernier entre les équipes du Théâtre de Caen, du centre chorégraphique national de Caen en Normandie et du diocèse de Bayeux-Lisieux. L’occasion de rappeler que l'église Notre-Dame-de-la-Gloriette, qui est encore consacrée, fait l’objet d’une convention entre la Ville de Caen et le diocèse depuis 1981. L’article 1 de cette convention prévoit que "seules les productions de musiques classiques peuvent être programmées dans cette église". Dans un souci de respect de la convention, le spectacle "DeSacre !" sera donc proposé dans l’église désacralisée Saint-Nicolas.À regarder
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