: Interview "Les démonstrations de l'école de danse sont notre vitrine" : Élisabeth Platel forme depuis vingt ans les petits rats de l'Opéra de Paris
Celle qui a succédé à Claude Bessy à la tête de l'école de danse en 2004, nous parle ici de ses élèves, appelés à rejoindre un jour le prestigieux corps de ballet de l'institution.
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À l'approche de Noël sonne l'heure des démonstrations. Les apprentis danseurs quittent leur école de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour présenter leur travail sur la grande scène du Palais Garnier, monument qui fêtera en janvier ses 150 ans. Combien de petits rats ont trottiné sur ses vieux planchers ? Mystère. Ce qui est sûr, c'est qu'ils reviennent chaque année, aussi sûrement que la bûche pour le réveillon, au moment des démonstrations, une tradition bien vivace. Nous avons saisi l'occasion pour rencontrer Élisabeth Platel, la prestigieuse directrice de l'école. Cette ancienne étoile de l'Opéra de Paris – l'une des interprètes préférées de Rudolf Noureev – a vu défiler plusieurs générations d'enfants.
Franceinfo Culture : Les démonstrations, cela consiste en quoi ?
Élisabeth Platel : Claude Bessy qui a créé les démonstrations en 1977 appelait cela les portes ouvertes. Elle voulait montrer aux nombreux professeurs de danse présents dans la salle ce que l'on faisait à l'opéra. Ce ne sont que des exercices pédagogiques, à la barre ou au milieu [de la scène]. Ils nous permettent de présenter tous les élèves à l'issue du premier trimestre de travail, pour nous le plus long. C'est à nu, sans costume. C'est l'aridité et la véracité de la technique. Le but est de faire en sorte que chacun fasse des progrès. C'est aussi l'occasion pour les professeurs (18 dont 12 pour la danse classique) et moi de faire une première évaluation à la fin de ce long trimestre et de vérifier, pour chaque élève, ce qui nous reste à travailler. L'équipe va identifier les fragilités et essayer de comprendre d'où elles proviennent.
Préparez-vous les démonstrations comme un spectacle ?
Non, c'est un cours préparé et répété, mais pas autant qu'un spectacle. On ne peut pas improviser totalement. Il faut un rythme, un timing. Surtout pour le cours de pas de deux [duo chorégraphié]. On fait une réunion avec les professeurs et on choisit les musiques avec les 12 pianistes de l'école qui accompagnent nos élèves au quotidien. Je suis la cheffe d'orchestre, la seule à savoir ce que tout le monde fait. Les démonstrations, c'est une vitrine de notre école. On se penche sur notre passé et on se projette vers l'avenir. Nos plus jeunes élèves ont en général "marché" pour la première fois sur la grande scène, en pente, du Palais Garnier lors du défilé de septembre, mais c'est la première fois qu'ils font de la technique devant un public.
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Combien d'enfants participent aux démonstrations ?
Dimanche 15 décembre, pour les deux premières représentations, ils étaient 135. Le plus jeune est âgé de 9 ans et demi, les plus âgés viennent d'avoir 18 ans. Seulement quatre élèves étaient absents, l'un parce qu'il s'est blessé sur une mauvaise réception et les trois autres pour des problèmes liés à la croissance. Cela signifie que le service médical et l'encadrement font du bon travail. On est dans la vigilance et dans l'anticipation. Le premier jet était très bon, d'autant plus qu'on ne fait jamais de répétition. Je touche du bois pour les prochaines.
Les enfants de l'école ont-ils changé en vingt ans ?
Oui, bien sûr. Quand j'ai pris la direction de l'école après Claude Bessy [directrice de 1972 à 2004], les enfants étaient différents et l'éducation était différente. À mon époque, on était hyperdisciplinés. Moi, j'ai peut-être apporté ma naïveté (...). L'enfant aujourd'hui, vous ne pouvez pas lui dire : "Ça, c'est bien, ça, c'est pas bien." Maintenant, on sent qu'il faut les convaincre. Ils ont besoin d'être respectés et considérés individuellement. Le rapport à l'adulte est différent. Et puis nous, on n'avait pas d'internat, on avait une vie après le cours de danse. Moi, à 15 ans, je me baladais seule dans Paris en toute liberté, y compris le soir. L'époque aujourd'hui ne le permettrait plus.
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Le téléphone portable, c'est un progrès ou un fléau ?
C'est un motif d'inquiétude pour moi, les réseaux sociaux. Le système éducatif en France a laissé fuir le contrôle de ces réseaux. Il y a une course à être connu. Moi, ça me soucie. À l'école, j'ai mis en place une formation. On apprend à nos élèves le droit et le respect du droit à l'image. Je leur explique ce que l'on peut poster et ce que l'on ne doit pas poster.
Comment avez-vous été choisie pour ce poste en 2004 ?
Moi, j'ai eu la chance d'être choisie pour ma personnalité. Maintenant, pour postuler sur ce type de poste, il faut un projet, des idées précises exprimées dans une lettre de motivation. Cela s'est passé ainsi pour José Martinez, le directeur de la danse de l'Opéra de Paris. Vingt ans après, je suis fière d'avoir encore des idées pour l'école. La personne qui me succédera devra avoir sa vision pour l'école du futur.
Vous pensez rester encore longtemps à la tête de l'école ?
Je ne sais pas. Tant que j'ai envie et que la direction de l'Opéra de Paris me fait confiance.
Démonstrations de l'école de danse de l'Opéra de Paris
Samedi 21 et dimanche 22 décembre 2024 à 10H30 et 14H30
Durée 2H15 avec un entracte, tarifs de 12 à 35 euros
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