"La Rebelle" : George Sand se bat pour les droits des femmes dans une nouvelle série de France Télévisions

La Rebelle - Les Aventures de la jeune George Sand est l'histoire d'une émancipation. Déjà disponible sur la plateforme france.tv, cette mini-série de 4 épisodes (environ 50 minutes chacun) sera diffusée sur France 2 les 14 et 21 avril. Elle se concentre sur un point de bascule dans la vie de l'auteure, la période cruciale où elle décide de se libérer de ses entraves pour se consacrer pleinement à sa passion pour l'écriture.

Née sous le nom d'Aurore Dupin, la future George Sand a épousé à 18 ans Casimir Dudevant, avocat à la cour royale, avec qui elle a un garçon et une fille. Il lui apporte un titre de baronne, elle lui offre sa fortune et son château, le domaine de Nohant. Leur mariage tourne au désastre même si, dit-elle dans la série, "il n'était pas comme ça quand je l'ai rencontré". Casimir trousse les servantes, se saoule et va jusqu'à la violer quand elle se refuse à lui.

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Librement adaptée de la vie romanesque de George Sand, la série commence vers 1830, juste avant qu'elle ne décide de s'enfuir avec son jeune amant, l'écrivain Jules Sandeau, pour rejoindre Paris. La capitale est alors en pleine effervescence. Après la Révolution de Juillet et l'abdication de Charles X, le nouveau roi instaure une monarchie constitutionnelle. Un vent de renouveau souffle sur le pays.

Créée par Georges-Marc Benamou (La Peste, Les Aventures du jeune Voltaire) et réalisée par Rodolphe Tissot, La Rebelle explore la vie de bohème de la sulfureuse jeune femme, ses rencontres avec les plus brillantes personnalités de son époque (Balzac, Musset, Dumas, Sainte-Beuve, Mérimée...) et surtout, ses combats pour lutter contre l'assignation des femmes au rôle d'épouses soumises, le divorce ayant été aboli par la monarchie.

Quand Aurore devient George

Pour pouvoir publier son premier roman intitulé Indiana, Aurore devient George. Sans "s". Se cacher derrière ce pseudonyme masculin est pour elle la seule façon d'être prise au sérieux en tant qu'écrivain. Défiant les normes de son temps, Aurore multiplie les liaisons (masculines et féminines), monte à cheval à califourchon et s'habille à la garçonne. Elle obtient même du préfet l'autorisation de travestissement nécessaire pour porter le pantalon, comme sa contemporaine, la peintre Rosa Bonheur.

À travers l'héroïne de son roman, qui lui ressemble beaucoup, elle dénonce les conditions de vie des Françaises de l'époque. Ce faisant, l'auteure déchaîne les passions et suscite des débats enflammés entre ses détracteurs et ses partisans. Elle s'entend dire, entre autres poncifs, que "les femmes ne sont pas faites pour écrire des livres, mais pour faire des enfants". Cela ne l'empêchera pas de s'imposer comme l'un des meilleurs écrivains de sa génération.

Il fallait le cran de George Sand pour oser incarner cette femme libre, intrépide et sensuelle. La comédienne Nine d'Urso, 31 ans, ne recule pas devant l'obstacle. Son visage expressif ressemble parfois de façon troublante à celui de sa célèbre maman, la mannequin et créatrice de mode Inès de la Fressange. Avec un côté androgyne qui sert le rôle. Elle fait une belle héroïne, montrant le tempérament nécessaire pour se glisser dans la peau de l'écrivaine obstinée. Peut-être s'est-elle aussi inspirée de sa sœur, Violette d'Urso, auteure d'un roman remarqué en 2023 ?

Autre surprise du casting : la chanteuse Barbara Pravi, candidate à l'Eurovision en 2021. Elle revêt les atours d'une autre "star" du XIXe siècle, la comédienne Marie Dorval, égérie d'Alexandre Dumas. La jeune George Sand lui envoie une lettre d'admiration et dès leur première rencontre, les deux femmes nouent une relation forte et intime.

Le reste de la distribution, avec les participations notamment de Philipe Torreton et de Jean-Luc Bideau, est impeccable. Saluons aussi le travail sur les décors, intérieurs comme extérieurs, magnifiques, et sur les costumes créés par Jean-Daniel Vuillermoz. Et si la relecture post-#MeToo de l'histoire peut sembler un brin appuyée, c'est pour la bonne cause.

Les puristes dénonceront le manque de ressemblance physique entre la grande Nine d'Urso et la petite George Sand. Ils s'indigneront des raccourcis historiques, approximations et éventuelles inventions dans le scénario, en oubliant qu'il s'agit d'une fiction. Mais la série donnera certainement envie à de nombreux spectateurs de se plonger dans l'œuvre d'une femme courageuse, un peu passée de mode. La première auteure qui ait réussi à vivre de ses livres. En toute indépendance.