: Interview Jonathan Zaccaï en diplomate français dans la série "Kaboul" : "Il y a toujours une solution même quand il semble ne plus y en avoir"
Au cœur d'une distribution internatiolale, Jonathan Zaccaï incarne un diplomate confronté à une situation sécuritaire et politique tendue alors que les talibans s'emparent de la capitale afghane, Kaboul, en 2021.
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Il est inoubliable dans Le Bureau des légendes. Dans la série Kaboul, à voir actuellement sur Francetv.fr et à partir du 31 mars sur France 2, Jonathan Zaccaï est Gilles, chef de la sécurité de l'ambassade de France à Kaboul. Il va organiser précipitamment, en dehors des canaux habituels, l'évacuation des personnes qui trouvent refuge à l'ambassade alors que les talibans prennent la capitale le 15 août 2021.
Franceinfo Culture : Comment avez-vous eu vent de cette nouvelle partition géopolitique que vous offre la série "Kaboul" ?
Jonathan Zaccaï : C'est la directrice de casting qui m'en a parlé. Elle a été formidable. J'ai passé des essais pour celle-là, peut-être à cause de l'anglais (langue de la version originale) et du personnage. Ce n'était pas une évidence, mais j'avais bien saisi son essence. J'ai eu très envie de le faire et je me suis battu pour. J'adorais le scénario, une aventure européenne avec plein de nationalités et surtout le sujet qui est important. Comment ne pas avoir envie de participer à un tel récit ?
Comment vous êtes-vous renseigné sur le personnage de Gilles, le chef de la sécurité de l'ambassade de France à Kaboul qui est la dernière à rester ouverte au moment où les talibans investissent la capitale afghane à la surprise générale ?
Il y a beaucoup de documentaires, j'ai évidemment lu le livre du commandant Mohamed Bida,13 jours, 13 nuits dans l'enfer de Kaboul (Denoël) dont le personnage est inspiré. Le livre a été adapté au cinéma par Martin Bourboulon, avec Roshdy Zem (sortie prévue cette année). J'ai lu le livre de David Martinon, l'ambassadeur de France en Afghanistan, à l'époque. Il y a aussi cinq saisons du Bureau des légendes qui aident : j'ai rencontré des gens de la police, de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) et de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Par ailleurs, c'est une histoire très humaine dans laquelle on se retrouve confronté à un drame auquel personne ne s'attendait à ce moment-là : un gouvernement qui est parti, qui a laissé tout un pays, l'urgence liée au fait que les talibans débarquent plus tôt que prévu. L'ambassade de France, qui est l'une des dernières à être ouverte, se retrouve responsable de toutes ces personnes qu'il faut évacuer. En face, il y a les talibans, des gens avec lesquels il est compliqué de négocier. L'expérience est intéressante pour un acteur parce que, certes, on ne se met pas en danger, on ne risque pas sa vie comme les vrais protagonistes, mais il y a une responsabilité dans la mesure où l'on sait que ces personnes ont vraiment fait tout ce que nous jouons à l'écran.
Qu'est-ce que vous avez découvert en tournant la série, au-delà de tout ce que vous aviez lu sur le sujet ?
Nous avons tourné à Athènes : la reproduction des décors est incroyable. Quand tout à coup, vous vous retrouvez avec une foule de figurants qui viennent de Syrie, de Palestine, et qui ont vécu des exils très violents, la réalité des trajectoires de ces personnes et la fiction se rencontrent. Quand l'un d'eux tombe presque dans les pommes parce que ça lui rappelle le trauma de son départ à lui de son pays, vous êtes pris par l'émotion liée à une interrogation : ils en ont sauvé beaucoup, mais combien ont-ils laissé derrière eux ? J'étais vraiment dans l'empathie que ressent mon personnage sans avoir à faire d'effort particulier. On est confronté à la vraie souffrance et je ne m'y attendais pas. C'est très touchant et émouvant. Sur une note plus légère, ce que je n'avais pas franchement prévu [rires], c'est qu'il fasse aussi chaud à Athènes qu'à Kaboul. Avec mon pote Thibaud Evrard [avec qui il joue la majorité de ses scènes], on se disait : "Tu te rends compte que là, on n'a pas la force de tourner sous cette chaleur alors que les gars étaient en train de vraiment faire ce que l'on va faire ?" Tous ces gens qui ont une responsabilité telle que, même quand ils sont perdus doivent donner le change, donnent l'impression qu'ils ont toujours le contrôle de la situation. Mais, en même temps, je ne pouvais pas faire comme si c'était facile. Les vrais héros nous confient qu'ils ont peur, mais il y a chez eux du courage. Après de telles expériences, mon personnage et le vrai ne se disent pas qu'ils ont sauvé plein de vies, mais s'inquiètent plutôt de toutes celles qu'ils ont laissées derrière eux.
Qu'est-ce qui, dans la psychologie de Gilles, vous a aidé à trouver son essence, comme vous le disiez ?
Il n'est jamais perdant. Il est toujours en capacité de trouver une solution même quand il semble ne plus y en avoir. Pour l'évacuation, il ne peut pas le faire par hélicoptère parce qu'ils se font tirer dessus. Cependant, il prend les devants et fait fi des circuits diplomatiques qui ne lui auraient pas permis de sauver autant de gens. C'est la force de ce personnage inspiré par le commandant Bida. Nous ne sommes pas dans le biopic parce que les créateurs ont voulu s'en détacher, mais c'est son parcours. Il a pris des décisions de son propre chef. Il s'est retrouvé au sommet de la pyramide des décisions. Si lui lâche, tout le monde s'effondre.
La série est inspirée de faits réels…
Comme le dit Demangel, tout est vrai, mais c'est parfois injecté dans la fiction. Les éléments sont réels même s'ils ne sont pas produits dans le même ordre chronologique ou dans les mêmes circonstances.
Qu'avez-vous appris sur la diplomatie française ?
Sur cet événement-là, j'ai trouvé qu'elle avait été assez remarquable. Il y a un sens de la responsabilité, de l'aide des autres. La diplomatie française a fait du mieux qu'elle a pu. C'était la précédente administration Trump qui a négocié le retrait américain. Ce sont les prémices, pour tout le monde, de ce qu'il se passe aujourd'hui. Le retrait des Américains est le premier d'une série à laquelle nous assistons. Cet événement est avant-coureur de ce qu'il se passe maintenant.
C'est courant aujourd'hui pour les acteurs de cinéma de faire des séries. Vous avez donc été pionnier d'une certaine manière en passant du cinéma à la série et vice-versa. Comment les séries sont arrivées à vous et comment percevez-vous ces allers-retours ?
La série Le Bureau des légendes est la plus marquante que j'ai faite. Elle a été moteur dans ma carrière. La question se pose-t-elle encore entre le cinéma et la série face à une série qui a cette qualité d'écriture ? Il y a peu de longs-métrages qui ont la qualité d'écriture qu'à Éric Rochant dans Le Bureau des légendes. On la retrouve aussi chez Demangel et Finkielkraut dans Kaboul. Ce ne sont pas les mêmes rythmes, c'est plus rapide avec les séries et ce n'est pas plus mal parfois. Le développement d'un rôle sur Le Bureau des légendes, c'est presque comme dans la vie. On ne sait pas ce qui va nous arriver la saison d'après : on peut mourir, se faire péter une jambe comme cela a été le cas de mon personnage. Je voulais de l'action et j'ai été servi. Au total, c'est le même métier.
"Kaboul" créée par Olivier Demangel et Thomas Finkielkraut avec la collaboration de Joé Lavy
Réalisation Kasia Adamik et Olga Chajdas. Avec Jonathan Zaccaï, Vassilis Koukalani, Gianmarco Saurino, Darina Al Joundi, Shervin Alenabi, Hannah Abdoh, Jeanne Goursaud, Eric Dane,Thibaut Evrard. Disponible en intégralité sur france.tv(Nouvelle fenêtre) et diffusée lundi 31 mars à 21H10 sur France 2 (6x52 min)
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