"Son seul avenir était de devenir une ruine" : les travaux du fort Boyard commencent cet été et dureront trois ans

Le Père Fouras, Passe-Partout, Felindra... Tous les Français ont déjà entendu parler de ce joyau patrimonial grâce à l'émission culte de France 2, commencée il y a plus de trente-cinq ans. Le fort Boyard trône dans l'océan Atlantique, au large de La Rochelle depuis 1857 et traverse le temps, en gardant toute sa beauté majestueuse. Mais derrière les apparences, l'édifice subit l'érosion de plein fouet. 

"La visualisation des dégâts a été progressive, comme des fissures importantes sur les façades extérieures, mais en 2019 nous avons mandaté un rapport d'expert sur l'état du fort. La conclusion a été sans appel, le seul avenir du fort était sa ruine sur le moyen long terme, sans la réalisation d'importants travaux sur les ouvrages de protection", affirme Mathieu Barbier, ingénieur et chef du projet au conseil départemental de la Charente-Maritime, propriétaire du fort depuis 1989. 

Après cette annonce alarmante, les équipes du département ont alors décidé, en 2020, de faire appel à un bureau d'études pour évaluer l'étendue des travaux à réaliser. "Nous avons eu des éléments précis sur les conditions de mer, de houle, des prédimensionnements d'ouvrages et l'évaluation des coûts", précise le chef de projet.

En 2022, les élus ont voté pour la réalisation de ces travaux et le lancement de la procédure de marché public. "On a lancé un dialogue compétitif qui nous a pris presque 18 mois de délai parce qu'entre-temps, il a fallu faire des reconnaissances géotechniques. En avril 2024, on a retenu un groupement d'entreprises pour démarrer sur la phase de conception des ouvrages", explique Mathieu Barbier. 

Remettre en état les ouvrages de protection

Les travaux ne concerneront donc pas l'intérieur, mais l'extérieur du fort. L'objectif est de remettre en état les trois ouvrages de protection : "L'éperon, sur la face nord-ouest, qui casse l'énergie de la houle. Un havre d'accostage, sur la façade sud-est, qui protège le fort et qui permet également l'accostage de petites embarcations. Et le talus de protection des fondations qui entoure complètement le fort". Ces travaux vont durer presque trois ans, de juillet 2025 à fin 2027-début 2028. 

Ces gros travaux représentent un coût de 44 millions d'euros (taxes comprises), soit 36 millions d'euros hors taxes. Le plan de financement est clair : 14 millions de réserve départementale, 6 millions de subventions (État, Drac), 3 millions du Conseil architectural départemental. Reste une part encore à trouver par le mécénat. "Aujourd'hui, on s'est fixé un objectif de 9 millions pour le mécénat, aussi bien public que les entreprises et les grands mécènes nationaux, le reste à financer sera en fonction du résultat de ce mécénat", détaille le chef de projet. La société de production de l'émission de "Fort Boyard", Adventure Line Productions (ALP), participe également aux travaux à hauteur de 150 000 euros, qui ne seront pas défiscalisés. 

"C'est une bonne initiative du département de sauver ce fort emblématique, il est indispensable."

Frédéric Lussato

président d'Adventure Line Productions

Quid des tournages ? "Il n'y aura aucun impact sur les différents tournages des émissions françaises et étrangères. Les travaux commencent mi-juillet cette année, donc les tournages sont déjà dans la boîte. Pour les prochaines saisons, les travaux seront diminués entre avril et la période estivale. Ils ne pourront, en tout cas, pas être vus ou entendus", raconte le président d'ALP.

Le planning d'intervention a évidemment pris en compte ces différentes contraintes : "ALP a besoin d'avoir une période de calme, sans bruit, avec des plans où l'on ne verra pas d'équipements de chantier à l'écran", explique Mathieu Barbier.  Après les travaux, le fort Boyard pourrait être accessible au grand public : "Nous verrons en temps voulu", affirme Frédéric Lussato.

"On n'a pas le droit de laisser le fort disparaître"

Les Charentais-Maritimes sont plutôt convaincus par la nécessité d'entreprendre ces travaux pour sauver le fort, monument emblématique de la côte rochelaise. "Il y a une forte adhésion des habitants, mais nous avons eu quelques remarques sur les priorités de financement dans le contexte actuel", a remarqué le chef de projet, Mathieu Barbier lors de l'enquête réalisée début 2025 auprès du grand public.

"Mais la présidente du département a fait un choix qui est de dire que le risque de ruine est suffisamment important pour considérer qu'on n'a pas le droit de laisser le fort disparaître". Rendez-vous alors en 2028 pour découvrir un fort comme neuf.