Le tapis de Louis-Philippe, trempé lors de l'incendie de Notre-Dame, est sauvé
De 27 mètres de long, le tapis du XIXe siècle évacué par le Mobilier national de Notre-Dame de Paris après l'incendie, a pu être sauvé. Il sera restauré après avoir été exposé pour les Journées du patrimoine.
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Quand l'immense tapis richement tissé inauguré sous Louis-Philippe pour Notre-Dame de Paris a été évacué quelques jours après l'incendie, la crainte du Mobilier national était un rapide pourrissement par l'eau. Mais de délicates opérations ont permis de le sauver, avant une restauration qui devra lui rendre tout son lustre. Il sera présenté au public dans la grande salle des réserves, pour les Journées du patrimoine, du 20 au 22 septembre.
"Notre peur était qu'il pourrisse. Après l'incendie, c'était de tous côtés une course contre la montre et il y avait bien d'autres priorités. Six jours après l'incendie, soit un délai incompressible, nos équipes ont reçu l'autorisation et l'ont emmené dans nos réserves au sud de Paris", a raconté à l'AFP Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national.
Des caisses ont protégé le tapis du plomb et des braises
Au moment de l'incendie, le 15 avril, il était confiné en deux parties de part et d'autre du choeur dans des caisses qui l'ont protégé du plomb fondu et des bois enflammés. "Quand on l'a déroulé, notre soulagement a été grand : on pouvait le sauver, il n'avait pas commencé à pourrir" sous les tonnes d'eau projetées par les pompiers, raconte le directeur.
Lors des Journées européennes du patrimoine, de vendredi 20 au dimanche 22 septembre, une estrade surélevée permettra aux visiteurs d'en avoir une vue d'ensemble, dans la grande salle des réserves.
La restauration de cette pièce de laine de 25 mètres sur 7,35 prendra plusieurs mois et commencera après les Journées. Sur ce tapis tissé à la manufacture de la Savonnerie entre 1825 et 1833 d'après un carton de Jacques-Louis de la Hamayde, des cornes d'abondance, des couronnes de fleurs aux couleurs vives s'entremêlent à une croix, une mitre ou encore une crosse. Des symboles royaux, dont on distingue encore les traces noires, avaient été retirés sous la monarchie de Juillet, changement de régime oblige.
Mouillé, il pesait trois tonnes
Ici et là on remarque des auréoles d'humidité, des déchirures dans la trame, des tâches, des trous provoqués par les mites. "On fait don de cette restauration au diocèse, il était important de montrer que, dans l'effort national, une institution comme la nôtre se mobilisait pour le sauver", explique Hervé Lemoine.
L'opération a été complexe : trempé, il pesait près de trois tonnes alors que sec il n'en pèse qu'une. L'eau sale avait drainé avec elle poussières, matières grasses, cendres de bois brûlé. "Enroulé, il aurait été un bouillon de culture, il pouvait pourrir. Une fois déroulé, il a fallu le sécher dans une gigantesque soufflerie, puis le congeler pour éviter la prolifération des moisissures. Le replier a été compliqué, il fallait le faire entrer dans un grand conteneur réfrigéré, dont la température a été abaissée progressivement à - 35 degrés. Cette opération-là a duré 24 heures. Après, on l'a emmené ici", raconte le directeur du Mobilier national.
Treize ans de travail
Louis XVIII avait commandé le tapis et Charles X l'avait mis en production en 1825. Terminé sous Louis-Philippe en 1838, il a été présenté une première fois au Louvre. Livré en 1843 à la cathédrale, il a été déployé pour le sacre de Napoléon III, puis au baptême du prince impérial en juin 1856. Il a ensuite été exposé en diverses circonstances, plutôt rarement : une visite du tzar Nicolas II, une première messe retransmise à la télévision en 1948, une visite du pape Jean Paul II...
Le tapis de Notre-Dame sera l'attraction principale pour les visiteurs pour les Journées du patrimoine. Mais une exposition parallèle, "Créer sous Louis XIV, les manufactures de la couronne à la Galerie des Gobelins", évoquera le savoir-faire français pour la plus grande gloire du Roi Soleil. Prestigieux mais mal connu, le Mobilier national et ses différentes annexes tentent de mieux se faire connaître : ici sont conservés, restaurés des meubles, tapisseries et tapis précieux, mais sont aussi réalisées de nouvelles créations.
L'an dernier, aux Journées du patrimoine, les réserves avaient été ouvertes au public. 20.000 visiteurs étaient venus les visiter, contre 6.000 à 7.000 les années précédentes aux seuls Gobelins. Un des meilleurs scores des Journées parmi les bâtiments parisiens.
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