La cathédrale de Nantes rouvre après cinq ans d'un chantier "gigantesque", entre "fierté" et "soulagement"

Cinq ans après l’incendie qui a ravagé une partie de son patrimoine, la cathédrale de Nantes rouvre partiellement au public samedi 27 septembre. Un chantier colossal, mobilisant des centaines de personnes, a permis de sauver et restaurer l’essentiel du monument historique.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Loire Océan
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La cathédrale de Nantes (Loire-Atlantique), après l'incendie, le 18 juillet 2020. (MALIKA BARBOT / HANS LUCAS)
La cathédrale de Nantes (Loire-Atlantique), après l'incendie, le 18 juillet 2020. (MALIKA BARBOT / HANS LUCAS)

À la veille de sa réouverture, il y a "une certaine forme de fierté et aussi un grand soulagement à l'idée de rouvrir cette cathédrale [de Nantes] au public", confie à ICI Loire Océan vendredi Pauline Ducom, la conservatrice des monuments historiques à la DRAC, la Direction régionale des affaires culturelles, des Pays de la Loire. Samedi soir aura lieu la réouverture de la cathédrale de Nantes et, dès ce week-end, le monument pourra de nouveau accueillir le public, après cinq ans de travaux.

Le 18 juillet 2020, un an après l'incendie de Notre-Dame-de-Paris, la cathédrale de Nantes a elle aussi été victime d'un feu qui a fait des dégâts importants, dont certains inestimables : le grand orgue du 17ᵉ siècle, le vitrail central et un tableau de Flandrin du 19ᵉ siècle ont totalement brûlé. Mais l'essentiel a pu être sauvé grâce à la mobilisation rapide de plus de 100 sapeurs-pompiers.

Un chantier hors normes 

35 entreprises, mais aussi des bureaux d'études ont participé au chantier. En tout, "600 personnes à peu près ont travaillé sur ce chantier, c'est gigantesque", confirme Anne Gérard, directrice régionale des affaires culturelles qui pilote cet énorme chantier. Des "dizaines de métiers différents, à la fois des restaurateurs, des électriciens, des ingénieurs, des tailleurs de pierre, c'est vraiment un collectif qui a travaillé au chevet de la cathédrale", se félicite-t-elle.

Le ministère de la Culture a engagé 21 millions d'euros de travaux pour le moment et "projette une somme de 32 millions d'euros à terme pour l'ensemble de la restauration du bâtiment cathédrale", précise Anne Gérard. Le chantier "s'est fait à moyens constants, avec la même équipe, sur un chantier complètement hors normes", poursuit Pauline Ducom.

Dépollution et découvertes archéologiques

Parmi les embûches sur ce chantier, "la dépollution n'est jamais un moment simple, se remémore-t-elle. Il y avait du plomb partout à la fois pour les équipes qui travaillent à cette dépollution et en même temps pour toutes celles et ceux qui continuent à avancer et à établir un diagnostic". Plusieurs chantiers ont dû être menés en parallèle. Les ouvriers ont aussi fait de belles découvertes, "en creusant des tranchées, on a mis à jour du patrimoine archéologique qu'il a fallu gérer", poursuit Pauline Ducom.

Il a fallu surtout "étayer pour éviter l’effondrement et sauver ce massif occidental", la partie indépendante située à l'entrée de la nef, relate Jérémy Busnel, conducteur de travaux pour l'entreprise Lefevre, spécialisée dans la restauration du patrimoine. Pour les tailleurs de pierre, c'était "un film d'horreur". "Imaginez un brasier qui monte à plus de 800 degrés, la pierre a littéralement explosé sous les contraintes de la chaleur", décrit-il. Les blocs de pierre ont été changés, "comme un gros Lego", poursuit Jérémy Busnel qui a dû agir avec ses équipes "avec beaucoup d'attention parce que c'était très fragile et très précaire en termes d'équilibre".

"Evidemment un incendie comme ça, ça laisse des traces", explique la conservatrice de la Drac Pauline Ducom. "Par exemple sur l'ancienne cathèdre qui a été mise au sol par les flammes, on s'est attaché à la restaurer, mais aussi à laisser quelques vestiges visibles".

Une réouverture partielle mais symbolique 

Une partie de la cathédrale reste encore fermée au public, celle du massif occidental, la façade extérieure du monument et le fond de la cathédrale. "On estime à peu près à 450m3 de pierres à remplacer sur cette travée-là", précise Jérémy Busnel. Il reste 33 mois de travaux pour terminer la façade de la cathédrale. "C'est un chantier très important parce qu'il va falloir changer toutes les pierres et ensuite mettre la nouvelle verrière contemporaine et enfin l'orgue, qui viendra bien après, une fois qu'on aura clos le bâtiment", termine Anne Gérard.

"C'est un retour qui sera partiel car c'est vrai qu'on ne va pas retrouver la cathédrale dans sa splendeur telle que nous l'avions laissée", reconnait Jean-François Henry, président des Amis de la cathédrale. "C'est une étape". Mais pour lui les stigmates encore visibles sur le monument et sa réouverture partielle montrent que le bâtiment "est un peu un symbole de la vie des gens, de la vie faite d'accidents et de renouveaux. Et c'est une nouvelle étape dans cette histoire extraordinaire que celle de la cathédrale de Nantes".

La Fondation du patrimoine a lancé un appel aux dons pour le grand orgue. Elle a pour l'instant recueilli 260 000 euros de dons.

Les ouvriers vont être faits chevaliers des Arts et des Lettres en reconnaissance de leur travail. "Cette médaille n'est pas que pour moi", précise Jérémy Busnel, "c'est une reconnaissance aussi pour nos compagnons, parce qu'ils ont vraiment œuvré au quotidien, cette médaille est vraiment pour l'ensemble des compagnons de l'entreprise".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.