Pigalle, un quartier qui fait toujours le show

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Article rédigé par France 2 - M. Delaunay, H. Strobel, B. Caplau, B. Tanguy .Édité par l’agence 6médias
France Télévisions

Le business du sexe, une industrie toujours florissante mais en pleine transformation. Première étape, à Pigalle depuis toujours considéré comme le quartier chaud de la capitale. Depuis quelques années, il s'est assagi sans complètement renier son passé sulfureux.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Reconnaissable au premier coup d'œil. Des enseignes aguicheuses, une enfilade de sex shops et bien sûr, le Moulin Rouge. Pigalle, passage obligé pour les touristes étrangers, presque aussi incontournable que la Tour Eiffel.

Ils témoignent : "C'est iconique. C'est très français. Vous ne verriez ça nulle part ailleurs. Il y a des sex shops partout. C'est dit, ouf, ok, on ne savait pas, mais c'est ok."

Pour arpenter le quartier et découvrir ses secrets, nous avons été escortés par deux policiers. Jean-Claude Moreau et Jean-Marie Schmelz sont des anciens de la Mondaine, le surnom donné à la brigade des Murs. Entre 1985 et 1998, ils contrôlaient les bars à hôtesses du quartier.

"Il fallait surveiller qu'il n'y ait pas de mineurs dans les boîtes, c'est tout. Et autrement, il n'y ait pas d'actes sexuels à l'intérieur de la boîte. C'est arrivé, on est tombé au bon moment. On constatait qu'il y avait eu un manquement à la loi, on va dire. On embarquait le client et la patronne. Il y avait fermeture. Et là, c'était rempli de monde, rempli de monde, rempli de monde."

Une nostalgie recherchée

Night clubbers, rôdeurs ou nos sœurs, qu'importe ici la nuit, tous les chats sont gris. Des décennies de débauche, où dès les années 30, se mêlent les bourgeois, les prostituées, les danseuses et les truands. Pigalle, théâtre nocturne, où l'on venait braver l'interdit.

Symbole du sexe et de la luxure, l'histoire mouvementée de Pigalle continue encore aujourd'hui à faire recette. Guillaume Bertrand, guide conférencier, explique :

"Les prostituées n'ont pas le droit de travailler en centre-ville. Elles ont l'obligation de travailler le long des remparts de Paris, dans des maisons qui bordent les remparts, ce qu'on appelle des maisons bordelières. Les maisons bordelières deviennent donc des bordels. À partir de la révolution sexuelle de 68, les anciens lieux de prostitution vont se transformer en sex shops, en peep shows, en live shows. On vient ici faire l'amour en public."

Dans l'assistance, beaucoup de Parisiens venus rechercher un peu de ce quartier que certains ont connu plus jeunes.

Une habitante regrette l'ancienne époque de Pigalle : "On a perdu cette période un peu libérale avec les prostituées. On a encore quelques sex shops. Mais ce n'est plus le quartier chaud comme il a pu l'être à une époque. Ce quartier, il avait une âme, il a une histoire. Et c'est dommage d'en perdre des petits morceaux petit à petit."

Une révolution des anciennes boutiques

En effet, l'image sulfureuse du quartier est aujourd'hui un peu datée. De nombreux sex shops, concurrencés par le porno sur internet, par les boutiques en ligne, sont contraints de baisser le rideau. Même chose pour les bars à hôtesses qui se comptent désormais sur les doigts de la main.

Mais certains lieux historiques se réinventent en conservant les codes de Pigalle. Ouvert en 1934, ce bar à hôtesses a été racheté en 2012 par ce Californien. Il a tenu à garder le nom d'origine, le Dirty Dick, un nom que la bienséance nous empêche de traduire.

L'établissement est aujourd'hui un bar à cocktails classique, même si les murs semblent nous renvoyer à l'ancienne époque. Aux alentours, des dizaines d'autres bars et restaurants se sont installés ces dernières années. Pigalle est aujourd'hui un quartier moins chaud, mais branché.

Plus dynamique et séduisant pour certains, trop lisse et aseptisé pour d'autres, le nouveau visage de Pigalle.

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