Légion d'honneur et Ordre du Mérite pour des harkis : le geste d'Emmanuel Macron est "extrêmement symbolique et important"
L'éditorialiste et politologue spécialiste du monde arabe, Mustapha Tossa, a estimé vendredi sur franceinfo, que les harkis "ne peuvent que vivre une séquence assez positive pour les semaines ou les mois à venir".
Emmanuel Macron a pris un décret élevant une vingtaine de harkis et de représentants de harkis à la Légion d'honneur et l'ordre national du Mérite, jeudi 20 septembre et publié vendredi au Journal officiel. Mustapha Tossa, éditorialiste et politologue, spécialiste du monde arabe est revenu, vendredi pour franceinfo, sur le sujet et notamment les propos de Boaza Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis, qui estime que les harkis méritent "plus qu'une Légion d'honneur".
franceinfo : Boaza Gasmi estime que ces nominations arrivent "un peu tard". Est-ce que c'est le cas ?
Mustapha Tossa : Il n'est jamais tard pour reconnaître un certain nombre d'erreurs et redonner de la considération à des gens qui se sont battus pour la France. On sent dans la déclaration [de Boaza Gasmi] la frustration des gens qui ont attendu des décennies que la République française puisse reconnaître leur engagement auprès d'elle quand il s'agissait de faire la guerre en Afrique et en Algérie. Pour moi, c'est un début, un geste extrêmement symbolique et important, qui normalement devrait augurer d'une belle séquence pour les harkis. Le président Macron, depuis qu'il est à l'Elysée, s'est engagé, dans ce terrain mémoriel, à réconcilier les mémoires française et algérienne. Il ne peut le faire qu'en donnant de la reconnaissance à cette communauté de harkis injustement marginalisés pendant des décennies. Avec le temps, avec la volonté politique affirmée par Emmanuel Macron, ils ne peuvent que vivre une séquence assez positive pour les semaines ou les mois à venir.
Ces nominations arrivent huit jours après le pardon de la France à Maurice Audin. Emmanuel Macron a dit que c'était "une victime du système institué alors en Algérie par la France". Les harkis sont-ils aussi des victimes de ce système ?
Oui ce sont des victimes, d'autant plus que dans les années 1960, quand ils étaient obligés de quitter l'Algérie avec les pied-noirs au moment de l'indépendance, ils ont été accueillis dans des circonstances extrêmement dramatiques. Il y a eu beaucoup de promesses de la part des présidents de la République, de Mitterrand à Chirac, en passant par Sarkozy et Hollande mais, jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'actes de reconnaissance, de décision importante. Les harkis misent beaucoup sur la parole du président Macron pour remédier à ça. On peut dire qu'il va le faire pour réconcilier la mémoire, mais aussi sous la pression. Il ne faut pas oublier que les associations qui représentent les harkis ont menacé de porter plainte auprès des tribunaux internationaux concernant cette situation d'injustice et d'arbitraire dans laquelle ils vivent.
Y a-t-il encore du travail autour de la mémoire de la guerre d'Algérie ?
Oui et il faut du courage de chaque côté de la Méditerranée. Du côté de la France pour reconnaître un certain nombre de responsabilités face à ce pays, mais aussi du côté des Algériens qui doivent accepter de regarder leur passé avec de nouvelles lunettes pour ne pas voir uniquement l'ennemi colonisateur et oppresseur. Il y a eu, à un moment donné, des années de vie commune et une séparation qui s'est mal passée. La réconciliation mémorielle passe par des concessions faites aussi bien par les Français que les Algériens. C'est tout l'enjeu du travail sur la mémoire. C'est un chantier extrêmement important pour Emmanuel Macron parce qu'il a senti le filon pour marquer l'histoire, réussir là où ses prédécesseurs, jusqu'à présent, avaient relativement échoué.
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