En Chine, le nushu, écriture ancestrale des femmes, connaît un grand succès auprès des jeunes

Sur le réseau social Xiaohongshu, équivalent chinois d'Instagram, le hashtag "Nushu" atteint les 72 millions de vues. Cette écriture est aujourd'hui considérée comme un symbole de force féminine.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
L'enseignant Xu Yan écrit des caractères nushu lors d'un atelier à Pékin, le 14 avril 2025. (PEDRO PARDO / AFP)
L'enseignant Xu Yan écrit des caractères nushu lors d'un atelier à Pékin, le 14 avril 2025. (PEDRO PARDO / AFP)

Le nushu, littéralement "écriture des femmes", a été créé il y a environ 400 ans, à une époque où les femmes n'avaient pas accès à l'enseignement – et donc à l'écriture. Grâce à cette écriture, des femmes ont pu communiquer entre elles à travers des lettres, des chansons ou encore de la broderie.

Transmis de génération en génération parmi les femmes du comté idyllique de Jiangyong, le nushu connaît aujourd'hui un regain de popularité à travers toute la Chine, considéré comme un symbole de force féminine.

Pan Shengwen, étudiante de 21 ans, explique que le nushu permet aux femmes de communiquer en toute sécurité. "Cela crée en quelque sorte un sanctuaire pour nous", confie-t-elle à l'AFP. "Nous pouvons exprimer nos pensées, nous confier entre sœurs, parler de tout", ajoute-t-elle.

"Un cri contre l'injustice"

Comparés aux sinogrammes, les mots en nushu sont phonétiques, moins carrés, plus fins et prennent la forme de feuilles d'arbre. Les caractères sont composés de quatre éléments : des points, des traits droits, des traits obliques et des arcs. "Quand on écrit... il faut que la respiration soit calme, et alors seulement le pinceau peut être stable", explique la jeune femme.

Sur Xiaohongshu – une application chinoise similaire à Instagram –, le hashtag "Nushu" atteint les 72 millions de vues, pour l'essentiel des publications de jeunes femmes partageant des photos de tatouages ou d'autres créations intégrant l'écriture. He Jingying, également étudiante, explique que c'est sa mère qui l'a initialement inscrite à un cours de nushu. Cette pratique lui procure "un profond sentiment de sérénité". "Quand le pinceau touche le papier, on sent comme une force en soi", décrit-elle.

Un étudiant écrit de la calligraphie Nushu dans une salle de conférence d'hôtel transformée en salle de classe temporaire dans le comté de Jiangyong, dans la province du Hunan, au sud de la Chine, le 23 juillet 2025. (JADE GAO / AFP)
Un étudiant écrit de la calligraphie Nushu dans une salle de conférence d'hôtel transformée en salle de classe temporaire dans le comté de Jiangyong, dans la province du Hunan, au sud de la Chine, le 23 juillet 2025. (JADE GAO / AFP)

Le nushu est bien plus qu'un simple système d'écriture : il reflète l'expérience des femmes du comté rural de Jiangyong, explique Zhao Liming, professeure à l'université Tsinghua de Pékin. "C'était une société dominée par les hommes", précise celle qui a étudié pendant quarante ans le nushu. "Les œuvres de ces femmes étaient un cri contre l'injustice."

Les mots du nushu se lisent en dialecte local, compliquant l'apprentissage pour les habitants d'autres régions. Mais son élégance et sa rareté expliquent le regain d'intérêt pour cette écriture, estime la professeure He Yuejuan. "Cela semble très apprécié, notamment parmi les étudiants en arts", confie-t-elle.

Originaire du Jiangyong, l'enseignante raconte que le nushu faisait "partie du quotidien" pendant son enfance. Elle fait partie des 12 "héritières" du nushu reconnues par le gouvernement et a désormais le droit de l'enseigner.

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